Test du Motorola Razr : le grand retour ?
Présenté en grandes pompes à Berlin en octobre dernier, le Motorola Razr débarque enfin à la rédaction. Après un retour plutôt réussi outre-Atlantique avec la gamme Droid, le constructeur racheté récemment par Google espère bien séduire un public plus large en Europe. Ce nouveau smartphone ultra fin sous Android 2.3 dispose-t-il des atouts nécessaires pour parvenir à ses fins ?Motorola Razr | |
Caractéristiques principales | |
Système d'exploitation | Android 2.3.5 |
Processeur / Fréquence | 1.2 GHz double coeur Texas Instruments |
Mémoire / Stockage | 16GB de mémoire interne 1 Go de RAM |
Technologie d'écran et définition | 4.3" Super AMOLED Plus qHD (540x960) capacitif |
Appareil photo | 8 mégapixels autofocus + flash LED (capture vidéo en 1080p) |
GPS | Oui + eCompass |
Radio FM | Non |
Batterie | 1780 mAh lithium-ion |
Dimensions | 130.7 x 68.9 x 7.1 mm |
Poids | 127g (avec batterie) |
Design de l'appareil [/anchor]
Dès la première prise en mains, on retiendra principalement trois caractéristiques. Tout d'abord, le terminal se montre plutôt léger, ce dernier accusant un poids de 130,7 grammes sur la balance. À cela s'ajoute une taille de guêpe, puisque ce Razr ne mesure pas plus de 7,1 mm d'épaisseur sur la majeure partie de sa coque. Le rendu de l'écran ne passe pas non plus inaperçu : la matrice Super AMOLED plus de 960 x 540 pixels (qHD) offre un rendu haut en couleur et une image très contrastée. En revanche, on peut regretter que l'écran ne profite pas pleinement de la surface offerte dans le sens de la largeur. Ce dernier est en effet entouré de bords inactifs mesurant chacun plus de 6 mm (1,2 cm au total).Enfin, le Razr se veut être un mobile ultra résistant. L'écran est protégé par un verre Corning Gorilla, le dos est recouvert d'une surface constituée de fibres de kevlar et les composants sont protégés par un revêtement antigouttes (ce qui ne rend pas pour autant le mobile étanche). Enfin, même s'il s'agit avant tout d'une affaire de goûts, le design plat et anguleux ne plaira probablement pas à tout le monde.
Dans les entrailles de la bête, on retrouve un processeur Texas Instruments double cœur cadencé à 1,2 GHz accompagné d'un gigaoctet de RAM. Pour le multimédia, Motorola propose un APN de 8 mégapixels autofocus épaulé par un flash LED. Outre la photo, ce dernier pourra être mis à contribution pour capturer des vidéos 1080p.
Du côté des interfaces sans fil, on retrouve un circuit Wi-Fi 802.11 b,g, n (2,4 GHz et 5,0 GHz) ainsi qu'une puce Bluetooth 4.0 (basse consommation) compatible avec les casques stéréo (A2DP et AVRCP).
Qualité des appels[/anchor]
Internet [/anchor]
Comme nous vous le disions en introduction, le Razr est équipé d'Android 2.3 Gingerbread, et non du tout dernier Ice Cream Sandwich. Du coup, le smartphone ne bénéficie pas des nombreuses améliorations qui ont été apportées au navigateur Web depuis Android 4. L'application fait toutefois ce qu'on lui demande, mais on constate qu'avec les sites Web « lourds » la fluidité n'est pas au rendez-vous, même lorsque le plug-in Flash n'est pas activé. En revanche, tout se passe au mieux du côté du format vidéo d'Adobe.Même lorsque les vidéos Flash ne sont pas optimisés pour mobile, le Razr propose une décompression parfaitement fluide. Dans l'ensemble, même si on ne se situe pas au niveau d'un Galaxy Nexus, le Razr offre tout de même de belles prestations.
Surcouche : la fin de Motoblur [/anchor]
Conscient de l'impopularité de sa surcouche Moto Blur, critiquée pour sa lourdeur et son ergonomie approximative, le constructeur a souhaité repartir sur de nouvelles bases. L'interface fait peau neuve, mais il ne faut pas se réjouir trop vite.Si les performances ne semblent pas réduites par cette refonte, l'aspect visuel laisse à désirer. Icônes d'un autre temps, menus austères avec ses polices grises sur fond blanc, interface parfois confuse avec les logiciels maison... On s'attendait à mieux. On note également quelques idées reprises à la concurrence : on pense au « carrousel 3D » et au fond d'écran proposé par défaut, sur lesquels on trouve de fortes ressemblances avec ce que fait HTC.
MotoCast : un cloud... à domicile[/anchor]
Pour se différencier de la concurrence, Motorola propose MotoCast. Ce service permet d'accéder à l'ensemble des documents stockés dans son ordinateur (Mac ou Windows, client disponible ici) depuis son téléphone, tablette, ou depuis un autre ordinateur. Il s'agit d'une sorte de Weezo ou Orb dédié aux produits Motorola. Si le système fonctionne plutôt bien, il présente tout de même un inconvénient de taille. Pour en profiter, il faudra bien sûr laisser son ordinateur allumé en permanence...Même si l'attention est louable, il faut avouer que nous aurions préféré disposer d'un espace de stockage « cloud », ce que devrait bientôt proposer HTC avec ses prochains terminaux.
Motocast USB : synchronisation locale [/anchor]
L'installation de MotoCast déploie également un petit utilitaire de synchronisation USB. Le programme propose de synchroniser les musiques (via iTunes ou Media Player), photos, vidéos, podcasts (iTunes) et contacts locaux (Outlook) avec son Razr. Pour les photos et vidéos, MotoCast USB utilise les répertoires par défaut de Windows, mais il est possible les dossiers de son choix. Pour que tout fonctionne, il faut au préalable installer une application nommée Motorola PIM Sync for PC (ou Mac), après quoi l'utilisateur devra redémarrer son téléphone. Dommage que l'outil ne soit pas pré-installé avec la couche de Motorola.Photo, capture vidéo[/anchor]
Le Razr est équipé d'un APN de 8 mégapixels non rétroéclairé épaulé par un flash LED. Le résultat obtenu est correct, mais on n'atteint pas la qualité des clichés d'un iPhone 4S. Car si le piqué est satisfaisant, le Razr offre un rendu des couleurs plutôt terne. On constate surtout le problème avec les nuances rouges qui ont tendance à virer au sombre. Le résultat reste tout de même suffisamment acceptable pour dépanner en cas de besoin.Concernant les options, Motorola propose d'activer le géotagging, d'utiliser l'un des 7 effets vidéo (sépia, négatif, noir et blanc, etc.), le mode panorama, rafale, ou d'agir sur le degré d'exposition.
Pour la capture vidéo, le Razer s'en sort plutôt bien. Que ce soit en 720p ou en 1080p, le mobile de Motorola parvient à produire un fichier aussi fluide que net. Mention spéciale pour l'autofocus particulièrement réactif qui peut être activé manuellement par sélection tactile sur l'écran. Seul petit bémol : il est impossible de choisir la zone de netteté manuellement (centre de l'écran par défaut). En 1080p (1920 x 1080), le Razr génère des séquences MP4 AVC à 30 images par secondes (piste audio AAC stéréo 128 kbps).
Lecture audio [/anchor]
Pour l'audio, Motorola n'a pas fait dans la demi-mesure. Ici, l'application est loin de se cantonner à la simple lecture de fichiers MP3 stockés dans la mémoire du téléphone.Tout d'abord, on retrouve une intégration parfaite de MotoCast. Idéal pour profiter de l'intégralité de la bibliothèque musicale stockée sur son ordinateur, à condition bien sûr que ce dernier soit allumé. Dans ce cas, les pistes distantes peuvent être lues en streaming, ou téléchargées à la demande. En flux continu, il faut parfois se montrer patient, la durée de mise en cache initiale n'étant pas négligeable, y compris sur le réseau local. Pour le streaming, le Razr ne se limite pas à Motocast : l'application intègre également un client shoutcast parfaitement fonctionnel.
Enfin, le Razr propose de nombreux effets audio qui peuvent être activés dans tous les cas de figure (avec le casque filaire)
Lecture vidéo[/anchor]
Le lecteur multimédia unifié retouché par Motorola n'est pas un modèle d'ergonomie. Les vidéos sont noyées au beau milieu de fichiers photo (le tout classé par date). De plus, la date de création est affichée en lieu et place du nom de fichier, ce qui ne facilite pas vraiment la lisibilité.Concernant la compatibilité vidéo, on se situe assez loin des services offerts par un Galaxy S2. Que ce soit en DivX 3, DivX 5, XviD, ou MKV HD (1080p et 720p), on oscille entre lecture parfaite, manque de fluidité, absence de son ou incompatibilité totale. On lui préfèrera MX Video Player (disponible via le Market), qui allie compatibilité totale et fluidité parfaite.
Actions intelligentes [/anchor]
Smart Actions est un programme qui permet de réaliser des macros plus ou moins complexes pour éviter les tâches répétitives. En partant d'une liste d'événements contextuels (insertion d'une prise casque, position GPS, charge de la batterie, heure), il est possible de déclencher automatiquement une ou plusieurs actions.À titre d'exemple, on peut rétablir le volume de sonnerie à 100 % dès que l'on rentre chez soi, ou désactiver automatiquement les interfaces gourmandes en énergie (Wi-Fi, Bluetooth, GPS) dès que la batterie arrive à un pourcentage de charge critique. L'outil qui n'est pas orienté grand public se destine plutôt aux geeks amateurs de « tweaks ». Il n'en demeure pas moins pratique et plutôt facile à mettre en œuvre.
DLNA et sortie HDMI[/anchor]
Le Razr à la bonne idée d'être équipé d'une sortie micro HDMI native. Cette dernière fonctionne parfaitement. On regrettera simplement que le câble micro-HDMI ne soit pas fourni.Le mobile est aussi compatible avec le standard DNLA. Il est possible de diffuser les contenus photo ou vidéo en Wi-Fi vers une télévision ou un ordinateur compatible. Une fois que tout est en place, le dispositif fonctionne plutôt bien, même avec les vidéos en 1080p qui ne souffrent pas trop de sautes de lecture pour cause de mise en mémoire tampon. Seul petit bémol : la mise en œuvre ne s'effectue pas toujours de façon aisée. Parfois, on obtient un message d'erreur lors d'une tentative de connexion au client DLNA (test réalisé sur un téléviseur Samsung et sur un Popcorn Hour A110).
Des accessoires en pagaille [/anchor]
Six mois à peine après la sortie de l'Atrix, Motorola nous refait le coup du smartphone-unité centrale. Bien que le laps de temps qui sépare les deux appareils soit court, il ne faudra pas trop compter utiliser les accessoires Atrix avec le Razr, ces derniers étant incompatibles...Autant dire que le constructeur ne met pas vraiment toutes les chances de son côté pour réussir ce pari plutôt culotté. Rappelons qu'à l'époque, les fameux Lapdock et autres multimedia dock n'avaient pas vraiment rencontré leur public. Séduisant sur le papier, le procédé montrait vite ses limites (voir notre test pour plus de précisions). Qu'en est-il aujourd'hui ? Difficile de le savoir, il faudra attendre la mise en vente des docks (mi-janvier) pour se forger une opinion sur l'interface Webtop du Razr.
Dès lors, le constructeur ne proposera non pas un, mais deux Lapdock ! Le Lapdock Standard (10,1 pouces) propose un unique port USB, et est commercialisé au prix de 230 euros. Le Lapdock Premium est équipé d'un écran de 14 pouces, et propose une connectique complète (RJ45, HDMI, ports USB supplémentaires). Il est commercialisé au prix de 349 euros.
Motorola propose également une nouvelle version de sa « Station Multimédia HD ». Cette dernière est équipée de trois ports USB qui pourront être utilisés pour raccorder un clavier et une souris, par exemple. Le dock peut être raccordé à un téléviseur ou un moniteur HD via HDMI.
On note tout de même l'arrivée de nouveautés depuis l'Atrix. Cette fois, Motorola propose un clavier Bluetooth ainsi qu'un accessoire dénommé « Smart Controler ». Il s'agit d'une sorte de magic trackpad doté d'une fonction de téléphonie (voir notre vidéo de démonstration).
Des soucis ?[/anchor]
Sur notre exemplaire de test à jour, le circuit Wi-Fi semble poser quelques difficultés. Parfois, alors que le téléphone est bien connecté au réseau sans fil (SSID test, voir photos ci-dessous), le navigateur ne parvient pas à afficher les pages Web. Le point d'accès ne semble pas en cause puisqu'au même moment, ce dernier fonctionne avec un autre mobile. Pour revenir à la normale, il faut arrêter puis réactiver le circuit Wi-Fi. Difficile de savoir si ces problèmes sont liés à une incompatibilité avec la borne (Netgear WN802T v2), ou à l'exemplaire de test.Vient ensuite le problème du clavier virtuel. Sur l'Android Market et avec le champ de recherche Google, le Razr propose un clavier AZERTY. Jusque-là, rien d'anormal. En revanche, pour taper une URL sur le Web, on bascule cette fois sur un clavier américain QWERTY...
Autonomie
Le Razr est équipé d'une batterie de 1 780 mAh. Le test d'autonomie en charge (graphique ci-dessous) indique une tendance encourageante. Dans la pratique, il ne faudra pas compter battre des records d'autonomie en veille. Si utilisation modérée, on tient la journée et demie, ce qui correspond à la moyenne généralement constatée.Conclusion [/anchor]
Difficile de conclure tant ce Razr laisse une impression mi figue - mi raisin. Les bonnes surprises côtoient les petites déceptions qui brident le potentiel du terminal. On sent pourtant une réelle volonté de bien faire... mais les efforts tombent souvent à l'eau.D'autre part, le Razr se veut être exhaustif sur le multimédia. Malheureusement, on constate quelque lacune. Incompatibilités vidéo (DivX et variantes), interface pas toujours pratique, qualité photo moyenne (pour un 8 mégapixels), définition d'écran ringardisée par un Galaxy Nexus... du chemin reste à parcourir, même si la capture vidéo se montre convaincante. On pourrait également parler des choix esthétiques discutables tant sur le plan matériel que logiciel, mais nous nous arrêterons là.
D'une manière générale, les efforts considérables qui ont été consentis sur la couche logicielle sont anéantis par l'absence d'Ice Cream Sandwich. Certes, la mise à jour est prévue pour le premier trimestre 2012, mais face à un Galaxy Nexus qui en est équipé sorti de la boite au même prix ou presque, le Razr aura un certain mal à se justifier. L'absence est d'autant plus gênante dans la mesure où le rachat de Motorola par Google a été finalisé en aout dernier.
Au final, le Razr est loin d'être un mauvais téléphone, mais l'alchimie ne prend pas. La finesse et l'ultra légèreté ne font pas tout. Le mobile n'apporte rien de vraiment nouveau, l'autonomie se montre un poil décevante et même si Motoblur passe (enfin) à la trappe, la nouvelle surcouche ne parvient pas à se hisser au niveau d'un TouchWiz (Samsung) ou Sense (HTC).
Pour aller plus loin : découvrez notre comparatif des meilleurs smartphones.