Confronté à des difficultés pour récupérer le premier étage de sa fusée Electron, Rocket Lab envisage tout simplement de les laisser tomber à l'eau ! Les repêcher dans l'océan pour les reconditionner serait moins compliqué que prévu et surtout, il n'y a pas les contraintes liées à un hélicoptère.
Pendant ce temps, SpaceX a dépassé les 100 succès d'atterrissages d'affilée !
Un coup dans l'eau
À deux reprises en 2022, Rocket Lab a tenté de récupérer un étage complet de sa fusée Electron. Mais la méthode est complexe. Car contrairement à SpaceX et son lanceur Falcon 9, l'étage est ici beaucoup plus petit : il n'y a pas la marge nécessaire pour conserver du carburant et se freiner en allumant les moteurs. Electron traverse donc l'atmosphère à haute vitesse, avec un angle particulier et un blindage qui lui permet de survivre le temps d'ouvrir son parachute au-dessus de l'Océan. Reste ensuite à récupérer l'étage, et les équipes néo-zélandaises utilisent pour ça un hélicoptère lourd équipé d'un crochet. C'est à ce stade que la méthode se corse : il y a bien eu deux tentatives, à la première l'appareil a été déstabilisé au moment de l'accroche, et à la seconde une panne de communication a mené à évacuer la zone. Mais dans les deux cas, l'étage a été repêché en mer. Et surprise, ils étaient en bon état !
Et si l'hélico était de trop
C'est le très dynamique fondateur et patron de Rocket Lab, Peter Beck, qui l'explique « Electron a survécu à sa récupération dans l'océan dans un état remarquable ! De nombreux composants ont passé contre toute attente leur requalification pour le vol ». De quoi remettre en cause l'usage de l'hélicoptère, qui reste complexe et malgré tout risqué, puisqu'il y a 3 personnes à bord de l'appareil. Selon le PDG, les coûts à moyen terme s'équilibrent, car si la « pêche au booster » économise les vols en hélicoptère, elle est compensée par le renforcement et la protection de l'électronique et des moteurs face à l'eau de mer. Un dilemme ? Pas tant que ça, car Rocket Lab estime tout de même que c'est la solution la plus simple qui va l'emporter… D'autant que cela offre une plus grande souplesse d'emploi, car l'hélicoptère ne pouvait pas intervenir sur tous les profils de vols d'Electron. Reste encore à prouver que le processus post-récupération fonctionne correctement pour la réutilisation, une étape très importante !
Les cadences, toujours le gros défi
Rocket Lab vise plus de 10 à 12 décollages cette année, il y a donc fort à parier que si ce changement de technique est effectif sans nécessiter trop de travaux sur l'étage, l'entreprise pourra dès cette année tenter de récupérer un ou plusieurs boosters dans l'eau… Sans avoir à tenter le crochetage par hélicoptère. La réutilisation est un enjeu économique pour l'entreprise qui a de nouveau annoncé des pertes (14,5 millions de dollars au dernier trimestre) malgré plus de 500 millions de dollars de contrats signés et de commandes. Les lancements ne représentent qu'une fraction du résultat de l'entreprise, alors qu'elle est l'un des moteurs du secteur du NewSpace, avec l'un des seuls petits lanceurs commerciaux disponible avec des décollages réguliers. C'est dans un objectif de cadences améliorées que Rocket Lab avait démarré ses travaux sur la réutilisation.
D'autre part, il ne faut pas oublier le lanceur Neutron : ce dernier aura une architecture créée dès la planche à dessin pour la réutilisation, et Rocket Lab bénéficiera d'un maximum de données avec ses expériences sur Electron.
Source : Spacenews