La société spécialisée dans l'analyse ADN 23andMe a vendu les droits d'un nouveau médicament qu'elle a développé en utilisant les données génétiques de ses clients.
La signature d'accords de vente pour un médicament qu'elle a développé, ici destiné au traitement de maladies inflammatoires, est une première pour l'entreprise 23andMe .
Des essais cliniques à venir
L'accord permettra à l'entreprise Almirall SA d'exploiter ce traitement. Pour la vice-présidente du développement économique de la firme, Emily Drabant Conley, « c'est un moment décisif pour 23andMe ». C'est en effet la première fois que la société signe un accord pour un médicament qu'elle a elle-même développé.Le rôle précis qu'a joué l'ADN dans la mise au point du médicament n'a pas été précisé. Le produit contiendrait un anticorps monoclonal bispécifique prévu pour cibler une protéine précise dans le corps humain. Dans le cas présent, il doit bloquer les signaux émis par la famille de protéines connue sous le nom de cytokine IL-36, régulièrement associée à des maladies inflammatoires et à certaines maladies auto-immunes. 23andMe aurait déjà réalisé des tests sur des animaux, mais doit encore passer le stade des tests cliniques sur l'humain.
D'après Emily Drabant Conley, 23andMe compte expérimenter d'autres catégories de médicaments, mais entend les tester en interne avant de les céder à des entreprises tierces. « Nous émettions l'hypothèse, il y a cinq ans, que nous pouvions tirer parti de nos données génétiques pour développer de meilleurs médicaments. À présent, nous voyons cette hypothèse se concrétiser », a-t-elle déclaré.
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Le marché prolifique de l'ADN
L'utilisation de données génétiques, dans différents secteurs, est de plus en plus répandue, et un nombre toujours plus important de sociétés se positionnent sur leur exploitation. L'une d'elles, FamilyTreeDNA, est même accusée d'avoir fourni les données génétiques de ses clients au FBI américain. Dans le domaine médical, l'ADN est désormais étudié pour prédire la propension d'une personne à développer des cancers ou des maladies cardiaques.Selon Bloomberg, plus de 10 millions de personnes ont réalisé des tests ADN chez 23andMe. D'après New Scientist, plus de 80 % de ces personnes ont accepté que leurs données soient utilisées par l'entreprise pour la recherche, ou par des scientifiques essayant de déterminer les causes de maladies. Cette masse de données pourrait ainsi permettre à l'enseigne de mettre en lumière de nouveaux traitements contre certains types de maladies.
Tim Frayling, un généticien moléculaire de l'université britannique d'Exeter, se dit enthousiaste. « Le médicament est susceptible d'être le premier de nombreuses licences de la société, explique-t-il. Au fur et à mesure que la base de données génétiques de 23andMe se développe (elle a doublé au cours des deux dernières années), elle deviendra plus susceptible de fournir des informations médicalement utiles ».
Source : New Scientist.