Après que la Chine a créé les premiers bébés génétiquement modifiés, en expliquant vouloir protéger les enfants dont les parents sont porteurs du virus du sida, c'est une nouvelle fois l'argument médical qui est avancé pour annoncer un projet de recherche controversé.
Le gouvernement japonais autorise donc les recherches et va même apporter une aide financière permettant le lancement d'une étude à controverse. L'aboutissement du projet serait d'être capable de prélever des cellules, et à terme, des organes, transplantables à l'homme depuis un animal, dans le but de pallier la forte demande de dons d'organes.
Répondre aux demandes de greffes
Le Japon a ainsi franchi une nouvelle étape et donne, au passage, un coup de canif à la bioéthique, en autorisant les scientifiques du pays à travailler sur des embryons hybrides, réunissant l'Homme et l'animal. Le scientifique japonais Hiromitsu Nakauchi, chercheur à l'Université de Tokyo ainsi qu'à l'Université de Stanford en Californie, veut permettre le développement de cellules souches humaines dans des embryons de souris et de rats, avant de les transplanter dans d'autres animaux.Le but est de créer des animaux hybrides qui cultiveraient des organes humains, que les chercheurs pourraient ensuite greffer sur des hommes et des femmes. Ces opérations permettraient de compléter les traditionnels dons d'organes pour répondre à la pénurie de greffons que subissent les malades. La création d'embryons chimériques a déjà eu lieu aux États-Unis, en janvier 2017 notamment, mais l'essai qui mêlait des cellules humaines à des cellules porcines n'avait pas été réellement concluant.
L'éthique médicale en question
Hiromitsu Nakauchi se veut néanmoins rassurant quant au déroulement du projet, qu'il souhaite voir évoluer très progressivement. Il compte avancer petit à petit et laisser d'abord les embryons se développer jusqu'à 14 jours et demi chez la souris, puis à 15 jours et demi chez le rat. Le processus de création d'embryons hybrides devait auparavant être stoppé à 14 jours au Japon. Le chercheur projette ensuite de développer des embryons en partie humains chez le cochon pendant une période test de 10 semaines.L'universitaire Tetsuya Ishii, chercheur en sciences politiques à l'Université d'Hokkaido à Sapporo, s'est montré soucieux de l'opinion publique : « Il est bon de procéder par étapes avec prudence, ce qui permettra de dialoguer avec le public, qui se sent anxieux et préoccupé ».
De nombreux problèmes éthiques se posent sur ces questions, qui provoquent naturellement des réactions allant, pour la majorité de la population, de la réticence au rejet. Progrès de la science ou barrière de l'éthique : que pensez-vous de ce projet de recherche ?
Source : Nature