Qu'il s'agisse d'Android, d'iOS sur iPhone 4S ou de Windows Phone 7, les principaux systèmes d'exploitation pour smartphones embarquent aujourd'hui une composante « assistant vocal », capable d'interpréter avec plus ou moins de succès la voix de l'utilisateur lorsque celui-ci s'exprime en langage naturel, puis de retourner une réponse pertinente par le biais d'un module de synthèse vocale.
A l'occasion des Techdays Microsoft, la société lilloise xBrainsoft (groupe Usilink) a présenté sa propre réponse à la problématique des agents intelligents, avec une démonstration particulièrement appréciée lors d'une conférence plénière dédiée à l'innovation. Petit nom de la nouvelle venue : Angie, dès à présent disponible sur Windows Phone 7 sous forme d'une version bêta.
Au niveau des fonctionnalités, Angie entend bien rapidement damer le pion à ses aînés. Au delà des fonctions de type « donne moi la météo » ou « rappelle moi quels sont mes rendez-vous d'aujourd'hui », le moteur développé par xBrainsoft sait exploiter un certain nombre de services tiers pour améliorer sa pertinence. Angie joue par exemple le rôle d'un interprète, en allant interroger le moteur de traduction associé au moteur de recherche Bing. Elle saura également localiser les stations service les plus proches, en suggérant automatiquement celle où le carburant est le moins cher, mettre à jour les réseaux sociaux de l'utilisateur ou interroger le programme TV du soir.
Pour Grégory « Redo » Renard, cofondateur de xBrainsoft, l'objectif n'était toutefois pas simplement de fournir un assistant personnel immédiatement efficace au consommateur, mais plutôt de constituer les bases d'une véritable plateforme dédiée à la création d'agents intelligents.
Derrière la séduisante façade qu'est Angie réside en effet un projet bien plus ambitieux, baptisé IAS, pour Intelligent Agent Server. En gestation depuis plus de cinq ans, la plateforme a d'ores et déjà mobilisé plus de douze années-hommes de développement, et occupe aujourd'hui une dizaine de personnes chez xBrainsoft.
« Notre cible n'est pas tellement le consommateur final mais plutôt le marché B2B », commente Grégory Renard, qui souhaiterait voir IAS devenir la plateforme de choix des développeurs et entreprises qui souhaitent élaborer des agents intelligents. Pour ce faire, xBrainsoft distribue sur demande un kit de développement dédié, dont il a d'ailleurs fait la démonstration jeudi sur les Techdays.
« Au final, Angie n'est qu'un shell, une interface qui vise à faciliter l'accès à l'information », s'enthousiasme encore Grégory Renard. « Un développeur a décidé de mettre au point une application dédiée au train, avec laquelle on peut demander Trouve moi le prochain train pour Lille. Au lieu de simplement retourner les horaires, elle prend en compte la position de l'utilisateur et le temps qu'il devrait mettre pour aller jusqu'à la gare afin de ne pas lui proposer le premier train qui vient, mais le premier train qu'il pourra attraper ». Le champ des possibles serait donc des plus vastes.
C'est cette appropriation de la plateforme par des tiers qui devrait permettre, à terme, à xBrainsoft de monétiser son développement. Un double dispositif semble envisagé pour l'instant, avec d'un côté des entreprises qui développent leurs propres agents conversationnels sur base IAS et s'acquittent du montant de la licence associée ou, pourquoi pas, l'ouverture d'une place de marché dédiée aux développeurs, qui pourraient y publier leurs « briques » destinées à Angie.
Bien qu'elle ne soit pas une fin en soi, l'application Windows Phone disponible aujourd'hui (dont la partie voix repose sur les solutions de Nuance) devrait constituer une belle carte de visite pour xBrainsoft, qui s'apprête à décliner son Angie sur d'autres plateformes telles qu'iOS (déjà fonctionnel), Android, mais aussi Windows 8, Facebook ou Windows Live Messenger.
Pour autant, la société n'ambitionne pas de porter ses efforts sur le développement des services, ou d'adopter un modèle de développement intégré à la Apple. « Vous imaginez si Tim Berners Lee avait décidé de se garder le HTML ? », glisse avec un clin d'oeil Grégory Renard.