En 2006 puis en 2007, Intel avait fait sensation en dévoilant les premières esquisses de ses travaux sur la photonique. Depuis, le numéro un mondial des microprocesseurs s'était montré plutôt discret sur le sujet, jusqu'à l'annonce, cette semaine, d'une prouesse technique d'envergure : la réalisation d'une transmission « photonique » à une vitesse de 50 Gb/s à partir de puces gravées en silicium.
Une avancée qui laisse penser aux ingénieurs d'Intel qu'ils touchent peut-être du doigt les prémisses de ce que sera l'informatique de demain, avec des liens optiques extrêmement rapides susceptibles d'intervenir aussi bien au coeur d'un ordinateur que dans les allées d'un centre de données.
Pour opérer cette transmission, Intel indique avoir conçu un transmetteur en silicium, associé à quatre puces photoniques hybrides. Quatre lasers sont ainsi constitués. Ils passent ensuite au coeur d'un modulateur optique qui y encode les données à raison de 12,5 Gb/s, avant d'être réunis au sein d'une unique fibre optique. A l'autre bout de la chaine, le récepteur sépare les quatre rayons et fait appel à des photodétecteurs pour convertir les données transportées par la lumière en signaux électroniques exploitables par une nouvelle puce en silicium.
Permettre de repenser l'organisation des composants
Transporter des données à l'aide d'une fibre optique n'a rien de bien neuf, mais être capable de constituer un dispositif de transmission à l'aide de puces informatiques aisées à produire permet d'envisager différemment les interconnexions au sein d'un système informatique. Intel rappelle ainsi que les composants informatiques sont aujourd'hui connectés par le biais de liens en cuivre ou de tracés apposés sur des circuits imprimés, qui présentent l'inconvénient de ne pas savoir transporter un signal sans dégradation sur la distance. Impossible, par exemple, de maintenir un lien direct extrêmement rapide entre un processeur et sa mémoire vive sans maintenir une étroite proximité entre les deux.
Avec de tels liens photoniques, il devient possible de s'affranchir de cette problématique, puisque dans le cadre de cette expérience, Intel indique avoir pu effectuer une transmission sur cinquante mètres. « Les résultats de recherches annoncés aujourd'hui représentent ainsi un nouveau pas vers le remplacement de ces connexions par des fibres optiques fines et légères, capables de transmettre des volumes de données beaucoup plus importants sur des distances largement plus longues », résume le fondeur.
Qu'il s'agisse de nouveaux designs pour les ordinateurs personnels ou d'une façon inédite de penser la construction d'un centre de données, Intel estime que l'avancée n'est pas anodine. « Cette percée que représente la première liaison photonique de 50 Gbit/s au silicium marque un progrès important dans nos perspectives à long terme de “siliconiser” la photonique et de faire profiter les futurs PC, serveurs et terminaux grand public de communications optiques à faible coût », estime ainsi Justin Rattner, directeur technique (CTO) d'Intel.
La question de la « photonique » fait par ailleurs chez Intel l'objet de travaux plus ancrés dans une réalité commerciale immédiate avec le développement de Light Peak, une technologie qui vise à utiliser de la fibre optique pour gérer les entrées et sorties au sein d'un ordinateur. Avec des débits théoriques de 10 Gb/s, Light Peak ambitionne ainsi de devenir le « tuyau » universel des interfaces que l'on connait aujourd'hui, de l'USB au HDMI en passant par l'Ethernet ou le SATA.