Des chercheurs américains sont parvenus à faire naître de minuscules lézards albinos, fruits d'une modification génétique. Il s'agit d'une première mondiale sur une telle espèce, qui pourrait apporter des informations précieuses, notamment quant aux troubles de la vision. Mais la méthode suscite la controverse.
La technique employée par les chercheurs de l'université de Géorgie (États-Unis), CRISPR-Cas9, est déjà connue de la communauté scientifique. Cependant, elle n'avait jamais été appliquée à des reptiles, en raison des particularités de leur processus de reproduction.
Une opération sur l'œuf non fécondé
En effet, chez ces animaux, la femelle conserve le sperme du mâle pendant une période relativement longue, avant que l'œuf ne soit effectivement fécondé. Par conséquent, il est difficile de prévoir le moment exact de la fécondation. Or, la méthode utilisée nécessite un timing précis pour que la modification génétique puisse avoir lieu.Dans leurs derniers travaux, les scientifiques ont injecté l'outil CRISPR-Cas9 dans des œufs non fécondés, situés dans des ovaires de lézards femelles. Après éclosion de ces œufs, ils ont constaté que plusieurs individus présentaient une modification génétique, qui, en l'occurrence, se traduit par un albinisme. Ce résultat prouve donc que le composant injecté peut rester actif pendant plusieurs jours, voire semaines, dans l'œuf non fécondé.
Débats autour des manipulations génétiques
CRISPR-Cas9 est un « outil » assimilé à une paire de ciseaux génétiques. Son principe est d'insérer, supprimer, modifier ou remplacer l'ADN au sein du génome d'un organisme vivant. L'idée de cette méthode, déjà utilisée chez des mammifères, des oiseaux ou des poissons, serait donc de pouvoir « réparer » génétiquement un individu, en désactivant un gène causant des troubles ou en ajoutant un qui manquerait.Mais la technique ne fait pas l'unanimité. Certaines voix se sont en effet élevées pour dénoncer ces manipulations génétiques, qui pourraient permettre de concevoir des bébés humains « sur mesure ».
Dans le cas de l'étude des chercheurs de l'université de Géorgie, l'outil a contribué à créer des lézards albinos de la taille d'un doigt. Et cette anomalie génétique n'a pas été choisie au hasard : elle pourrait permettre de mieux comprendre les troubles de la vision dont souffrent généralement les êtres humains atteints d'albinisme.
Malgré les controverses, certains scientifiques continuent donc de faire confiance à CRISPR-Cas9 pour y voir plus clair sur le fonctionnement humain.
Source : Independent