Design et composants
Le BlackBerry PRIV dispose d'un écran de 5,4 pouces pour une définition de 2 560 x 1 440 pixels et une résolution de 540 ppp. Il offre de très bons angles de vue et arbore des courbes sur les côtés latéraux. Toutefois, contrairement au Samsung Galaxy S6 Edge, l'appareil ne dispose pas d'une zone dédiée tirant parti de ces courbes.Le BlackBerry PRIV se positionne sur le haut de gamme. Il est propulsé par un SoC Qualcomm 808 (MSM8992 Hexacore), doté d'une architecture en 64-bit avec un Adreno 418 à 600 Mhz pour la partie graphique. Le tout est épaulé par 3 Go de mémoire vive.
Côté stockage, nous retrouvons 32 Go d'espace interne, extensibles via un lecteur de cartes microSD. La batterie est de 3 410 mAh. Notons que la recharge sans fil est pour l'heure uniquement disponible aux Etats-Unis. Aussi on aurait apprécié un port USB de Type C compatible USB 3.0, mais BlackBerry a opté pour un port mini USB classique.
Lors de la première prise en main, le smartphone nous semble de prime abord relativement imposant face aux produits de la concurrence. L'appareil affiche une épaisseur de 9,4 mm contre 6,9 mm pour le Galaxy S6 ou 7,1 mm pour l'iPhone 6s. Il faut dire que le BlackBerry PRIV embarque un clavier physique coulissant.
Le bouton d'allumage est positionné sur la tranche latérale de gauche, ce qui n'est, d'emblée, pas tout à fait naturel (en tout cas, pour un droitier). A l'opposé, nous retrouvons les touches de volume séparées par un bouton permettant de configurer rapidement le niveau sonore des notifications, des applications multimédia et de l'alarme.
Le clavier physique et virtuel
Si le clavier physique coulissant n'est plus à la mode, BlackBerry estime qu'un certain nombre de mobinautes regrettent son absence. La société entend donc se démarquer en y apportant sa technologie déposée sur le BlackBerry PRIV avec un clavier physique coulissant vers le bas.L'écran du PRIV ne s'étend pas sur toute la longueur du smartphone. Sur la partie inférieure, il est stoppé juste au-dessus des haut-parleurs par une arête métallique. Il sera donc très facile de dégainer ce clavier coulissant. En revanche, vu de profil, l'effet de cette butée n'est pas des plus esthétiques.
Le clavier dévoile 35 touches biseautées, marque de fabrique de BlackBerry. Lorsque celui-ci est déployé, nous obtenons une bonne balance entre les mains pour initier la saisie d'un texte. Ce n'est toutefois pas le meilleur clavier que la société ait conçu. Au-delà du fait que nous n'avons pu tester qu'une version QWERTY, les touches sont relativement serrées les unes contre les autres. La frappe ne nous semble pas aussi agréable que sur BlackBerry Q10 ou Passport par exemple. On pourrait se demander pourquoi la société n'a pas opté pour un clavier plus aéré coulissant sur la tranche.
Le constructeur explique que la frappe devrait être plus rapide que sur un clavier virtuel. Cela reste un sentiment très subjectif. Les habitués du clavier physique n'auront probablement pas besoin de regarder les touches lors de la saisie d'un mot mais pour certains, il est plus aisé de saisir un texte d'une seule main sur un clavier virtuel.
BlackBerry y a également couplé ses diverses technologies précédemment implémentées au sein du BlackBerry Passport. En effet, le clavier fait également office de touchpad répondant à certains tracés du doigt.
Ainsi, lors de la saisie d'un texte, un glisser du doigt vers la gauche effacera le dernier mot saisi. Il suffira de passer son doigt vers le haut sous l'une des suggestions de mot pour sélectionner cette dernière. Aussi, un glissement vers le bas dévoilera un clavier virtuel avec les divers caractères spéciaux. Enfin, il suffira de double taper sur le clavier physique pour initier un mode de trackpad avec un curseur à déplacer de lettres en lettres, afin par exemple d'effectuer une correction ou une sélection.
Tout comme avec BlackBerry 10, le touchpad du clavier s'intègre plutôt bien au sein d'Android. Il permettra de faire défiler les différents écrans de l'accueil avec un geste de droite à gauche, ou le contenu d'une page Web ou la liste des messages de haut en bas. Les applications n'ont pas besoin d'être optimisées puisque BlackBerry a interfacé son clavier physique directement avec les API fournies pour Android.
En revanche, le mode zoom/dézoom avec un pincement ne fonctionne pas partout. Il permettra de consulter davantage de plages horaires au sein du calendrier natif, mais contrairement à BlackBerry 10, il ne servira pas à filtrer la liste des messages selon leur état (lus ou non lus). Par ailleurs, le zoom devra être directement à l'écran sur des applications comme Chrome ou Google Maps.
Les développeurs ont également porté sur Android le clavier virtuel précédemment embarqué au sein des terminaux tactiles sur BlackBerry 10. Ce dernier rappelle donc fortement celui du BlackBerry Leap. Au fur et à mesure de la frappe, diverses suggestions de mots sont affichées en surcouche. Il suffira encore une fois de glisser son doigt vers le haut sous l'une d'entre elles pour la sélectionner. La meilleure suggestion sera naturellement positionnée directement dans la barre d'espace pour une visibilité accrue. Comme sur le clavier physique, un glisser de droite à gauche permettra d'effacer le dernier mot saisi.
Notons que le clavier peut gérer simultanément jusqu'à trois langues et jongler avec trois dictionnaires pour les suggestions.
Android : les spécificités de BlackBerry
Le BlackBerry PRIV est livré avec Android Lollipop 5.1.1. Interrogée par nos soins, la société nous confirme qu'une mise à jour vers Android Marshmallow 6.0 est bien prévue. Aucune date précise n'a toutefois été partagée. En apparence, le PRIV n'affiche pas une interface lourdement personnalisée. Cette dernière ressemble plutôt à s'y méprendre à la version stock du système disponible sur les terminaux de la gamme Nexus.Cependant, le PRIV est livré avec un certain nombre d'applications développées en interne. Pour l'heure, elles sont strictement réservées au PRIV, mais BlackBerry n'exclut pas de les rendre disponibles pour les autres smartphones équipés de l'OS de Google à l'avenir.
Le BlackBerry Hub
L'une des applications particulièrement appréciées de BlackBerry 10 reste certainement le Hub de messagerie. Celui-ci a pour vocation de regrouper l'ensemble des messages, qu'il s'agisse de SMS, e-mail, notifications de réseaux communautaires ou messageries instantanées. Le Hub a été porté sur Android.
La prise en main du Hub est relativement facile, quoiqu'un peu différente du BlackBerry 10. L'entreprise affirme être en train de travailler étroitement avec divers fournisseurs de services de messagerie pour une bonne intégration. Après quoi, elle pourrait publier des interfaces de programmation pour les autres éditeurs.
BlackBerry a introduit des options intéressantes, notamment en reprenant quelques fonctionnalités des messageries sur Android avec la possibilité d'associer une gestuelle sur un message à une action (Snooze, marquer lu/non lu, supprimer...). A noter aussi la possibilité de paramétrer des réponses rapides, de définir une couleur pour chaque compte ou encore de personnaliser le voyant de notifications.
Enfin, à l'instar de BlackBerry 10, il sera possible de consulter un aperçu de ses rendez-vous de la journée en effectuant un glissement vers le bas sur la liste des messages.
L'onglet de productivité et les raccourcis permanents
Sur le PRIV, il n'est pas possible d'accéder au Hub depuis n'importe quelle application en traçant une gestuelle sur l'écran. La société a donc contourné les limites du système avec deux raccourcis pouvant être accessibles et activés en permanence.
Par défaut, l'onglet de productivité est positionné sur la droite avec une petite languette qu'il suffira d'ouvrir. Ce volet dynamique offre un aperçu de ses prochains rendez-vous du calendrier, des derniers messages du Hub, des tâches ou des contacts préférés. Il s'agit en quelques sortes d'un tableau de bord permanent qui s'avère plutôt pratique à l'usage. Dommage qu'il ne soit pas possible de personnaliser les applications pouvant y figurer.
BlackBerry a également choisi d'ajouter une action offrant trois possibilités à l'utilisateur, via un appui prolongé sur la touche virtuelle Accueil. Celle-ci propose effectivement de glisser son doigt vers trois options : effectuer une recherche interne avec le moteur universel, effectuer une recherche sur Google ou accéder au Hub de messagerie.
Contacts et calendrier
BlackBerry a pris le parti de développer ses propres applications de contacts et de calendrier. L'idée est bien entendu d'optimiser leur prise en main en y intégrant quelques fonctionnalités supplémentaires.
Dans le carnet d'adresses, il est possible d'effectuer une recherche sur serveur distant, par exemple lorsqu'un compte de type Exchange est configuré. Il est aussi plus simple d'accéder à ses contacts favoris ou de créer des groupes, par exemple pour la famille, les amis ou les collègues de travail.
Pour BlackBerry, le calendrier de Google n'est pas satisfaisant. L'éditeur a donc conçu son propre agenda, lequel s'invite directement au sein du Hub, par exemple pour accepter une invitation reçue par email, mais aussi à Google Now pour y dicter l'ajout d'un nouvel événement.
Les "Widgets surgissants"
Si les widgets d'Android permettent en un coup d'œil d'obtenir plusieurs types d'informations, ils prennent de la place sur les écrans d'accueil et n'arborent pas toujours un style uniforme.
BlackBerry s'inspire ainsi des launcher Android alternatifs comme Action Launcher pour proposer, ce qu'ils appellent des « widgets surgissants ». Concrètement, sur les raccourcis de l'écran d'accueil, il est possible d'associer un widget, lequel s'ouvre lorsque le mobinaute glisse son doigt de haut en bas ou de bas en haut sur l'icône d'une application.
Le principe est relativement intelligent et n'est pas sans rappeler les possibilités offertes avec la fonctionnalité Force Touch sur les derniers terminaux équipés d'iOS. En revanche, l'implémentation de BlackBerry n'est pas aussi flexible que chez certains autres éditeurs. Pour une application donnée, seuls les widgets qui lui sont officiellement rattachés, sont disponibles. Il n'est par exemple pas possible d'associer le widget de messagerie vocale d'un opérateur mobile à l'application Téléphone.
Le moteur de recherche
En dégainant pour la première fois le clavier physique et en commençant à saisir un texte depuis l'écran d'accueil, le PRIV propose d'emblée d'effectuer une recherche soit sur le moteur universel de BlackBerry, soit sur Google Now.
Le moteur de BlackBerry présente plusieurs catégories raffinées au fur et à mesure de la saisie du mot-clé. Le moteur propose une suggestion de requête et la page de résultats affiche tout d'abord des actions classiques (rédiger un email, un SMS, passer un appel....)
Puis une recherche croisée est effectuée sur le smartphone parmi les applications installées, les contacts du carnet d'adresses, les favoris du navigateur, les photos de la galerie, les email du Hub, les événements du calendrier ou encore les pages de support. La recherche est assez réactive et les résultats plutôt pertinents. On a néanmoins tendance à vouloir faire défiler la page de résultats depuis le touchpad du clavier, une opération qui résulte en la sélection de termes suggérés venant s'ajouter à la requête.
BlackBerry propose également une recherche étendue au sein de diverses applications compatibles. Pour l'heure, c'est le cas de Google Drive, Docs, Sheets, Slides, Maps, mais aussi de Twitter du Play Store ou encore du gestionnaire de mots de passe BlackBerry Password Keeper.
DTEK
Pour son premier smartphone Android, BlackBerry mise sur la sécurité et estime avoir le smartphone le plus sécurisé équipé du système de Google. Outre les configurations sur le serveur BES pour les entreprises, l'appareil est livré avec l'application DTEK. Celle-ci passe au crible plusieurs critères afin de déterminer le degré de sécurité du smartphone.
Ainsi, il sera possible de savoir quelles applications ont accédé à quelles données privées. Le mobinaute pourra gérer plusieurs options de sécurité comme la définition d'un mot de passe, la gestion de l'appareil à distance, ou encore, vérifier l'intégrité du système d'exploitation, les droits de téléchargement d'applications mobiles...
L'appareil photo
Le BlackBerry PRIV dispose d'un appareil photo de 18 mégapixels avec une optique estampillée Schneider-Kreuznach qui ouvre à f/2.2 Nous retrouvons une stabilisation optique ainsi qu'un mode HDR. Malgré la configuration matérielle du smartphone, l'appareil photo ne se montre pas particulièrement réactif.En extérieur, nous obtenons un rendu plutôt bon et assez contrasté. Lorsque le mode HDR est désactivé, le Priv tend à surexposer, une propension qui semble venir du système de mesure d'exposition trop tranché et centré sur la zone de mise au point ; un problème que nous avions déjà soulevé sur le BlackBerry Leap. Il est alors conseillé d'activer le mode HDR afin d'éviter un différentiel de colorimétrie particulièrement important.
Gauche : Mode HDR désactivé - Droite : Mode HDR activé
Extraits à 100%
En intérieur, sur notre scène de test sous éclairage artificiel, le rendu colorimétrique est bon, et toujours assez contrasté. Un zoom à 100% révèle toutefois un peu de grain.
Dans un environnement ombragé (projecteur à 1% de leur puissance), l'image est particulièrement lumineuse. Le capteur est monté en sensibilité à 500 ISO. L'image est certes bruitée mais plus que correcte.
Autonomie
Le BlackBerry PRIV dispose d'une batterie non amovible de 3410 mAh. Nous effectuons notre test avec l'utilitaire PC Mark et le résultat s'avère plutôt modeste. Il semblerait que la batterie du PRIV ne soit pas optimisée.Le PRIV affiche un score de 6 heures 38 minutes ou 398 minutes. Il s'agit par conséquent d'un score équivalent au Samsung Galaxy S6, lequel embarque une batterie de 2550 mAh. De son côté, bien que le Nexus 5X semble être moins performant que le PRIV, il bénéficie d'une autonomie de 436 minutes avec une batterie de 2700 mAh. Reste que dans un usage "normal" (téléphone, messagerie, surf....) le smartphone tiendra la journée, notamment si l'utilisateur n'est pas adepte de jeux sur mobile.
Benchmarks
Avec GeekBench 3, nous évaluons la puce Snapdragon 808 embarquée au sein du BlackBerry PRIV. Le résultat multicoeur est de 3378. Il est un peu meilleur que sur le Nexus 5X disposant d'un SoC similaire mais réparti différemment (4 coeurs à 1,4 GHz + 2 cœurs à 1,8 GHz chez LG contre 4 cœurs à 1,8 GHz + 2 cœurs à 1,4 GHz chez BlackBerry) mais logiquement moins bon que le HTC One M9 et son Snapdragon 810.
Avec GFX Bench, nous passons au crible les performances graphiques de l'Adreno 418. Le score est de 15 FPS, c'est trois fois moins bon que l'iPhone 6s et bien en dessous du OnePlus 2 et de son GPU Adreno 430
L'outil 3D Mark passe en revue les performances globales du smartphone. Celle-ci confirme les résultats modestes face aux modèles équipées d'une puce plus véloce comme le Galaxy S6 ou le OnePlus 2. En revanche, le PRIV se montre plus performant que le Nexus 5X lui aussi doté d'un SoC Snapdragon 808.
Conclusion
Android à la rescousse de BlackBerry ? L'idée n'est peut-être pas si farfelue. Certes, à l'usage, BlackBerry 10 nous semble tout de même mieux taillé pour la productivité, mais les efforts portés par la société canadienne sur le système de Google sont plutôt prometteurs.Qu'il s'agisse de la recherche universelle, du Hub, du clavier virtuel ou encore des différents raccourcis, BlackBerry a su s'imposer de manière discrète et élégante sur Android avec semble-t-il un seul objectif : faciliter l'accès aux informations du quotidien. En ce sens, le pari est plutôt réussi. Le PRIV respecte ainsi l'esprit de la société et s'ouvre à un véritable écosystème d'applications mobiles. Voilà donc un défaut de gommé car c'est bien souvent le manque d'applications disponibles que pointent les mobinautes.
Côté matériel, BlackBerry devra toutefois mieux maîtriser le système de Google. En effet, pour cette première tentative, le smartphone affiche de bonnes performances mais la batterie est plutôt décevante. L'appareil photo est globalement bon tandis que le déclencheur s'avère assez lent.
Mais c'est le clavier physique qui soulève naturellement le plus de questions. Ce dernier s'intègre très bien au sein du système Android, il offre une bonne balance lors de la frappe et les gestuelles associées sont agréables à utiliser. En revanche, BlackBerry n'a pas choisi la meilleure implémentation matérielle. Déjà avec le BlackBerry Torch et son clavier coulissant vers le bas, les touches n'offraient pas un confort de frappe optimal. C'est quand même dommage pour un premier coup d'essai sur Android censé démontrer le savoir-faire de la société. On aurait préféré un clavier physique plus fonctionnel coulissant sur la tranche ou simplement en dessous d'un écran plus petit et profitant de toute la largeur.
Enfin, comme pratiquement à chaque fois chez BlackBerry, le terminal est relativement cher. A l'heure où nous écrivons ces lignes, il est effectivement commercialisé pour 799 euros chez Amazon ou à la Fnac, ou 779 euros sur la boutique officielle. C'est plus cher que les Samsung Galaxy S6 Edge ou S6 Edge Plus, ou que le Sony Xperia Z5, tous disposant d'une configuration matérielle plus évoluée.
BlackBerry aura donc du mal à convaincre les aficionados d'Android. Quant aux détenteurs actuels d'un smartphone BlackBerry, ils préféreront probablement attendre la prochaine génération du PRIV, laquelle proposera certainement une expérience plus mature avec le système de Google.
Pour aller plus loin : découvrez notre comparatif des meilleurs smartphones.