Test de l'iPhone 16e : le smartphone low cost d'Apple n'en est pas un

Trois ans après la sortie de l'iPhone SE de troisième génération, Apple cherche à se réinventer. En lieu et place d'un énième « SE », la famille de l'iPhone 16 s'agrandit avec ce nouveau modèle « 16e ». Un patronyme aussi énigmatique que bien trouvé : l'iPhone 16e est justement une belle énigme.

Nouveau nom donc, mais aussi et surtout nouveau design et configuration largement revue à la hausse, avec pour objectif clair d'offrir une alternative « low cost » qui permettra de profiter d'Apple Intelligence sans casser sa tirelire. Enfin, sans la casser en de trop petits morceaux. Avec un prix d'appel à 719€, Apple a tout intérêt à bien soigner sa copie pour séduire. L'iPhone 16e a-t-il vraiment les bons arguments pour convaincre, dans un monde où l'iPhone 15 Pro peut se trouver aux alentours de 800€ en reconditionné ?

Test réalisé sur un smartphone prêté par le constructeur.

Dans la boîte de l’iPhone 16e

• Un câble USB-C vers USB-C.

Design : un iPhone 14 modernisé

Ainsi la rumeur disait vrai. Avec l'iPhone SE, Apple enterre donc une partie de son histoire. Il n'existe plus aucun smartphone Apple doté d'un bouton Touch ID, pas plus qu'il n'en existe avec un écran plus petit que 6,1". Comme le prédisait la rumeur, l'iPhone 16e est en effet un iPhone 14 réinventé.

Ce n'est pas une formule : les deux iPhone partagent à l'identique leurs dimensions. Il s'agit donc d'un smartphone relativement compact, et surtout très léger. Chose qui, après des mois à utiliser l'iPhone 16 Pro Max, fait un bien fou à mes poignets.

Alors on le connait bien, ce design. Et il fait parfaitement le job. Si l'on regrette forcément que la « vieille encoche » (pas de Dynamic Island ici) soit de rigueur et que les bordures de l'écran soient assez vilaines par rapport aux derniers modèles. On retrouve immédiatement ses marques.

À titre personnel, j'apprécie particulièrement qu'Apple ait intégré le bouton Action à la tranche de son iPhone 16e. Un bouton/raccourci à tout faire, qui peut être paramétré pour à peu près tout ce que vous pouvez imaginer.

Totalement mat, conçu en aluminium, l'iPhone 16e se recharge bien entendu en USB-C, mais fait l'impasse sur MagSafe. Une absence totalement inexplicable (tous les iPhone depuis le 12 en profitent), qui tire vers le bas les capacités de recharge sans fil du smartphone (et empêche de profiter de la myriade d'accessoires compatibles).

Au dos, on remarque aussi qu'Apple n'intègre qu'un unique capteur photo. Un minimalisme que j'apprécie - toujours en opposition au gigantisme de mon Pro Max, mais qui laisse aussi imaginer les limites du mobile en matière de photographie.

Enfin, on soulignera que le smartphone est certifié IP68 et résiste donc parfaitement aux immersions accidentelles, jusqu'à 6 mètres de profondeur pendant 30 minutes.

Écran : l’OLED s’invite sur le smartphone le plus abordable

Comme l'iPhone 14, l'iPhone 16e intègre donc un écran OLED de 6,1 pouces (15,5 cm de diagonale). On ne va pas tourner autour du pot : il est évidemment cadencé à 60 Hz, comme tous les smartphones « non Pro » d'Apple. Regrettable, oui, mais acceptable sur un modèle « d'entrée de gamme ». Personnellement, je n'y prête pas une grande attention.

La calibration de la dalle est tout à fait correcte, et on se laisse volontiers guider par True Tone, la technologie qui vient ajuster la température de l'afficheur en fonction de la luminosité ambiante. Les couleurs ne sont ni trop saturées, ni trop ternes. Un iPhone pur jus donc, qui prend néanmoins en charge les contenus HDR - jusqu'à un pic lumineux de 1 200 nits.

Un écran donc moins lumineux que l'iPhone 16, qui plafonne à 1 600 nits. En extérieur, forcément, on remarque la différence. Je n'ai toutefois rencontré aucune difficulté à lire mon écran, même sous un beau soleil.

Performances : paré pour l’IA

Apple claironne que l'iPhone 16e profite de la même puce que l'iPhone 16 : l'A18. Cela n'est pas tout à fait exact. On s'aperçoit en lisant la fiche technique du smartphone que la version de l'iPhone 16e fait l'impasse sur un des quatre cœurs graphiques (GPU). Naturellement, ce dernier est donc un tout petit peu moins performant, un tout petit peu moins joueur que les autres modèles plus nantis.

Je n'ai pour autant rencontré aucune résistance majeure sur Genshin Impact ou Infinity Nikki (même si ce dernier plafonne à 30 images/s, la qualité graphique est au rendez-vous). Plus étonnant : la chauffe est plutôt maîtrisée. Même après mon round habituel de benchmarks, l'iPhone 16e reste tout à fait manipulable.

Mais si les performances graphiques ne sont peut-être pas un critère important pour vous, sachez qu'un autre détail distingue l'iPhone 16e de son grand frère : il ne supporte que le Wi-Fi 6, et pas le 6e ou le Wi-Fi 7. Pas franchement future proof, tout ça.

Cela est d'autant plus dommage que l'iPhone 16e fait date en étant le tout premier smartphone d'Apple à profiter d'un modem 5G conçu par Apple, la puce C1. Promise comme plus efficace que les modèles de Qualcomm qui équipent le reste du parc, elle sera amenée à se retrouver sur les prochains smartphones de la pomme.

Au quotidien, en revanche, cela ne risque pas de changer quoi que ce soit pour vous. La réception est aussi bonne que sur l'iPhone 16, et les débits ne varient pas dans des proportions notables. C'est donc plus une bonne nouvelle pour Apple que pour le consommateur.

Interface : parée pour l’IA ?

Si Apple fait une nouvelle fois une partie de sa com’ sur la compatibilité de l’iPhone 16e avec Apple Intelligence, il arrive, comme les iPhone 16 avant lui, un peu à poil. Bon, dans son cas, il n’y aura pas bien longtemps à attendre : iOS 18.4, et Apple Intelligence, arrivent en avril. On peut d’ailleurs déjà en profiter en passant par la version bêta pour développeurs d’iOS.

Pour le reste, c’est bien un iPhone 16e sous iOS 18.3 qui nous arrive. Une version qui a fait la part belle à la personnalisation, avec ces horribles icônes colorées et le placement libre des applications sur l’écran d’accueil.

Rappelons-le : pas de Dynamic Island sur l’iPhone 16e. Il vous faudra donc consulter le centre de commande pour contrôler le titre en cours de lecture, par exemple. En revanche, les « actualités en direct » (par exemple votre livraison de repas via Uber Eats) sont bel et bien affichées sur l’écran de verrouillage.

Toujours aussi pratique, le bouton Action peut quant à lui être paramétré à l’envi via les réglages du smartphone. Comme à mon habitude, j’ai opté pour un accès rapide menant à la télécommande de mon Apple TV, mais on peut à peu près mettre n’importe quoi sur ce raccourci accessible du pouce.

Malgré son statut de « porte d’entrée » dans l’écosystème Apple, l’iPhone 16e propose malgré tout la détection d’accidents, ainsi qu’une connectivité satellite pour pouvoir contacter les urgences dans des environnements privés de réseau. Une fonction gratuite pendant deux ans à compter de la première activation du téléphone. Et après ? Apple doit encore nous le préciser.

Mais, comme d'habitude avec Apple : opter pour un iPhone, c'est s'assurer d'un suivi logiciel exemplaire, qui durera environ 6 ans, avec des mises à jour régulières et autant de nouvelles fonctions logicielles ajoutées au fur et à mesure.

En cela, et grâce à la puce A18 compatible avec Apple Intelligence, l'iPhone 16e peut donc être considéré comme le bon produit pour prendre le train de l'IA à quai, et s'assurer que les futures fonctionnalités pourront s'y épanouir. À moins, bien sûr, qu'Apple ait besoin de davantage de puissance de calcul pour le déploiement de nouvelles features, lesquelles auront alors besoin d'une puce encore plus avancée… excluant de fait l'iPhone 16e.

Ce ne sont là que des conjectures, bien entendu. Mais Apple ayant fait le choix d'une IA s'exécutant localement afin de renforcer la confidentialité des données, ce n'est pas une hypothèse que l'on peut exclure.

Appareil photo : un unique capteur qui se défend

L'iPhone 16e n'embarque qu'un unique capteur. Un grand-angle, de 48 mégapixels. Pourtant, il ne s'agit pas de l'exact même capteur qui équipe l'iPhone 16 classique. Si la résolution est identique, la taille du capteur est en baisse, suggérant ainsi un piqué moins important et des images globalement moins alléchantes.

La configuration photo de l'iPhone 16e :

• Grand-angle : 48 Mpx, ƒ/1.6, OIS ;
• Selfie : 12 Mpx, ƒ/1.9, AF.

Grand-angle

L'iPhone 16e propose de très bonnes photos, surtout en journée. Les photos sont détaillées, la dynamique bien respectée (les ombres restent lisibles et les hautes lumières ne brûlent jamais) et le contraste parfaitement dosé.

Le traitement numérique, assez neutre, peut être ajusté à l'envi à l'aide des « styles photographiques », une fonction apparue sur l'iPhone 14 Pro et permettant d'appliquer une signature colorimétrique non destructive à tous les clichés pris à l'iPhone. Autrement dit : libre à vous de venir renforcer le contraste, de refroidir ou a contrario de réchauffer l'apparence de toutes vos photos.

Comme les autres iPhone équipés d'un module 48 mégapixels, il est possible de prendre des clichés en JPG Max en utilisant tous les pixels du capteur. Cela autorise un crop plus généreux, mais aussi une meilleure rétention de détails sans pour autant nuire au traitement habituel appliqué sur les photos. En revanche, cela se paie au prix d'un déclenchement un peu ralenti.

Téléobjectif / zoom

Forcément, pas de téléobjectif sur l'iPhone 16e. Mais, comme les autres iPhone avec capteur dernier cri, le dernier de la famille peut utiliser un grossissement numérique 2x « sans perte ». Ce qu'il se passe en réalité, c'est qu'une photo est prise en 48 mégapixels, et que l'iPhone vient rogner au centre de l'image. On récupère ainsi une photo de 12 mégapixels tout à fait exploitable, singeant une focale de 50 mm.

Personnellement, c'est le mode que je préfère utiliser - simplement car cela offre des angles de vision peu communs pour des photos au smartphone. La qualité optique reste homogène, même si mieux vaut ne pas trop se pencher sur les détails lorsque la lumière vient à manquer.

Comme d'habitude sur iPhone, on évitera en revanche de jouer avec le zoom numérique. Aucune intelligence artificielle n'est ici à l'œuvre pour venir reconstruire l'image, et l'image est forcément détériorée.

Photos de nuit

L'objectif du capteur grand-angle dispose d'une ouverture assez généreuse, à ƒ/1.6. Cependant, comme nous l'écrivions plus haut, la taille du capteur assez modeste ne permet pas de miracles en basse luminosité.

Si un mode nuit est évidemment en place, il nécessite que votre sujet se tienne parfaitement immobile pour des résultats probants. Mais, même dans ce genre de configurations, le bruit dans les ombres reste important. Il s'agit incontestablement d'une caméra qui n'est vraiment à l'aise qu'en journée.

Portraits et selfies

Comme tous les iPhone depuis le X, le 16e dispose d'un mode portrait qui, sur un sujet humain, propose un très joli bokeh avec un grossissement 2x. Problème : il ne fonctionne que sur les humains. Vous avez bien lu, et c'est inexplicable. Les portraits de l'iPhone sont totalement numériques ; le flou est généré par le processeur. Un processeur qui, à en juger par ses capacités, serait normalement parfaitement capable d'identifier un animal et de venir flouter l'arrière-plan.

Alors, forcément, on s'ennuie un peu. Ce qui est vrai pour les animaux est vrai aussi pour les objets et les natures mortes : aucun autre sujet qu'un être humain ne peut profiter du mode portrait de l'iPhone 16e. Regrettable, pour un smartphone à, rappelons-le, 719€. Même un Xiaomi d'entrée de gamme permet d'immortaliser son animal de compagnie dans de bonnes conditions.

Le capteur avant, toujours de 12 mégapixels, est quant à lui égal à lui-même. Il fait honneur à la carnation du sujet, respecte la dynamique de la scène, mais manque forcément d'un peu de muscle pour proposer des clichés de très bonne qualité.

Vidéo

L'iPhone 16e est capable de filmer en 4K à 60 images par seconde (ips), et même à 120 ips pour faire de beaux ralentis. On peut effectuer une captation en Dolby Vision, et également utiliser la fonction Audio Mix inaugurée sur les iPhone 16 pour réduire les sons parasites pendant une prise.

Dommage que la stabilisation ne soit pas au même niveau que celle de ce dernier. En effet, on compte ici sur une stabilisation optique (OIS), là où celle de l'iPhone 16 et ultérieur embarque un moteur venant compenser chaque mouvement du smartphone. Les à-coups sont donc plus visibles ici.

Autonomie : le plus grand atout de l’iPhone 16e  ?

Les « petits iPhone » ne sont pas franchement réputés pour être de grands marathoniens. Pourtant, l'iPhone 16e étonne par son autonomie, et à plus d'un titre.

Le petit dernier de la famille tient la dragée haute à son grand frère, et m'a permis de tenir un jour et demi, avec à peine moins de 7h de temps d'écran réparti entre jeux, tournage, scroll intensif sur l'actualité déprimante de notre bas monde et consommation débridée de Twitch.

Une petite heure ou deux de plus que l'iPhone 16 donc, mais toujours aucun progrès notable du côté de la recharge. Comptez 1h30 pour refaire le plein, comme d'habitude. Enfin, rappelons que MagSafe était absent, la recharge rapide n'ira pas plus haut que 7,5 watts.

iPhone 16e : prix, disponibilité et concurrence

L’iPhone 16e est disponible dans le commerce depuis le vendredi 28 février 2025. Il est lancé dans les coloris noir et blanc et dans les configurations suivantes.

• 128 Go : 719€ ;
• 256 Go : 849€ ;
• 512 Go : 1 099€.

Un prix en nette hausse par rapport à l’iPhone SE de 2022 (+190€), mais très inférieur à celui de l’iPhone 16 (-250€). Forcément, la concurrence est rude pour l’iPhone 16e - même si le segment 600-800€ est tristement déserté par les fabricants.

On opposera alors à l’iPhone 16e le Samsung Galaxy S24 FE, ou naturellement le Google Pixel 9a dont la sortie ne devrait plus trop tarder. Le realme GT7 Pro est également un redoutable concurrent pour le dernier iPhone, tout comme le Xiaomi 14T Pro.

iPhone 16e : l'avis de Clubic