Versus est de retour, et aujourd'hui nous nous attaquons à deux smartphones du milieu de gamme sortis récemment : les Huawei P30 Lite et le Google Pixel 3a - deux téléphones vendus sous la barre des 400€.
D'un côté nous avons Huawei, un constructeur rompu à la pratique de décliner ses flagships en trois modèles. Ce P30 Lite (notre test complet ici) se pose ainsi comme la dernière roue du carrosse P30, qui comprend également les excellents P30 et P30 Pro.
De l'autre, un challenger, et pas des moindres : Google. Cette année, la firme de Mountain View a décidé de créer l'événement autour d'un smartphone de moyenne gamme, là où les précédentes itérations de ses Pixel s'étaient limitées au segment le plus premium du marché.
C'est donc un véritable pari dans lequel se lance Google. A-t-il ce qu'il faut pour venir bouleverser un Huawei qui a justement fait ses armes sur le milieu de gamme ? C'est tout l'objet de ce nouveau Versus, dédié au P30 Lite et au Pixel 3a (notre test complet ici) .
Huawei P30 Lite / Google Pixel 3a : les fiches techniques
Comme d'habitude, récapitulons les caractéristiques techniques des deux appareils.Nous avons affaire à deux smartphones aux caractéristiques sensiblement proches. Chacun embarque un SoC de milieu de gamme offrant des performances moyennes ainsi qu'un petit 4 Go de mémoire vive. On remarque néanmoins que le smartphone de Huawei est plus généreux en disposant de 128 Go de stockage ainsi que la possibilité d'étendre ce stockage jusqu'à 1 To via micro SD.
Les deux smartphones disposent d'une prise jack 3.5 mm, peuvent être rechargés rapidement à 18 Watts et sont incompatibles avec la recharge sans-fil.
Il est néanmoins deux différences majeures entre le Huawei P30 Lite et le Google Pixel 3a. D'une part, leur design. À commencer par leur écran qui est "sans bord" chez l'un, et disons "old school" chez l'autre. Autre dissemblance de taille : leur attirail photographique.
Avec la famille P30, Huawei a mis les deux pieds dans la tendance du moment - à savoir la multiplication des capteurs photo. L'objectif (c'est le cas de le dire) est d'offrir plus de polyvalence à ses smartphones en intégrant un capteur standard, un télé-objectif ainsi qu'un très grand-angle. Le P30 Pro embarque même un quatrième capteur dédié à la profondeur de champ.
On retrouve ainsi au dos du P30 Lite pas moins de trois objectifs distincts, alors que le Google Pixel 3a se la joue encore une fois anachronique avec un unique capteur de 12 mégapixels. Faut-il pour autant se précipiter à déduire que le P30 Lite est plus à l'aise en photographie ? Pas si vite ; nous y reviendrons dans la dernière partie de ce comparatif.
Prise en main et finitions
S'il y a bien une concession évidente à faire lorsque l'on opte pour un smartphone de milieu de gamme, c'est le design. Les smartphones les plus onéreux étant de plus en plus pensés comme des produits de luxe, l'essentiel des ors est logiquement réservé aux smartphones haut de gamme, voire très haut de gamme.De là à dire que les constructeurs ne font aucun effort sur leurs téléphones moins chers, il n'y a qu'un pas. Pourtant ici, pour un cas comme pour l'autre, les P30 Lite et Pixel 3a respectent bien les lignes esthétiques de leurs aînés.
Le smartphone de Huawei ressemble d'ailleurs à s'y méprendre au P30 "standard" ; à quelques détails près. L'écran d'abord, est pourvu de bordures légèrement plus généreuses que sur le P30, tout en affichant une diagonale identique similaire de 6,15 pouces.
Tout comme les P30 et P30 Pro, ce modèle Lite dispose d'une petite encoche en forme de "goutte d'eau" qui loge la caméra frontale. Un moindre mal, puisque le smartphone affiche un taux d'occupation de l'écran d'environ 85%. Autant dire que le plaisir de visionnage est présent sur le P30 Lite, qui se veut malgré tout raisonnable dans ses dimensions.
Compacte, le P30 Lite affiche les mensurations suivantes : 152,9 x 72,7 x 7,4 mm pour 159 grammes. Le smartphone reste ainsi parfaitement utilisable à une main, tout en offrant une surface de lecture suffisamment large pour profiter de tous ses contenus audiovisuels.
Au dos, le P30 Lite n'est pas franchement aidé par un plastique très sensible aux griffes et traces de doigts. Un problème qu'évite de justesse le Pixel 3a en arborant un revêtement donnant une impression "bimatière", brillante sur le haut et mate sur les 3/4 inférieurs. Particulièrement doux au toucher, pour ce que ça vaut, ce revêtement parfait la prise en main de ce Pixel 3a, qui s'impose déjà comme une référence auprès de celles et ceux préférant les smartphones aux dimensions contenues (151,3 x 70,1 x 8,2 mm pour 147 grammes).
Pourtant, rien ne pourra nous enlever l'impression qu'il se dégage du smartphone de Google un petit parfum de 2016. Retour dans un monde où on ne se posait pas la question de savoir qui de l'encoche, de la "goutte d'eau", du poinçon, de la caméra pop-up ou que sais-je encore est la meilleure solution pour maximiser la surface d'affichage.
Des bordures, le Pixel 3a en a et il les revendique. Le front et le menton de l'appareil affichent des marges d'un bon centimètre, et les côtés de l'écran laissent eux aussi apparaître des liserés noirs réduisant d'autant plus le ratio corps-écran (75% seulement).
Oui, si les dimensions des deux smartphones de ce duel sont proches, l'écran du Pixel 3a ne mesure que 5,6 pouces contre 6,15 pour son concurrent. Un coup dur pour les amateurs de contenus sur leur smartphone, auxquels nous recommanderont davantage de se tourner vers le Pixel 3a XL (479€), pourvu d'un écran de 6 pouces.
Une différence de philosophie claire émerge ici. Nous devons finalement juger entre un smartphone répondant aux codes esthétiques actuels et un autre versant dans le nostalgique.
Puisque la prise en main est bonne et le feeling presque identique entre les deux smartphones, nous privilégierons pour cette catégorie le Huawei P30 Lite. Contrairement au Pixel 3a, le smartphone du géant chinois nous apparaît comme plus à même de répondre aux usages d'aujourd'hui.
Des performances sensiblement identiques
La plupart des smartphones du milieu de gamme ont beau partager de nombreux points communs sur leur fiche technique, le calcul de leurs performances varie parfois du simple au double. De nombreux paramètres entrent en compte. Entre la génération du SoC, la rapidité du processeur et les performances brutes du chipset graphique, il faut également garder en tête la quantité de mémoire vive ainsi que sa fréquence, mais aussi le type de puce de stockage utilisée et les débits qu'elle octroie.Une chose est certaine : si vous n'utilisez votre smartphone qu'à but consultatif et que vous évitez de jouer à de gros jeux 3D, l'usage d'un téléphone de milieu de gamme se révèle la plupart du temps suffisant.
C'est en tout cas l'impression qui persiste après avoir testé les P30 Lite et Pixel 3a, offrant tous deux une navigation à la fois fluide et agréable même lorsqu'un grand nombre d'applications tourne en arrière-plan.
Cela étant dit, ne nous reste qu'à faire parler les chiffres. Et à ce petit jeu, le Pixel 3a s'en sort beaucoup mieux que son concurrent.
Sur notre protocole habituel à base de AnTuTu, Geekbench et Androbench, le smartphone de Google sort vainqueur à trois reprises. Le premier lui octroie 157 856 points ; 1 631 et 5 170 en single-core et multi-core ; et 316,23 / 178,31 Mb/s en lecture / écriture séquentielle.
Le P30 Lite lui s'en sort avec les conclusions suivantes. 133 805 points sur AnTuTu, 1 538 et 5 244 points en single / multi sur Geekbench, et 288,82 / 149,79 Mb/s sur Androbench. Même une fois le "mode performance" activé, le P30 Lite ne parvient à monter qu'à 139 676 points sur AnTuTu.
Aussi, si nous n'avons pas ressenti de lenteur particulière sur le P30 Lite, ces tests objectifs nous font savoir que côté performances, le Google Pixel 3a est bien au-dessus de son adversaire.
Autonomie et recharge
Le milieu de gamme est souvent l'occasion pour les constructeurs de doter leurs smartphones d'un accumulateur plus généreux que sur le haut de gamme, dont l'autonomie est rarement l'argument phare. Il faut pourtant bien reconnaitre que chez Huawei autant que chez Google, assez peu d'efforts ont été faits pour hisser le P30 Lite et le Pixel 3a au niveau de la concurrence - Xiaomi en tête.Dotés respectivement d'une batterie de 3 340 mAh et 3 000 mAh, les deux concurrents sont des smartphones simplement "moyens" en termes d'autonomie. Dans nos tests, nous relevions les valeurs suivantes quant à leur endurance.
Le P30 Lite nous avait ainsi permis une veille de 47h dont 4h03 avec l'écran allumé. Le smartphone de Google nous a offert un temps d'écran nettement supérieur avec 5h20, mais une veille totale de 23h30 seulement.
Selon vos usages, les deux smartphones devraient vous permettre de tenir une bonne journée et demie sans croiser la route d'un chargeur.
La recharge et la rapidité à laquelle les accus se remplissent sont aussi un élément déterminant dans notre perception de l'autonomie réelle d'un smartphone. Ici, les deux téléphones sont compatibles avec la recharge rapide à 18 W.
En 30 min de charge, le P30 Lite récupère 42% contre 40% pour le Pixel 3a. Une recharge complète leur prend respectivement 1h40 et 1h30 en raison de la batterie légèrement plus généreuse du P30 Lite.
Mais plus encore que la batterie, c'est la propension du SoC à grignoter de la batterie qui influe le plus sur l'autonomie d'un smartphone. Et à ce jeu là, les smartphones Huawei se montrent chaque année d'une efficience redoutable. Les puces Kirin embarquées dans les smartphones de la marque sont particulièrement économes en énergie à défaut de donner dans la profusion de puissance brute.
Vous l'aurez compris : les deux smartphones sont complexes à départager. Le P30 Lite nous a offert une veille deux fois plus longue que le Pixel 3a, mais ce dernier nous a permis de consulter notre smartphone plus longtemps. Reste qu'à niveau égal d'utilisation, il ne fait aucun doute que le P30 Lite se montrerait plus endurant que son adversaire. Le point lui revient donc.
Écran et navigation
L'écran n'est pas à prendre à la légère dans un smartphone. Après tout, c'est avec lui qu'on interagit à longueur de journée. Ici encore, les deux modèles que nous mettons en concurrence portent une philosophie très différente.On l'a dit plus haut : le P30 Lite offre une surface d'écran bien plus généreuse que son concurrent. Seulement, il s'agit d'un écran LCD de type IPS. Google opte pour sa part pour un écran OLED.
Cela a plusieurs avantages. D'une part les paramètres classiques de l'affichage tels que la luminosité, la gestion des couleurs et surtout le contraste sont beaucoup plus convaincants ; mais cette technologie est aussi plus économe en énergie.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, dans notre test, nous pointions le manque de contraste de l'écran du P30 Lite, ainsi que des couleurs un peu trop froides en sortie d'usine. Le Google Pixel 3a nous a quant à lui immédiatement convaincus par la perfection de son écran.
Maintenant pour ce qui est de la navigation, il est bien difficile de trancher. Un écran plus grand (le P30 Lite) est certes plus pratique pour consommer des contenus, mais rend la navigation plus pénible en cela qu'il faut tendre son doigt plus loin pour atteindre les boutons d'interaction. Par conséquent, le Google Pixel 3a avec ses bordures d'un autre âge se révèle bien plus ergonomique.
Aussi la question ne se pose même pas en termes d'interface. Quiconque a déjà utilisé un smartphone Huawei sait le retard qu'a pris EmotionUI, la surcouche du constructeur. Le Pixel 3a profite quant à lui de la version stock d'Android - un OS conçu rappelons-le par Google lui-même.
Tout semble alors plus naturel et fluide sur le Pixel 3a. Nous parlions finitions plus haut, mais remettons-en une couche ici en parlant du logiciel. Incontestablement, la proposition Android du smartphone Google est plus satisfaisante que celle de Huawei.
Pour son écran OLED proche de la perfection et son logiciel plus agréable à utiliser, le Google Pixel 3a ressort vainqueur de cette catégorie.
Photographie : entre qualité et polyvalence il faut choisir
Nous arrivons à la dernière mise à l'épreuve de ce duel entre le Google Pixel 3a et le Huawei P30 Lite. Les deux smartphones sont taillés pour la photo ; la gamme "P" de Huawei tient d'ailleurs pour "Photography". Mais sont-ils pour autant sur un pied d'égalité ? Loin de là.Vous le savez déjà si vous avez regardé la fiche technique des deux mobiles plus haut : les deux smartphones n'ont pas grand-chose à voir en termes de technique sur la partie photo. Le Huawei P30 Lite arbore pas moins de trois capteurs distincts, dont un de 40 mégapixels, qui offre une longueur focale équivalente à du 16-162 mm sur un capteur plein format. À l'inverse, le Google Pixel 3a ne se repose que sur un unique capteur de 12 mégapixels équivalent à du 28 mm.
Sur le papier, la question ne se pose même pas. Le Huawei doit l'emporter. Mais la réalité est tout autre.
Les deux smartphones portent une nouvelle fois une philosophie totalement différente. La proposition de Huawei est claire : offrir aux utilisateurs la plus grande polyvalence possible dans les prises de vue. Par conséquent, on peut passer d'une lentille grand-angle à un capteur standard, et encore une fois vers un télé-objectif offrant un zoom 3x sans perte et hybride jusqu'à 6x.
De son côté, Google opte pour une formule noble mais osée : faire en sorte que chaque photo soit réussie, grâce à l'intelligence artificielle.
Et là est peut-être la différence la plus fondamentale entre les deux smartphones. L'un fait dans la démonstration purement hardware, l'autre dans la démonstration purement software.
Aussi coupons court à tout suspens : la qualité photo est mille fois supérieure sur le Google Pixel 3a que sur le Huawei P30 Lite.
À scène identique, les résultats obtenus sur le Pixel 3a sont nettement plus convaincants. Les couleurs y sont vives, le piqué fondamentalement bon ; l'exposition et la balance des blancs précises.
Huawei tente de rivaliser avec ses propres algorithmes de traitement d'image, mais ne parvient jamais à atteindre l'excellence de son concurrent. Pire : le résultat est imprévisible. On passe parfois d'une photo parfaitement exposée et aux couleurs fidèles à un cliché trop sombre à cause d'un contraste exagéré et une netteté poussée à son maximum.
Bien entendu, le smartphone de Huawei permet une chose que ne permet pas celui de Google : les prises de vue en très grand-angle. Sur ce point évidemment, le Pixel 3a ne peut pas rivaliser, et l'utilisateur doit composer avec l'unique objectif de 28 mm.
Il vous appartiendra dès lors de faire un choix entre une excellente qualité d'image (quasi) systématique, et la possibilité de varier les plaisirs grâce à une longueur focale variable.
Notre choix est fait, et nous choisissons bien entendu le Pixel 3a en ce qui concerne la photographie.
Alors, Huawei P30 Lite ou Google Pixel 3a ?
Avec trois points à son actif contre deux pour son concurrent, le smartphone de Google remporte ce versus de peu. Fondamentalement, le Pixel 3a est meilleur que le P30 Lite sur deux points : les performances et la photographie.Si l'on trouve à peu de choses près la même mécanique sous le capot, le téléphone de Huawei opte en réalité pour une approche privilégiant l'économie d'énergie face à la puissance. Il en ressort ainsi plus autonome que son adversaire. En photographie par contre, le Google Pixel 3a nous apparaît comme incontestablement meilleur sous tous les rapports.
Calqué sur son illustre modèle le Pixel 3, ce smartphone de milieu de gamme permet à Google de faire un retour fracassant sur un segment qu'il avait délaissé depuis ses derniers Nexus. Alors que ce même segment est actuellement dominé par les constructeurs chinois, Google rétablit un certain rapport de force et prouve que, même en faisant perdre 500€ sur l'étiquette à un flagship, il parvient à concevoir des téléphones tout aussi bluffants.
Comparatif réalisé à partir de smartphones prêtés par les constructeurs