© Blue Andy / Shutterstock
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Les pays de l'Union européenne et le Parlement européen viennent de trouver un accord qui doit permettre de développer l'industrie des semi-conducteurs sur le Vieux Continent, et ainsi de réduire la dépendance vis-à-vis de l'Asie.

L'objectif du Chips Act est de faire en sorte que l'UE possède 20 % du marché mondial en 2030.

Le Chips Act pour regagner en indépendance

Si la pandémie a révélé une chose, c'est l'énorme dépendance des pays occidentaux vis-à-vis des usines asiatiques produisant les semi-conducteurs. L'arrêt des lignes de production a créé d'énormes pénuries dans tous les secteurs qui utilisent ces technologies, et chacun essaye désormais d'assurer ses arrières. Les États-Unis ont déjà lancé la construction de nombreuses usines, et c'est désormais au tour de l'Union européenne. Pour Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, l'Europe prend son destin en main en investissant lourdement dans la production de semi-conducteurs de pointe.

« En maîtrisant les semi-conducteurs les plus avancés, l'UE deviendra une puissance industrielle sur les marchés du futur », a ajouté Thierry Breton, qui fut ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique de 2005 à 2007.

Pour atteindre l'objectif des 20 % du marché mondial, c'est-à-dire le double par rapport à aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 43 milliards d'euros venant du public et du privé qui vont venir soutenir le développement de cette industrie au sein de l'Union. L'UE ne part cependant pas de rien, puisqu'elle est déjà à la pointe en matière de recherche. Il reste maintenant à faire coïncider les recherches et la production pour moins dépendre des importations.

Session du 12 décembre 2022 à Strasbourg © Frederick Florin, AFP
Session du 12 décembre 2022 à Strasbourg © Frederick Florin, AFP

Prévenir les pénuries, anticiper les crises

L'indépendance est le premier facteur à avoir motivé la mise en place de ce Chips Act. Aujourd'hui, l'Europe ne représente plus que 9 % de la production mondiale tandis que l'Asie, avec Taïwan, la Corée du Sud et la Chine, en représente plus de 90 %. Aussi, toute crise devient un potentiel problème.

L'électrochoc des dirigeants européens a été provoqué par la pandémie de COVID-19 qui a entraîné une importante pénurie de semi-conducteurs. Véhicules, smartphones, consoles de jeux, télévisions, centres de stockage de données, tous ces secteurs qui ont besoin de ces composants se sont retrouvés en grande difficulté pour produire tout en faisant face à une flambée des prix.

Tous ont tenté de sécuriser des stocks, ce qui a créé de vives tensions. Les tensions géopolitiques avec la Chine n'aidant pas, il a fallu « prendre le taureau par les cornes ». La situation était à ce point compliquée que la Commission européenne a été convaincue d'alléger son encadrement des aides d'État et mener une politique interventionniste. Reste à voir comment l'UE va réussir à relocaliser la production, les machines-outils, le conditionnement et la distribution tout en remplissant ses objectifs en matière d'écologie.