Razer Huntsman V2 Analog

Afin de se démarquer un peu plus de l’innombrable concurrence dans le monde du clavier à destination des joueurs, Razer joue la carte de l’innovation. Il emploie pour cela de nouveaux contacteurs « analogiques ». Véritable nouveauté ou surcroît tarifaire sans réelle justification ?

Les plus
  • Élégance, niveau de finition
  • Touches PBT double injection
  • Double activation des switches
  • Concept de course progressive
  • Port USB passthrough
  • Repose-poignets confortable
  • Saisie au kilomètre parfaite
  • Logiciel Synapse très complet
Les moins
  • Tarification stratosphérique
  • Éclairage invisible sur les fonctions secondaires
  • Course progressive exigeante
  • Double câble gros et rigide

La gamme Huntsman c’est le best-seller de chez Razer. Selon des études du NPD Group citées par Razer, il s’agit tout simplement du clavier gaming le plus vendu aux États-Unis. Il n’est donc pas surprenant que la marque souhaite la faire évoluer. En revanche, on est un peu étonné de voir le fabricant expérimenter sur un tel produit d’autant que l’expérimentation en question entraîne un surcoût tarifaire qui pourrait entacher l’image de marque de la gamme : il est certain qu'à environ 270 euros, le Huntsman V2 Analog ne sera jamais un best-seller.

Le Huntsman V2 Analog ici dans sa version QWERTY : remarquez la petite touche « enter » © Razer

Fiche technique du Razer Huntsman V2 Analog

Si la gamme Huntsman est riche de nombreux modèles et que chacun d’entre eux peut être proposé dans différentes versions, Razer a décidé de faire simple avec le V2 Analog : un seul et unique produit que le fabricant décline simplement en versions régionalisées afin de tenir compte des configurations propres à chaque pays. Ainsi, en France la boutique Razer distribue les layouts américain (QWERTY US) et français (AZERTY Fr). Un point c’est tout.

Le Razer Huntsman V2 Analog, c’est :

  • Type de clavier : AZERTY, 105 touches en PBT à double injection
  • Contacteurs : Razer « analogues optiques »
  • Anti-ghosting : oui, intégral
  • Rétro-éclairage : RGB, touche par touche
  • Prise en charge des macros : oui, programmation logicielle
  • Touches multimédias : oui, 3 touches dédiées et une molette multifonctions
  • Poids : 1790 grammes
  • Dimensions : 445 x 140 x 43,5 millimètres
  • Interface de connexion : filaire (double câble USB tressé 2 m)
  • USB pass-through : oui, 1 port type-A 3.0
  • Logiciel : oui, Razer Synapse
  • Prix et disponibilité : déjà disponible, à 269,99 €

Clavier gaming oblige, Razer propose toutes les fonctions inhérentes à ce type de produits depuis l'anti-ghosting intégral jusqu'au N-key rollover en passant par le rétro-éclairage qui se gère touche par touche. Notons d'emblée que la disponibilité du clavier est pour l'heure difficile en dehors de la boutique officielle de Razer.

La version AZERTY qui nous a été envoyée par Razer durant quelques semaines © Nerces

Design efficace hérité du Huntsman Elite

Au moment d’ouvrir la boîte du Huntsman V2 Analog, il y a comme une petite déception. En effet, plutôt que de chercher à innover sur un strict plan esthétique, Razer a décidé de reprendre une recette qui a fait ses preuves. Notre cobaye du jour s’inspire donc du Huntsman Elite, un modèle haut de gamme que l’Américain a lancé sur le marché il y a déjà deux ans. En réalité, « s’inspire » est nettement en-deçà de la réalité puisque les deux modèles sont en apparence strictement identiques. Razer a donc reconduit cette structure frameless de plus en plus à la mode, en particulier sur les claviers gaming haut de gamme.

Le principe est ne pas employer de cadre tout autour des touches. Moins de matériaux permet de limiter le poids total du clavier, mais c’est surtout une affaire de style : sans « pourtour », les touches donnent ainsi l’impression de flotter dans les airs. Frameless ou pas, il faut toujours une base pour le clavier et Razer a donc reconduit un châssis en plastique avec une plaque supérieure en aluminium mat. C’est sur cette plaque que sont fixés les contacteurs si spécifiques de ce clavier. Contacteurs sur lesquels nous aurons bien sûr l’occasion de revenir. Notons tout de même d’ores et déjà la présence dans le coin supérieur droit de quelques commandes supplémentaires.

Les touches multimédias et la molette multifonctions sont toujours de mise © Nerces

Ainsi, alors que le Huntsman V2 Analog est un classique modèle de 105 touches, Razer a de nouveau opté pour l’ajout de trois boutons multimédias et d’une petite molette rotative multifonctions que l’on pourra paramétrer à sa guide. Non, nous avons beau chercher, les habitués du Huntsman Elite ne trouveront absolument rien de neuf dans le design de ce modèle qui va jusqu’à reprendre la fine bande LED qui fait tout le tour du clavier : il s’agit d’un bandeau situé dans la partie inférieure du clavier et que l’on peut évidemment configurer via Razer Synapse.

De manière on ne peut plus logique, Razer a aussi reconduit le système de fixation magnétique pour un repose-poignets qu’il a le bon goût de livrer avec son clavier. Le repose-poignets se fixe aisément et s’il se détache aussi très facilement, il ne risque pas de séparer en cours d’utilisation. Relativement épais, il demande un petit temps d’adaptation, mais offre ensuite un confort de frappe indéniable. Seule crainte, que le revêtement similicuir ne parvienne pas à ternir sur la durée : c’est une remarque déjà formulée à l’encontre du Huntsman Elite.

Trois niveaux d'inclinaison pour les pieds sous le clavier © Nerces

Notons que l’utilisation du repose-poignets va de paire avec les trois niveaux d’inclinaison du clavier. Razer s’est fait une spécialité de cette petite touche que nous apprécions beaucoup à Clubic : les deux pieds présents sous le clavier peuvent être repliés (0°), déployés sur un premier niveau (6°) ou sur un second niveau (9°). Simple, mais diablement efficace. Puisque nous sommes « sous le clavier », un regret tout de même. En effet, Razer ne permet pas de guider le câble USB à notre guise et celui-ci « sort » forcément sur la gauche du produit. Le constructeur précise qu’il s’agit de la configuration la plus utilisée par les joueurs. Certes, mais nous aurions aimé avoir le choix.

Un choix qui nous semble d’autant plus important que le câble est ici double. Louons d’abord l’envie de bien faire de Razer qui intègre un port USB pass-through sur la gauche de son clavier. Mieux, il est question d’un port USB 3.0, alimenté de surcroît. Hélas, cela se fait au prix d’un double câble USB particulièrement épais et rigide. Si Razer n’est pas seul responsable, qu’il semble loin le temps où on nous promettait de chaîner jusqu’à 127 périphériques USB ! Plus gênant, ce double câble aurait pu être l’occasion d’en retirer une partie si l’USB pass-through ne vous est d’aucune utilité. Mais non, il est certes double, mais surtout indissociable.

Adaptateur USB-A > USB-C et double-câble © Nerces

De la « révolution analogique » …

Pour justifier la tarification hors-normes de son Huntsman V2 Analog, Razer met évidemment en avant ses capacités analogiques. Notons d’emblée qu’il n’est toutefois pas le premier à le faire et, par le passé, plusieurs constructeurs ont déjà tenté de mettre en avant pareille technique avec plus ou moins de réussite, reconnaissons-le. Pour ne citer que quelques exemples, évoquons le Wooting One, il y a déjà cinq ans de cela ou, plus proche de nous, le MK850 signé Cooler Master. Des tentatives intéressantes qui ne sont jamais vraiment parvenues à convaincre les utilisateurs et ont bien vite été oubliées.

Qu’à cela ne tienne, les déconvenues de certains constructeurs n’ont pas découragé Razer qui promet d’ailleurs un système plus complet et plus complexe avec ses contacteurs « analogues optiques ». Le principe optique est là pour que le clavier dispose d’un retour d’information aussi précis que possible : l’idée est simple, à tout moment, le Huntsman V2 Analog « sait » à quelle hauteur exacte se trouve la touche et cela ouvre considérablement le champ des possibles. Pour en apporter la preuve, Razer propose au sein du logiciel Synapse une petite jauge qui vient matérialiser l’enfoncement de la touche : le clavier est bel et bien capable d’interpréter la position de la touche tout au long de sa course.

Le port USB 3.0 pass-through est un plus bien pratique © Razer

Dans la pratique, cela offre trois fonctionnalités clés au clavier. En premier lieu, il y a bien sûr le paramétrage de l’activation de chaque touche, de manière individuelle : on a le choix de 1,5 à 3,6 millimètres sur la course de la touche, pas par de 0,1 mm. Dans un second temps, le clavier est capable de définir deux étapes d’activation. Là encore, tout est possible entre 1,5 et 3,6 mm : une première activation à 1,8 mm par exemple et une seconde en bout de course, à 3,4 mm, avec deux commandes distinctes. Enfin, la troisième option revient à considérer chaque touche comme un « axe » avec une progressivité qui pourrait être particulièrement utile dans les jeux afin, par exemple, de simuler une pédale d’accélérateur.

Vous l’imaginez, de telles options semblent absolument géniales pour un amateur de jeu vidéo. On peut enfin imaginer profiter des avantages des mini-sticks des manettes tout en conservant la polyvalence et la richesse de nos claviers. La progressivité serait appréciable dans les simulations sportives alors que la double activation trouverait tout son sens sur des jeux de combats avec, c’est un exemple, une première activation pour s’équiper d’une grenade et une deuxième activation pour la lancer : d’une seule pression, on peut réaliser toute l’action ou s’interrompre en cours de chemin prêt à conclure son acte au moment le plus opportun.

Razer mise sur des contacteurs d'un genre nouveau © Nerces

… et dans la pratique ?

Hélas, une fois la partie en cours le bilan est moins flatteur. Tout d’abord, il faut que le jeu puisse prendre en compte de telles options. Pour la double activation aucun problème, c’est le logiciel Synapse qui fait tout le travail. En revanche, la prise en compte de la progressivité des touches implique que le jeu autorise l’utilisation du clavier et du gamepad simultanément. Ce n’est clairement pas si fréquent. À l’avenir, les développeurs auront peut-être à cœur d'expoiter directement l'activation « progressive » des tocuhes, mais pour le moment, c’est finalement assez rare et Razer a beau jeu de citer Destiny, Fall Guys ou Rocket League par exemple.

Autre problème, cela demande une phase de configuration plus longue et moins « automatique ». C’est assez logique en réalité, à partir du moment où les options sont plus nombreuses, il faut plus de temps pour en régler les moindres détails. Gardons à l’esprit que la majorité des claviers sont bien plus « simples » et Razer se retrouve avec les mêmes difficultés que les pads cherchant à aller au-delà des contrôles de la manette Microsoft Xbox 360. Difficile de blâmer les développeurs de ne pas exploiter des fonctionnalités qui concerneront 0,05% des joueurs. Enfin, il faut un certain temps pour maîtriser ces différents niveaux d’activation.

Les fameux contacteurs « analogiques optiques » hors de leur écrin © Razer

À Clubic, nous avons pris le temps de tester le Huntsman V2 Analog afin de laisser une chance à chacune de ses innovations. Autant la double activation est quelque chose de réellement exploitable – bien que limitée dans ses usages – autant l’activation progressive paraît plus discutable. Après trois semaines d’usage intensif, il nous semble encore difficile de parler de quelque chose devenu instinctif alors que le propre d’un contrôleur est de se faire oublier. Nous avons l’impression qu’une bonne part de notre attention est encore tournée vers la gestion du contrôleur – la force de pression sur la touche – plutôt que sur le jeu lui-même.

Notez bien que nous ne parlons là que des fonctionnalités spécifiques du Huntman V2 Analog. Pour le reste, il s’agit effectivement d’un Huntsman Elite avec ce que cela suppose d’excellence à tous les niveaux. En effet, on peut par exemple compter sur des keycaps en PBT à double injection garante d’une solidité et d’une longévité à toute épreuve. Soulignons également la réactivité remarquable de contacteurs qui permettent aux touches de très vite revenir en place, un élément indispensable pour une saisie rapide autant que pour assurer l’efficacité de la double activation. En revanche, si les switchs ne sont pas en eux-mêmes très bruyants, la structure frameless a tendance à diffuser les nuisances sonores. Ce n’est pas le clavier le plus sonore, mais on a aussi vu plus discret.

La personnalisation de la double activation est évidemment en bonne place sur Synapse © Nerces

Razer Synapse : personnalisation à tous les étages

Nous l’avons plus ou moins déjà évoqué à plusieurs reprises, pour la configuration du Huntsman V2 Analog, Razer se repose très largement sur son logiciel maison, Synapse. Exploitable sur tous les périphériques de la marque, le soft est ici d’autant plus important que Windows ne permet pas, par défaut, d’accéder à l'ensemble des fonctionnalités du clavier. Toute une partie de la personnalisation de Razer Synapse est ainsi consacrée à la configuration des touches, individuellement. Il est possible de leur attribuer un comportement « classique » ou d’opter pour une fonction « joystick » par exemple avec la définition des seuils d’activation comme expliqué précédemment.

Bien plus fort encore, il est possible – toujours pour chaque touche individuellement – de définir la courbe d’activation dès lors que l’on décide d’avoir une activation progressive. On peut définir la valeur d’activation de 0 à 255 en fonction de la distance parcourue : c’est impressionnant à voir même si, une fois encore, il semble nécessaire de passer beaucoup de temps pour s'adapter à ce genre de fonctionnalités. Plus classique pour un clavier Razer, il reste évidemment possible de configurer des macros et d’exploiter la fonction HyperShift qui autorise l’attribution d’une seconde fonction pour chaque touche du clavier, fonction activée par un raccourci prédéfini.

Un paramétrage ultra-précis que l'on réservera aux touches les plus fréquemment utilisées © Nerces

Razer Synapse autorise d'autres ajustements mineurs et la gestion de profils utilisateurs, mais nous retiendrons surtout le large éventail de paramètres offerts autour du rétro-éclairage. Nous n’avons pas encore évoqué la chose alors que l’utilisation de keycaps en PBT peut interroger : en effet, le PBT rend plus difficile la transparence au sein des touches et, ce faisant, le passage de la lumière. Dans le cas présent, Razer s’en sort avec les honneurs. En effet, dès lors qu’il est activé, le rétroéclairage passe bien à travers les keycaps et l’inscription principale de chaque touche est bien visible sans que la lumière ne soit trop agressive.

Hélas, ce qui est valable pour les inscriptions principales l’est nettement moins pour les secondaires et plus encore pour les troisièmes. On ne peut pas vraiment blâmer un constructeur américain comme Razer sur ce point, mais on sent ici que le clavier a d’abord été pensé pour le layout QWERTY moins propice aux inscriptions multiples. Sur notre AZERTY, c’est bien simple : des symboles comme le € de la touche « E » ou le % de la touche « ù » sont invisibles dans le noir car non-éclairés. Si l’effet lumineux que procure le rétroéclairage du Huntsman V2 Analog est joli, il est moins efficace et réussi que celui de l’Asus Strix Scope RX que nous testions il y a quelques semaines à peine.

Un clavier esthétique, bien conçu et performant, mais beaucoup trop cher © Razer

Razer Huntsman V2 Analog : l'avis de Clubic

En reprenant la base du Huntsman Elite, Razer ne pouvait pas se tromper et son nouveau Hunstman V2 Analog est un modèle d’élégance. Les finitions sont remarquables, le châssis de très bonne facture et l’ensemble respire donc le travail bien fait. Le port USB pass-through est appréciable et cette petite molette dans le coin supérieur droit est bien pratique. Les touches en PBT, le repose-poignets et les trois niveaux d’inclinaison viennent merveilleusement compléter le tableau.

Seulement tout cela n’est pas nouveau et la véritable innovation de ce clavier peine en réalité à nous convaincre. Attention, nous avons pleinement conscience qu’il s’agit là d’une affaire de goûts, mais l’activation progressive nous paraît trop exigeante pour devenir instinctive chez la majorité des joueurs. La double activation est bien plus directement exploitable, mais son usage nous paraît limité à quelques fonctions bien précises.

Enfin, notons tout le potentiel de Razer Synapse qui permet à tout un chacun d'adapter le Huntsman V2 Analog à ses envies, ses habitudes. Reste le temps nécessaire pour configurer toutes ces fonctionnalités : le jeu en vaut sans doute la chandelle avec des titres sur lesquels on va passer des dizaines d’heures, moins pour simplement découvrir un jeu récupéré gratuitement sur l’Epic Game Store au hasard.… alors de là à justifier une tarification hors-normes, ça paraît compliqué.

Conclusion
Note générale
8 / 10

À chercher l'innovation à tout prix, Razer compromet nettement les chances de succès de son Huntsman V2 Analog. La tarification est fantasmagorique et les fonctionnalités pas évidentes à maîtriser. Il dispose pourtant de très bonnes idées et d'un niveau de finition exemplaire. À réserver aux joueurs curieux… et fortunés.

Les plus
  • Élégance, niveau de finition
  • Touches PBT double injection
  • Double activation des switches
  • Concept de course progressive
  • Port USB passthrough
  • Repose-poignets confortable
  • Saisie au kilomètre parfaite
  • Logiciel Synapse très complet
Les moins
  • Tarification stratosphérique
  • Éclairage invisible sur les fonctions secondaires
  • Course progressive exigeante
  • Double câble gros et rigide