© NASA/ESA - Thomas Pesquet
© NASA/ESA - Thomas Pesquet

Après une série d'ultimatums contre les sanctions occidentales, la Russie pourrait-elle se retirer de la Station spatiale internationale ? Le directeur de l'agence russe a annoncé que Roscosmos allait prochainement s'engager sur un calendrier signant la fin de leur participation… Mais attention à ne pas surinterpréter.

Pour l'instant, les opérations se poursuivent normalement.

Le début de la fin ?

Sous le coup de sanctions de la part des nations occidentales depuis qu'elle a envahi l'Ukraine, la Russie ne pourra pas poursuivre ses engagements vis-à-vis de la Station spatiale internationale. Telle était, en substance, la nature du courrier envoyé par le directeur de Roscosmos (l'agence spatiale russe) à ses homologues des États-Unis, du Canada et de l'ESA, l'Agence spatiale européenne. La lettre était accompagnée d'un ultimatum : sans une levée des sanctions d'ici le 31 mars, la partie russe prendrait des décisions en conséquence.

Il faut préciser que les deux conglomérats d'État JSC-TsNIIMash et JSC-RSC-Progress (importants acteurs du spatial russe) sont directement visés par les différents trains de mesures occidentales. Les réponses des agences, publiées par Dmitri Rogozine (le pétulant directeur de Roscosmos) sur Twitter, expliquaient en substance que malgré leur application des sanctions, les agences mettaient tout en œuvre pour préserver la Station spatiale internationale. Elles soulignaient également que cette coopération était de première importance.

Aucune n'a toutefois évoqué une quelconque levée des mesures (sur lesquelles, il faut aussi préciser, les agences mentionnées n'ont aucun pouvoir). Devant cette impasse, le 2 avril, Rogozine a annoncé que ses équipes transmettraient « prochainement » un calendrier prévoyant la fin de la coopération.

L'équipage de la mission "Expedition 67" sera complet fin avril avec 3 Américains, 3 Russes et l'Italienne S. Cristoforetti © NASA
L'équipage de la mission "Expedition 67" sera complet fin avril avec 3 Américains, 3 Russes et l'Italienne S. Cristoforetti © NASA

Ne pas s'exciter, mais étudier les options

Gare toutefois à ne pas vouloir lire entre les lignes ou spéculer trop vite. Les opérations sur l'ISS (on l'évoque régulièrement depuis le début de l'invasion) se poursuivent, comme prévu de longue date. Le retour de l'Américain Mark Vande Hei a eu lieu la semaine dernière et s'est déroulé normalement.

De plus, pour le moment, il n'y a pas d'informations sur ce « calendrier de fin de collaboration ». La Russie a beaucoup investi pour son segment de l'ISS, vient d'y envoyer trois astronautes russes et prévoit des sorties pour étendre les capacités dans le mois qui vient. La spéculation sur une fin abrupte de la station n'est donc pas à l'ordre du jour. Alors… quelques mois ? C'est peu probable. 2024 ? La Russie n'a pas encore accepté un report officiel des opérations au-delà, cela pourrait être une source de pressions. Ou plus tard ?

N'oublions pas que les segments russes et USOS (non russe) sont conçus pour être interdépendants. Dans le cas extrême où la Russie déciderait de quitter le projet, même si elle a beaucoup moins investi ces dernières années que les États-Unis, elle a beaucoup à perdre, en prestige et en capacités du spatial habité.