L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) publie un rapport portant sur les effets des radiofréquences sur la santé. Le document n'a pas vocation à remettre en cause l'ensemble des textes déjà rédigés sur la question mais indique que ceux-ci sont justifiés en particulier pour « l'hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, les expositions des enfants et d'autres populations spécifiques, notamment en milieu professionnel ».
Le rapport s'intéresse particulièrement aux communications mobiles, TV et radio et se donne ainsi pour but d'évaluer l'ensemble des effets sanitaires potentiels des radiofréquences, qu'ils soient non cancérogènes (effets sur le cerveau, le développement fœtal ou le sommeil par exemple) ou cancérogènes. Toutefois, l'autorité relève qu' « aucun effet neurotoxique d'une exposition aux radiofréquences n'a été mis en évidence » sur la réponse cellulaire dans le cerveau par exemple.
Il reste néanmoins prudent sur ses propres conclusions puisqu'il ajoute que les résultats peuvent différer « selon les techniques d'analyse des résultats expérimentaux mises en œuvre ». Il demande donc à pouvoir apporter des vérifications au moyen de recherches complémentaires impliquant notamment l'Homme. L'Anses maintient toutefois que « Quoi qu'il en soit, il n'est pas possible aujourd'hui d'établir un lien de causalité entre ces effets biologiques décrits et d'éventuels effets sanitaires qui en résulteraient ».
L'Anses concède cela étant dit que des « effets biologiques » ont été observés par leurs équipes comme un « effet de type réponse inflammatoire pour un DAS de 6 W/kg ou encore un effet sur la plasticité cérébrale pour un DAS de 10 W/kg ». L'autorité précise enfin qu'une exposition aux radiofréquences pourrait entraîner une augmentation « du stress oxydant ou une perturbation des systèmes de protection de la cellule. Cependant, les résultats semblent dépendre du modèle utilisé et aucune donnée chez l'Homme n'a été publiée ». Elle ajoute donc que l'observation d'un effet biologique ne signifie pas forcément « qu'il entraîne un dommage et encore moins qu'il se traduise par un effet sur la santé ».
De rapports en proposition de loi
Ce rapport intervient dans un contexte déjà chargé. La proposition de loi portant sur les ondes électromagnétiques, déposée par la député écologiste Laurence Abeille, n'avait pas été soutenu par le gouvernement en début d'année. Lors de l'examen du texte, Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée de l'Economie numérique, avait plutôt soutenu le principe d'ALARA (pour As Low As Reasonably Achievable) que l'on peut traduire par « Aussi bas que raisonnablement possible ». La ministre souhaite donc que les pouvoirs publics prennent davantage de mesures visant à réduire l'exposition des utilisateurs en mettant notamment l'accent sur la transparence.
En attendant, les observations de l'Anses doivent également être scrutées au regard d'un autre document, édité par un comité d'expérimentation (COPIC) et soutenu par le gouvernement. Ce dernier évoquait ainsi la diminution de l'exposition aux ondes électromagnétiques émises par les antennes relais de téléphonie mobile. Plus précisément, et pour obtenir l'équivalent de cette couverture initiale (et rester sous le seuil de 0,6 V/m), il proposait l'installation de nouvelles antennes relais pour « concilier faible exposition et couverture satisfaisante ». Le Copic indique dans ce cadre que le nombre de sites devrait être « multiplié par un facteur au minimum égal à trois ».
De son côté, l'Anses ne clôt pas la discussion puisque la question sur l'hypersensibilité de certaines personnes devrait faire l'objet d'une nouvelle expertise spécifique dont les travaux devraient débuter en fin d'année. Elle accentuera également ses travaux en direction de certains effets notamment sur la fertilité ou la reproduction.