Sans scrupule, le constructeur chinois booste artificiellement les performances de ses téléphones lorsqu'une application de benchmark est détectée. Accusé de tricherie par Anandtech, Huawei ne nie pas : « tout le monde le fait », lâche le président de la marque.
Vous souvenez-vous du scandale Volkswagen ? En 2015, le constructeur automobile allemand se faisait épingler par les autorités pour avoir trafiqué les moteurs de ses véhicules dans l'objectif de les faire paraître moins polluants.
C'est cette même logique que Huawei (et Honor) semble suivre avec ses téléphones.
Dans un long dossier publié par Anandtech, nous apprenons que les smartphones de la marque sont équipés d'un logiciel permettant de détecter l'utilisation d'une application de benchmarking.
Des performances faussées
Anandtech le déclare en préambule : la pratique n'est pas nouvelle. Le site spécialisé pointe notamment un comportement similaire sur les Samsung Galaxy S4 équipés d'un SoC Exynos 5, il y a 5 ans. Reste que la méthode, elle, est inchangée.Les appareils de marque Huawei et Honor (les Huawei P20 Pro, P20 et Honor Play dans le cas présent), bénéficient d'un mécanisme de détection d'applications de benchmark, accordant momentanément plus de puissance aux SoC dont ils sont équipés. En résultent des résultats tout bonnement faussés. Et comme vous allez le voir, certains téléphones poussent la fourberie un peu loin.
Les smartphones équipés du Kirin 970 bannis de 3D Mark
Alerté par les accusations de Anandtech, UL Benchmark, l'éditeur de 3D Mark a décidé, lui aussi, de mener quelques tests sur les appareils Huawei et Honor mis en cause. En passant par une application indétectable par les smartphones, la société a pu confirmer les dires d'Anandtech.Voyez plutôt :
Pour certains appareils comme le Nova 3 de Huawei, on passe du simple au double en termes de performances mesurées.
Une preuve accablante, suivie d'une mesure ferme de la part de l'éditeur : certains smartphones Honor et Huawei - tous équipés du SoC Kirin 970 - sont désormais bannis de 3D Mark. Les Huawei P20, P20 Pro, Nova 3 et Honor Play sont concernés par cette mise au ban.
Huawei se défend de faire quoi que ce soit de mal
Plus que la pratique crapuleuse, c'est probablement la posture de Huawei qui suscite le plus de consternation.Interrogé par Anandtech, Dr. Wang Chenglu, président de la division logicielle de Huawei, déclare ne pas avoir le choix. Et pour cause : tous ses concurrents font la même chose. Pour rester compétitif, Huawei doit jouer le jeu.
Un argumentaire un peu faible, teinté de mauvaise foi, qui achève de nous apparaître ridicule quand le fameux « d'autres constructeurs manipulent également leurs chiffres » est lancé.
Pour autant, Huawei déclare également travailler à une standardisation des tests qui seront effectués sur ses appareils à l'avenir. Selon Dr. Wang, Huawei s'assurera dorénavant que les benchmarks qu'ils mettront en avant seront validés par des organismes indépendants.
Une promesse dont les spécialistes se souviendront, et qu'ils ne manqueront pas de rappeler régulièrement au constructeur chinois. Du reste, Huawei est manifestement adepte de la filouterie : il y a quelques semaines, la marque était prise en flagrant délit de trucage d'une photo destinée à faire la promotion de l'APN de son futur Nova 3. En réalité, la photographie a été prise par un appareil Reflex haut de gamme.
De votre côté, faites-vous confiance aux benchmarks publiés par les constructeurs ?