Au tout début des années 1990, les joueurs et joueuses SEGA découvraient l’adaptation d’un film assez incompris à l’époque : Dick Tracy.
Il y a 31 ans bientôt jour pour jour, les cinémas français projetaient un nouveau film événement « made in Hollywood ». L’adaptation cinématographique du célèbre comics Dick Tracy, avec un Warren Beatty à la fois derrière la caméra et sous le chapeau jaune, un casting comptant d'autres immenses stars comme Al Pacino, Dustin Hoffman ou Madonna, une BO légendaire et des musiques signées Danny Elfman. Décrit par certains comme un Sin City avant l’heure, mêlant prises de vues réelles et décors façon comics, le film (sans doute un peu trop en avance sur son temps) n’a pas rencontré le succès escompté dans les salles obscures… Il fut néanmoins adapté en jeu vidéo, notamment sur SEGA Mega Drive.
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...
I'm on my way !
En effet, si c’est nettement moins le cas aujourd’hui, il fut un temps (comprenez les années 80/90) où l’attention des joueurs se portait aussi sur les adaptations de licences cultes. Aujourd’hui encore, de nombreux chefs d’œuvre de l’ère 8/16 bits sont des adaptations d'œuvres cinématographiques ou télévisuelles, telles que Le Roi Lion, Gremlins 2, Quackshot ou Tortues Ninja…
Pour Dick Tracy, outre celles et ceux qui avaient découvert le personnage dans le comics, de nombreux joueurs ont d'abord été séduit par la jaquette du jeu (et l'univers qui en découlait) ! Avec son côté « polar des années 30 », ce héros armé d’une mitraillette et ses couleurs ultra flashy appelait les regards insistants durant les courses hebdomadaires avec les parents, le samedi après-midi au rayon jeux vidéo du Continent du coin (vous voyez très bien de quoi je parle, j'en suis sûr).
Alors non, Dick Tracy n’est pas une exclusivité Mega Drive, puisque le jeu fut également lancé sur Master System, comme c’était souvent le cas alors, mais en « inferior version » forcément. La licence Dick Tracy a également été portée sur d’autres machines comme l’Amstrad CPC, l’Amiga, l’Atari ST, le Game Boy ou encore la NES, mais sous une forme différente de cet opus SEGA. Aussi, c'est surtout la version Mega Drive qui a marqué les esprits.
Un coup d’œil à l’arrière de la boîte du jeu permettait de découvrir des screenshots qui laissaient augurer un jeu plutôt aguicheur visuellement, au gameplay varié, et la possibilité de tirer sur deux plans distincts !
Une fois lancé, et après une courte introduction, on pouvait enfin prendre le contrôle de Dick Tracy , ce détective à l’imperméable jaune. Visuellement, il faut garder en tête que la Mega Drive est à ses débuts : ce qui nous parait aujourd’hui assez simpliste était donc très réussi pour l’époque. Le gameplay, lui, est plutôt simple, avec un scrolling horizontal, la possibilité de déplacer ce bon vieux Dick vers la droite de l’écran, et de tirer sur chaque ennemi qui aurait l’outrecuidance d’apparaitre à l’écran. Une touche pour tirer, une touche pour sauter… et une touche pour mitrailler l’arrière-plan !
Un gameplay sur deux plans distincts !
En effet, le jeu mélange deux types de gameplay, avec des ennemis qui peuvent arriver face à notre héros, derrière lui, ou en arrière-plan. Et autant dire que le principe ravissait les gamins que nous étions, sans compter le fait que la mitraillette (ou tommy gun) permettait de causer de nombreux dégâts sur les décors, et notamment de briser les éléments les plus fragiles (ce dont on abusait grassement, il faut l'avouer).
Dirk Tracy proposait ainsi une dualité très originale pour l’époque, et c’est spécifiquement pour cette mécanique d'utilisation de la mitraillette, plus encore que pour le personnage, que l’on appréciait lancer, et relancer encore le jeu. Ça, et une musique plutôt réussie également, aux sonorités 30's très bien rendues.
Qu'est ce qui est jaune et qui attend (de mitrailler l'arrière-plan) ?
Dick Tracy comporte six zones (de trois niveaux chacune) au total, et comme dans le long-métrage, notre détective n’hésite pas à user de ses poings, certains niveaux ne permettant même pas d’utiliser la moindre arme à feu.
À la fin de chaque zone, il faut évidemment en découdre avec l’un des sbires de Big Boy Caprice dans un niveau complet, et on a même droit à quelques jeux bonus. Mieux encore, certains niveaux permettent de participer à des courses poursuites, avec un Dick Tracy toujours aussi friand de son tommy gun. C’est varié, c’est très plaisant à jouer… mais c’est aussi horriblement difficile.
En effet, si le premier niveau est d’une simplicité enfantine, Dick Tracy devient rapidement très exigeant, avec de très nombreux ennemis à surveiller et sur deux plans différents qui plus est. Ajoutons à cela un gameplay certes très défoulant, mais aussi assez exigeant et surtout très lent, suffisamment en tout cas pour empêcher (malheureusement) bon nombre de joueurs de venir à bout du jeu…
À noter que, théoriquement et comme de nombreux jeux de l’époque, Dick Tracy est censé se boucler en moins d’une heure… évidemment, encore faut-il y parvenir sans encastrer définitivement son pad Mega Drive dans l’arrière-plan de sa TV cathodique !
Un bon souvenir, à défaut d'un vrai hit
Alors non c’est vrai, Dick Tracy ne fait pas partie des plus grands hits de la Mega Drive. Toutefois, avec son ambiance visuelle atypique, son côté « ganster de Chicago des années 30 » et surtout cette action omniprésente (encore une fois, quel kif ce tommy gun !), le jeu reste très apprécié de nombreux joueurs de l’époque, dont beaucoup gardent un excellent souvenir de ce titre, malgré une difficulté vraiment atroce vers la fin…
Dick Tracy est un vrai bon petit défouloir donc, avec une atmosphère singulière, et une adaptation somme toute très honorable du long métrage de Warren Beatty et de son détective incorruptible, pourfendeur de truands à costumes, malheureusement trop vite tombé dans l’oubli…