Nous nous sommes procuré le téléphone par le biais de la boutique Gearbest, sur leur initiative (merci à eux). Le MI4i, très fin et revêtu de coques en plastique aux coloris pastel, fait indéniablement penser à un iPhone 5c. En même temps, comment pourrait-il en être autrement de la part de celui qu'on appelle « l'Apple chinois » ?
Hugo Barra, ancien ponte de Google débauché par Xiaomi, a beau défendre sa nouvelle maison mère, en disant qu'Apple a copié HTC avec l'iPhone 6, et « que personne ne peut revendiquer une propriété entière de quelque élément de design que ce soit dans cette industrie du téléphone », l'évidence est criante, la ressemblance, frappante. Après, c'est un modèle sympathique, ne boudons pas notre plaisir. Nous, on s'en moque de savoir qui a copié qui.
A gauche, l'iPhone 5c, à droite le MI4i
Xiaomi n'étant pas distribué officiellement en France, il faut passer par de l'import : une solution qui réserve toujours son lot de surprises. Gearbest propose à ses clients de choisir l'endroit depuis lequel sera expédié le produit : Chine, EU ou Hong Kong. En raison de contraintes de disponibilité, Gearbest a dû faire partir notre colis de Hong Kong. Il a transité par le Royaume-Uni où il est resté bloqué un mois en douane. Expédié le 26 juin, le MI4i nous sera livré le 4 août ! Privilégiez absolument la livraison depuis le stock européen, qui ne prend que 2 à 5 jours et évite les risques de frais de douane.
Deuxième fait étrange à l'allumage du téléphone : le modèle est rooté, on constate la présence de SuperSU (application du super administrateur) parmi la logithèque. En outre le numéro de version de MIUI 6, le système d'exploitation de Xiaomi, ne ressemble à rien de connu. Certes, la langue française est là, mais nous voulons un OS officiel, pas une ROM trafiquée par on ne sait qui. Commence alors une deuxième épreuve... Nous nous rendons sur le site officiel, en.miui.com, pour télécharger la « vraie » ROM pour notre MI4i (V6.6.10.0). Erreur ! Cette ROM officielle ne contient pas la langue française. Et double sanction : les pilotes du « débogage USB » (mode nécessaire pour faire les manipulations de changement de ROM) ne sont pas standards. Sur plusieurs machines testées, rien à faire : notre terminal n'est pas reconnu. Il s'avère qu'il faut en fait installer le logiciel de synchronisation MI phone manager pour ajouter les pilotes sur sa machine, après quoi nous pouvons enfin installer la ROM officielle, traduite en français par MIUI France (V6.6.3.0). Notez que MIUI 7 a été annoncé récemment, mais il est encore en version développeurs. Voilà si vous n'avez rien compris à ce paragraphe, c'est que le MI4i n'est absolument pas fait pour vous.
Présentation du MI4i[/anchor]
On ne reviendra pas sur la question de l'authenticité du look, non. On aime bien le MI4i, parce qu'il est compact pour un 5 pouces (comme un Nexus 5 à quelques poussières de millimètres près) et dense. Ce dernier point traduit une qualité de fabrication a priori sérieuse, que renforce le caractère unibody de la coque (qui couvre dos et tranches d'un seul tenant). Il n'y a que les boutons latéraux, en plastique faussement chromé, qui fassent tache car trop légers. Le rétroéclairage des trois touches capacitives dédiées à la navigation Android a été renforcé, il est maintenant visible. En revanche, le retour arrière et le gestionnaire de tâches sont toujours inversés...
En main, le téléphone tient bien. Attention simplement, c'est du plastique lisse, donc ça glisse. La coque n'est pas amovible, une trappe double micro SIM a été logée sur une des tranches du smartphone. Ce qui signifie que le stockage interne n'est pas extensible : entre le 16 et le 32 Go, il faudra bien faire son choix ! Sinon à ceux qui auraient cru voir un connecteur USB de type-C, vous faites erreur. C'est du micro USB classique mais sans la forme trapézoïdale qui sert de détrompeur. Pas bien malin Xiaomi sur ce coup...
L'écran est le même que sur le MI4 : une dalle IPS Sharp/JDI de 5 pouces, en 1 920 x 1 080 pixels. Xiaomi avance que l'écran est capable d'afficher 95 % de l'espace colorimétrique NTSC. Et en surface, on retrouve le verre Corning Concore, équivalent du Gorilla Glass. L'écran est, aux dires du constructeur, plus visible au soleil (c'est vrai), et il profite d'une fonction d'ajustement du contraste (automatique ou augmenté, sans grande incidence à l'œil nu). Et du contraste, il en a sous le coude : avec un point blanc à 478 cd/m² et un noir à 0,31 cd/m², on culmine à un peu plus de 1 500 : 1, quasiment le même score que l'excellent OnePlus Two ! En ajustant les couleurs sur le réglage chaud, on arrime la température à 6823 K, une très bonne valeur. L'intégration de la dalle, qui représente 70,8 % de la surface totale du téléphone, pourrait être un peu meilleure, mais ça reste un score normal. En revanche, l'affichage sature excessivement. On n'en est pas au stade de l'Amoled de Samsung, toutefois, on n'en est pas bien loin...
La partie audio n'a malheureusement pas évolué depuis le MI4. C'est-à-dire que le haut-parleur principal, situé au dos de l'appareil, est toujours trop peu puissant (75 dB sur notre test) tandis que la prise jack manque elle-aussi de souffle. La qualité du micro et du haut-parleur est suffisante pour rendre les conversations intelligibles. Néanmoins, mis à côté d'un OnePlus 2 par exemple, le micro du MI4i semble là encore bien faiblard et davantage porté sur les aigus. Bon point en revanche : on peut facilement enregistrer ses conversations.
Des composants de milieu de gamme à 200 euros[/anchor]
Chez Xiaomi comme chez OnePlus et d'autres constructeurs chinois, la stratégie c'est de vendre au plus près possible du prix de revient. Des économies sont réalisées sur la distribution, qui est conduite essentiellement sur Internet. Le MI4i voit un peu plus petit que son grand frère MI4, mais la dotation reste bien équilibrée : SoC Snapdragon 615 @ 1,7 GHz, 2 Go de RAM, 16 à 32 Go de stockage interne, Wi-Fi ac double bande, Bluetooth 4.1, tuner FM, capteur photo Sony 13 mégapixels et batterie de 3 120 mAh. Des spécifications en fait très proches de celles du BQ Aquaris M5. Avec toutefois deux différences notables : ici, il n'y a pas de NFC et surtout, le module 4G n'est pas compatible avec la bande de fréquences 800 MHz. SFR, l'opérateur qui utilise le plus cette fréquence, verra donc ses utilisateurs pénalisés.MIUI 6, toujours aussi proche d'iOS[/anchor]
MIUI 7 vient de sortir, mais comme le système est encore en bêta au moment où nous écrivons ces lignes, c'est MIUI 6 qui officie. Comme sur le MI4 déjà testé. Dans l'absolu, on retrouve la même philosophie : Xiaomi cherche à trouver la meilleure synthèse possible entre Android et iOS (avec un penchant pour l'univers Apple tout de même). Dans la pratique, on note quelques variations, probablement liées à la version que nous avons installée. Le menu des paramètres est un peu moins bien rangé, l'entrée « Ne pas déranger » s'est vue amputer de la programmation des horaires, toute la section « Appareil » qui rassemblait les entrées batterie, stockage, boutons, LED de notification, etc. a été transbahutée dans un « Autres paramètres système », le mode avion est lui passé dans « Autres paramètres réseau » tandis que tous les réglages des « Applications système » figurent désormais en accès direct au premier niveau des paramètres. Un joyeux bazar !Le choix entre les modes « Hautes performances » et « Equilibré » demeure, l'utilitaire d'économie d'énergie aussi. Mais là, la personnalisation a été poussée assez loin, puisqu'on peut se créer son propre profil en décidant de subtilités comme l'utilisation du CPU, la cadence de purge de la mémoire, la luminosité, ou encore l'usage des chipsets mobiles. Et plus globalement, les paramétrages atteignent un degré de personnalisation toujours important (LED, boutons, écran de verrouillage, police...). Cette version contient également un mode à une main : en faisant glisser son doigt depuis le bouton d'accueil vers la droite ou la gauche, on réduit l'affichage à un écran de 4 ou 3,5 pouces (au choix).
L'interface MIUI 6 propose une offre complète d'applications et d'outils maison (MI Store, thèmes, météo, agenda, musique, message, vidéo, etc. mais aussi dictaphone, calculatrice, boussole, scanner de QR codes, explorateur, etc.). Bien développée, cette suite présente tout de même quelques désagréments. Déjà, comme avec toute ROM ou surcouche, on ne peut pas désinstaller les applications qui ne nous intéressent pas. Sur un téléphone sans lecteur de carte mémoire, c'est gênant. Ensuite, il faut se créer un compte MI pour bénéficier de toutes les fonctionnalités (notamment la synchronisation). Et enfin, MIUI nous informe régulièrement que des informations ont besoin de transiter sur les serveurs de Xiaomi, pour diverses raisons, notamment de sécurité. C'est bien de nous tenir informés, mais ces avertissements à répétition peuvent fatiguer et faire naître des suspicions.
Le MI4i se montre fluide, un peu plus que l'Aquaris M5 de BQ qui utilise le même SoC, mais pas totalement non plus. Occasionnellement, on constate quelques ralentissements, en particulier lorsqu'on déploie le volet supérieur de notifications. Des baisses de régime qui se raréfient quand on passe le téléphone en mode « hautes performances » (par défaut il est en « équilibré »). En lançant des gros jeux comme Mortal Kombat X, on atteint les limites du GPU : le jeu tourne, il ralentit un peu (pas dans les phases de jeu) et le téléphone chauffe. Jusqu'à 52° après 10 minutes de jeu !
Photo et vidéo[/anchor]
Xiaomi n'est pas limpide sur la dotation photo de son MI4i. Le constructeur évoque un capteur de 13 mégapixels « Sony / Samsung ». Faut-il comprendre qu'il existe une loterie, avec tantôt du Sony (le best-seller IMX214), tantôt du Samsung (un ISOCELL maison) ? Le flou persiste. On sait que le groupe optique de cinq lentilles ouvre à F:2,0, et s'il s'agit de l'IMX214, la focale de 4,2 mm équivaut alors à un 30 mm en 24 x 36 mm.
Les résultats obtenus sur notre scène de test n'ont rien de mirobolant. La montée en sensibilité provoque de nombreuses pertes : de détails, de saturation ou encore de dynamique. Et ce, alors que le bruit numérique augmente nettement. Mais ce dernier, qui fait plus grain qu'artefact, n'est pas fondamentalement inesthétique. Non, en revanche, la netteté déjà pas folle de base en prend un coup, l'image apparaît globalement douce (euphémisme pour ne pas dire floue).
Scène de test photographiée à 100 ISO avec l'éclairage à fond, puis extrait à 100 %
Scène de test photographiée à 3200 ISO dans l'obscurité, puis extrait à 100 %
En situations réelles, nous avons relevé une balance des blancs qui vire parfois au magenta, une mesure d'exposition qui tend à l'excès et une saturation un peu faible. Néanmoins, ces paramètres (netteté, contraste, saturation) peuvent être modifiés via le menu, mais ce n'est pas commode (pas de visualisation directe des modifications à l'écran). Notez que la problématique de l'exposition peut aussi être résolue en réglant la mesure sur « Cadre moyen » au lieu de « Centre pondéré ». Attention : le rendu trop saturé de l'écran dessert ici la cause. À l'écran, la colorimétrie semble pêchue, mais sur écran calibré, c'est fade. Et comme l'optique manque cruellement de piqué, on obtient des images sans grande consistance.
Vue sans HDR, puis avec HDR direct et HDR amélioré
L'autofocus se montre très rapide (pas de latence au déclenchement) et efficace de jour. C'est un excellent point, qui rend l'utilisation agréable et sauve en grande partie l'appareil photo de ce MI4i. De nuit, la précision chute, la réactivité reste. A choisir, on aurait préféré le contraire. L'application photo est assez bien pensée, une fois qu'on a compris la logique. On retrouve donc le mode Refocus, qui permet d'ajuster la mise au point a posteriori, mais aussi l'embellissement (lissage de peau), le HHT (Hand Held Twilight, un mode nuit qui opère un assemblage de six vues prises à des sensibilités élevées), le minuteur, un mode manuel ou encore la panoramique. Cette dernière est fluide mais trop peu définie pour être utilisable, en revanche, la HDR fonctionne bien. On apprécie la présence de deux modes, HDR Direct (en une prise pour les sujets en mouvement) et HDR Amélioré (prend plus de temps mais donne de meilleurs résultats, notamment bien re-saturés). A l'inverse, on regrette l'absence de stabilisation optique. En résumé, c'est un bon appareil photo de jour pour des usages mobiles classiques (visualisation sur écran, partage, réseaux sociaux), mais ça se complique si on devient plus exigeant ou si la lumière faiblit.
Côté vidéo, le MI4i filme en 1080p à 30 im/s en H.264, avec un débit d'encodage de 15 Mbps. On craignait de trouver une image trop compressée, il n'en est rien. Le rendu est doux, probablement aidé ici par l'optique « molle ». Bon point également : on peut choisir le mode de mise au point, continue ou par tape sur l'écran. Et si les actualisations d'AF manquent de souplesse, elles restent précises. La stabilisation vidéo figure sein des options, mais elle contraint à passer en 720p.
Performances et autonomie[/anchor]
A configuration entrée / milieu de gamme, il faut s'attendre à des performances moyennes. Le MI4i pourra être rapproché de l'Aquaris M5 de BQ dont il partage nombre de caractéristiques. Le smartphone chinois obtient, à peu de chose près, les mêmes scores que son rival espagnol aux benchmarks habituels. Il lui vole même la vedette sur PC Mark de manière assez significative. Des performances qui suffiront pour la plupart des usages, mais ne garantissent pas une interface parfaitement fluide (l'adverbe a toute sa place ici), ni une expérience de jeu optimale sur des titres exigeants. Pour le reste, tout roule !Xiaomi a opté pour une batterie de 3 120 mAh, la même capacité que sur l'Aquaris M5. Nous avons laissé le MI4i en mode performances, celui utilisé pour obtenir les résultats exposés ci-dessus. L'enchaînement des épreuves de bureautique et multimédia perdure pendant 6 h 36, versus 8 h 06 pour le M5. C'est clairement décevant, le MI4i devrait faire mieux. Dans la pratique, on passe la journée mais si on tire vraiment dessus, on n'ira pas beaucoup plus loin. Signalons toutefois à l'avantage du MI4i par rapport au M5 que le smartphone de Xiaomi se recharge beaucoup plus vite. Allez, en bonus on a aussi lancé le test d'autonomie en mode équilibré, mais le verdict n'est guère différent : 6 h 43. Quand ça ne veut pas...
Conclusion[/anchor]
Le MI4i coûte 80 euros de moins que son rival espagnol Aquaris M5 de BQ. En matière de performances, le smartphone chinois fait aussi bien sinon mieux. Il bénéficie d'un design plus fin, d'une couche photo plus réactive (mais moins qualitative) et d'une colorimétrie d'écran plus juste. En revanche, ses 16 Go de stockage ne sont pas extensibles (aussi il vaut mieux tabler sur la version 32 Go vendue 240 euros), sa section audio est très en retrait, sa 4G n'est pas compatible avec la bande de fréquence 800 MHz, l'autonomie est moindre et son interface MIUI ne plaira pas à tout le monde. Son esthétique empruntée à iOS aguiche, mais à l'usage ce système d'exploitation n'est pas forcément plus commode. Par ailleurs, on utilise jamais la dernière version de la ROM, puisque celle officielle évolue plus vite qu'elle n'est traduite en français par des passionnés. Oubliez les mises à jour en OTA (téléchargement automatique direct). Sur le papier, c'est un bon rapport qualité/prix comme seules les marques 100 % chinoises semblent pouvoir en faire ; en apparence, le MI4i semble plus haut de gamme qu'il ne l'est, mais dans la pratique, certains aspects nous laissent sur notre faim (MIUI et 4G bridée, essentiellement).Si vous souhaitez vous procurer le Xiaomi MI4i, vous pouvez, entre autres, aller chez le distributeur - importateur Gearbest.
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