L'overclocking avait longtemps été un sujet tabou pour Intel. Plusieurs raisons à cela, tout d'abord de mauvais souvenirs durant les années 90 ou leurs processeurs étaient vendus « rebadgés », une version moins chère était overclockée en changeant une résistance, et revendue comme un processeur plus cher. Qui pouvait en prime ne pas être totalement stable. Cela avait poussé Intel (puis AMD) à supprimer la possibilité de débloquer les coefficients multiplicateurs, sauf sur leurs modèles les plus chers.
Plus récemment, AMD avait changé quelque peu sa stratégie en lançant des processeurs milieu de gamme disposant d'un coefficient débloqué, c'était le cas d'un processeur comme le Phenom II X3 720. Intel emboite donc le pas en proposant lui aussi des processeurs débloqués dont le nom se termine par un K, les Core i5 655K et Core i7 875K.
Coefficient débloqué ?
Si vous avez suivi nos articles sur les processeurs « Extreme » d'Intel, vous aurez noté que depuis l'arrivée des Core i7, la notion de coefficient multiplicateur est beaucoup plus complexe chez Intel. Commençons par un rappel, la fréquence d'un processeur est obtenue en multipliant une fréquence de base (en l'occurrence le BCLK fixé à 133 MHz sur les Core i7) par un multiplicateur. Tout ceci change cependant quand on active le mode Turbo. Dans le cas d'un processeur quadruple cœur, quatre nouveaux coefficients multiplicateurs existent, dans les cas où 1, 2, 3 ou 4 cœurs sont utilisés.Le processeur, quand il est utilisé, va augmenter automatiquement sa fréquence en utilisant les coefficients multiplicateurs précédemment évoqués, des coefficients qui ont des valeurs supérieures au coefficient de base (par exemple, +5, +4, +2 et +2 pour un Core i7 870). Une unité à l'intérieur du processeur s'occupe d'effectuer cette augmentation, qui se fait a condition que l'on ne dépasse pas la consommation maximale autorisée pour le processeur (le TDP, ou enveloppe thermique exprimé en watts). Sans overclocking, cette limite n'entre jamais en compte.
L'application Tmonitor permet de s'assurer que son processeur ne throttle pas lors d'overclockings qui poussent significativement la tension de la puce
Dans un processeur Extreme, ou aujourd'hui dans un processeur K, ce qu'Intel autorise, c'est le changement, non plus du coefficient de base mais des coefficients Turbo. Cela s'accompagne d'un autre déblocage, celui de la consommation maximale autorisée. Cela permet d'éviter un comportement ennuyeux, celui du « throttling » ou le processeur se bride automatiquement s'il considère qu'il consomme trop d'énergie.
Les processeurs, présentés
Outre le fait que les nouveaux processeurs proposés aujourd'hui par Intel soient « Unlocked », ces puces ne nous sont pas inconnues, autant le dire d'emblée. Par exemple, le Core i7 875K est ni plus ni moins qu'un Core i7 870, disposant de quatre cœurs, 8 Mo de mémoire cache L3, de la technologie Hyper Threading et d'une fréquence de base de 2.93 GHz (maximum 3,6 GHz en Turbo). Un processeur que nous avions testé en septembre dernier et vendu aujourd'hui environ 500 euros.Le Core i7 875K est le frère jumeau du Core i7 870.
Le Core i5 655K est lui déjà connu sous le nom de Core i5 650, un processeur double cœur avec technologie Hyper Threading et une fréquence de base de 3.2 GHz (maximum 3,46 GHz en Turbo), introduit par le constructeur en janvier dernier, il est vendu aux alentours de 170 euros. On retrouve 4 Mo de mémoire cache de troisième niveau.
Le Core i5 655K est le frère jumeau du Core i5 650
Se présentant en Socket LGA 1156, les nouvelles références d'Intel profitent de finesses de gravure différentes. Ainsi le Core i7 875K est-il gravé en 45nm quand le Core i5 655K profite d'une finesse de gravure en 32nm. Côté TDP, Intel annonce une enveloppe thermique de 95 Watts pour le Core i7 875K contre 73 Watts pour le Core i5 655K.
Les cartes mères modernes comme la P7P55D Deluxe d'Asus utilisée pour ce test permettent désormais de changer le coefficient mulitplicateur pour chaque mode turbo avec les processeurs "K".
Il va donc y avoir deux publics pour ces puces. D'un côté les overclockeurs extremes qui utilisent des solutions de refroidissement comme l'azote liquide et qui souhaitent se défaire des limitations de la Power Management Unit de ces processeurs qui peuvent les brider. Un marché qui se résume très franchement à une niche.
C'est donc principalement les utilisateurs novices qui sont visés par Intel, d'autant que la manipulation est finalement assez simple, on augmente les coefficients dans le BIOS (ou dans une application sous Windows si votre carte mère le permet) et... c'est tout ! On pourra éventuellement augmenter les tensions du processeur (si la carte mère ne le fait pas automatiquement). C'est donc la simplicité qui est le réel argument de ces produits.
Performances en overclocking
Pour voir les performances de ces puces face aux offres concurrentes, nous vous renvoyons vers nos articles précédents ou nous avions testés les Core i5 650 et Core i7 870. Nous avons préféré tester les nouveaux processeurs d'Intel avec deux niveaux d'overclocking différents dans le but d'atteindre 4.2 GHz en fréquence maximale, le tout comparé aux processeurs originaux. Vous trouverez entre parenthèse les modes Turbo choisis, il s'agit de l'offset, c'est-à-dire du nombre de fois que l'on ajoute 133 MHz à la fréquence de base du processeur. Les nombres sont triés par ordre croissant du nombre de cœurs actifs.3DMark Vantage
Dans le test processeur de 3D Mark Vantage, manipuler les coefficients multiplicateurs permet d'augmenter assez rapidement les performances. Augmenter de 20% la fréquence apporte au final un gain de performance net de 14% sur le Core i7. Pour le Core i5, l'augmentation de 800 MHz permet d'atteindre 20,5% de gains de performances.
Cinebench 11.5
Nous utilisons ici la version R11.5 du logiciel Cinebench qui simule un rendu 3D. Les gains sont assez semblables a ce que l'on pouvait trouver sous 3D Mark Vantage, avec environ 13% de gain avec notre overclocking maximal pour l'i7 875K et 22% pour l'i5 655K.
Conclusion
Car voilà, cette possibilité d'overclocking n'est pas gratuite. Par rapport au Core i5 650 déjà vendu un peu plus de 170 euros, il faut en rajouter 40 de plus pour obtenir le 655K. Un peu plus de 200 euros pour un processeur double cœur, c'est clairement trop cher et l'argument du déblocage ne suffit pas a changer la donne, ces Core i5 double cœurs étant, de base, déjà relativement onéreux.
Le cas du Core i7 875K a de quoi rendre perplexe puisqu'il est annoncé aux allentours de... 380 euros. Soit 120 euros de moins que le Core i7 870 dont il est un clone débloqué. On pourrait penser que c'est en réalité le prix du 870 qui baisse... mais selon Intel, cela n'est pas prévu à court terme.
On peut se gratter la tête pour essayer de comprendre la stratégie, mais ce que l'on retiendra de ce lancement avant tout, c'est surtout l'arrivée du Core i7 875K qui fait baisser le prix de ce processeur. Ce n'est toujours pas le passage espéré au 32 nanomètres de la gamme Quad Core d'Intel (pour rappel seul les modèles double cœurs, et le modèle six cœurs du constructeur sont en 32 nanomètres aujourd'hui, quasi du jamais vu pour le constructeur) mais l'on a droit à une baisse de prix. Terminons sur une perspective d'avenir, le lancement aujourd'hui de ces puces n'est pas anodin. Pour rappel, début 2011, Intel devrait lancer les successeurs de la gamme Core actuelle, que l'on connait pour l'instant sous le nom de code Sandy Bridge. Dont l'une des particularités sera que la fréquence de base (BCLK) ne sera plus générée par la carte mère... mais par le processeur. C'est peut être un avant gout de l'overclocking de demain que nous avons devant les yeux.