La Russie a confirmé ce 20 août l’échec total de sa mission lunaire Luna-25. L’atterrisseur devait freiner pour abaisser son orbite alors qu’il était prévu de le poser sur la surface le 21… Mais la manœuvre a été trop prononcée, et le véhicule a percuté notre satellite naturel. Un coup dur pour le spatial russe !
L’atterrisseur indien Chandrayaan-3 est prêt, de son côté, à tenter de se poser mercredi 23.
Juste une manœuvre de plus ?
Après son lancement le 11 août dernier, l’atterrisseur russe Luna-25 réussissait, le 16 août, sa manœuvre pour entrer en orbite autour de la Lune. La mission entrait dès lors dans une phase qui n’est pas une formalité, même si elle n’est pas reconnue comme étant la plus complexe d’un voyage lunaire. En effet, l’orbite du 16 août ne permettait pas d’aller atterrir le 21, sur le site prévu près du pôle Sud. Il fallait dès lors effectuer une petite série de freinages pour abaisser son orbite et préparer les manœuvres à venir.
Le 19 août, la dernière d’entre elles était prévue, pour freiner et aboutir à des paramètres orbitaux de 18x100 kilomètres d’altitude (le périapse, le point le plus bas de l’orbite, ne passant plus qu’à 18 kilomètres de la surface). Ce type de freinage est envoyé en séquence à l’atterrisseur, qui n’est pas en permanence en communication avec la Terre, et ce dernier le déclenche au moment prévu de façon autonome. Ensuite (ou même pendant, si l’observation le permet), Roscosmos, l’agence russe, reprend normalement le contact et constate les résultats de la manœuvre. Mais ce 19 août, après le freinage prévu, Luna-25 ne répond plus.
Se rendre à l’évidence
Les autorités russes vont mettre pratiquement une demi-journée pour confirmer la mauvaise nouvelle : la manœuvre prévue ne s’est pas bien passée, et il semble que l’atterrisseur Luna-25 ait trop freiné, que ce soit à cause d’un allumage moteur trop long ou trop puissant.
Compte tenu de ses paramètres orbitaux, il fallait un allumage très précis : à 4 mètres par seconde (14,5 km/h) près, l’altitude finale passait de 18 kilomètres… à zéro. Le véhicule a donc trop freiné, et comme sa programmation ne le préparait pas à se poser à ce moment-là, il s’est écrasé sur la surface lunaire. L'agence a évidemment prévu une enquête pour savoir ce qui s'est passé avec précision.
La Russie a des problèmes d’exploration
Ce crash est un évènement significatif pour le spatial russe, et c’est un coup dur à plusieurs égards. D’abord parce que se poser sur la Lune est toujours vu comme une mission de prestige. Compte tenu du contexte géopolitique de la Russie après l’invasion de l’Ukraine, réussir à atterrir sur le pôle Sud lunaire, et montrer au monde des résultats scientifiques de l’analyse du sol aurait représenté un puissant outil de communication sur la puissance russe. À l’inverse, cet échec est une occasion pour de nombreux observateurs d’évoquer une Russie déclassée, voire une mission bâclée par précipitation.
D’autre part, c’est un coup dur pour le pays sur le plan économique (la mission, en préparation depuis plus d’une décennie, a coûté des dizaines de millions d’euros), scientifique et technique. En effet, depuis la fin de l’ère communiste, la Russie spatiale n’a pas réussi une seule mission d’exploration spatiale d’envergure : Mars 96, Phobos-Grunt et maintenant Luna-25 ont été des échecs cuisants… Et cette mission lunaire était essentiellement une démonstration technologique en prévision de futurs véhicules censés être plus ambitieux.
Enfin, cela vient rappeler que quand on veut se poser sur la Lune, l'erreur ne pardonne pas, et que les sources d’échec sont nombreuses. Ces dix dernières années, seule la Chine a réussi, trois fois, à s’y poser. L’Inde tentera, mercredi 23 août, de lui succéder…