Je dois vous confesser quelque chose. Il y a encore quelques jours, Asus était une marque que je regardais de haut. Pas pour ses composants informatiques ou ses ordinateurs portables non ; pour ses smartphones. S'ils ont tous connu un succès d'estime croissant au fil des générations, jamais aucun ne m'avait tapé dans l'oeil.
Aussi ce n'est pas sans un roulement d'yeux que j'ai déballé mon exemplaire du ZenFone 6 en début de semaine dernière. « Encore un énième smartphone de milieu de gamme peu inspiré », pensais-je alors. Je n'aurais pas pu être davantage à côté de la plaque.
Le ZenFone 6 m'a bluffé, et peut sans mal être perçu comme un sérieux concurrent des Xiaomi Mi 9 et des OnePlus 7. Une mue réussie pour Asus donc, et c'est un euphémisme.
Le Asus ZenFone 6 est d'ores et déjà disponible à partir de 499€
Asus ZenFone 6 : la fiche technique
Contrairement aux précédents mobiles de la marque, le ZenFone 6 affiche des ambitions techniques revues à la hausse. Exit les SoC de moyenne gamme et les innovations aux pieds froids. Avec son nouveau smartphone, Asus montre les crocs, et la concurrence n'a certainement pas vu le coup partir.- Écran : 6,4 pouces (19,5:9), LCD IPS, définition de 2340 x 1080 pixels (403ppi) couvrant environ 92% de la face avant
- SoC : Snapdragon 855 (7 nm)
- Mémoire vive : 6 ou 8 Go
- Stockage interne : 64, 128 ou 256 Go (extensible jusqu'à 2To en micro SD) en UFS 2.1
- Batterie : 5 000mAh
- Étanchéité : Non certifiée
- Prise jack 3,5 mm : Oui
- Appareils photo arrière : Sony IMX 586 48 MP (f/1.7) + ultra grand-angle 13 MP (f/2.4) champ de vision de 125°
- Appareil photo avant : Idem qu'à l'arrière
- Capteur d'empreintes : Oui, à l'arrière
- Recharge inversée : Oui, via câble USB-C
- Double SIM : Oui
- OS : Android 9.0 Pie + ZenUI
- Coloris : Twilight Silver ou Midnight Black
- Prix : 499€ (6+64 Go), 559€ (6+128 Go) ou 599€ (8+256 Go)
Un bien beau bagage, vous en conviendrez, qui témoigne d'une montée en gamme assez significative par rapport au ZenFone 5.
Dans son écrin, le ZenFone 6 s'accompagne d'un adaptateur secteur 18 W avec son câble USB-C, d'une paire d'écouteurs intra-auriculaires ainsi que d'une coque en silicone transparent. L'écran n'est pas protégé par un film plastique, mais Asus a opté pour un verre Gorilla Glass 6 pour lui épargner griffes et rayures.
Un design tout en écran résolument premium
La prise de risque la plus notable d'Asus avec son ZenFone 6 réside bien entendu dans son écran. Gigantesque et presque dépourvu de bordures, celui-ci offre à l'utilisateur une surface d'affichage impressionnante - similaire à celle du OnePlus 7 Pro.Le smartphone d'Asus affiche pourtant des dimensions plus raisonnables, avec 159,1 x 75,4 x 9,2 mm pour 190 grammes. Un beau bébé malgré tout, qui se veut d'ailleurs plus épais que la majorité des smartphones passant sous notre loupe. La faute au système de caméra pivotante qu'Asus a choisi d'intégrer à son ZenFone 6 pour dégager l'écran.
Si vous n'avez pas suivi l'affaire, un récapitulatif s'impose. Dans la grande guerre qui fait s'opposer l'ingéniosité des constructeurs pour étirer au maximum la surface visible de l'écran à l'avant, Asus a opté pour une solution deux en un.
Plutôt que de camoufler la caméra avant dans une encoche, une goutte d'eau ou un mécanisme « pop-up », le Taïwanais a opté pour un mécanisme de balancier, redressant les appareils photo arrière vers l'avant lorsqu'on en a besoin.
Plusieurs avantages à cela : la surface d'affichage s'en retrouve agrandie, la qualité des autoportraits est améliorée, et l'angle des prises de vue peut être ajusté finement (nous y reviendrons).
Mais comme toute médaille a son revers, il faut bien avouer que la chose n'est pas particulièrement esthétique (en plus d'être un poil bruyante).
Du reste, l'arrière de l'appareil affiche un verre brillant argenté du plus bel effet, bien que friand des traces de doigts. Le placement du logo de la marque à la verticale est judicieux et permet de bien occuper l'espace dorsal de l'appareil.
Cerclé d'aluminium, le ZenFone 6 pèse son petit poids - ce qui contribue à apporter une impression de solidité, et à lui donner un petit côté haut de gamme qui n'est pas pour déplaire. Pour tout dire, l'ensemble nous fait furieusement penser au Mi Mix 3 de Xiaomi.
Cela étant dit, nous aurions bien quelques réserves à émettre question ergonomie. Asus a en effet opté pour un placement des boutons sur l'unique tranche droite de l'appareil. Rien d'inhabituel me direz-vous. Sauf qu'en sus des boutons allumage et de la réglette de volume se trouve une « Smart Key » reconfigurable qui, par défaut, sert à invoquer Google Assistant. Je vous le donne en mille : il faut un petit temps d'adaptation pour arrêter de confondre ce bouton avec celui destiné à l'alimentation.
La partie audio de l'appareil est assurée par deux haut-parleurs (un au sommet de l'écran, l'autre sur la tranche inférieure), ainsi que via un port jack. Nous recommandons d'ailleurs l'usage de ce dernier, tant le son stéréo fourni par les deux grilles peine à restituer un son de qualité.
La recharge, enfin, s'effectue via USB-C.
Un sublime écran LCD
C'est peut-être ce qui éloigne ce Asus ZenFone 6 de ses plus féroces concurrents : son écran. Contrairement à bon nombre de ses congénères du milieu de gamme, le nouveau fleuron signé Asus opte pour un écran LCD de type IPS en lieu et place d'une dalle AMOLED.Vous connaissez la chanson : c'est surtout au niveau du contraste que la différence va se jouer ici ; avec des noirs loin d'être aussi profonds que sur un écran OLED. Du reste, l'afficheur du ZenFone 6 a d'autres arguments pour séduire.
Sa luminosité tout d'abord. Atteignant selon le constructeur taïwanais les 600 nits (ou cd/m2 si vous préférez), l'écran du ZenFone 6 demeure parfaitement lisible en plein soleil.
Petit revers à cette médaille toutefois : sa luminosité minimale est souvent trop importante, et ne manquera pas de vous cramer la rétine pour toute utilisation sous la couette. Vous voilà prévenus.
Couvrant 100% de l'espace colorimétrique DCI-P3, l'écran du ZenFone 6 restitue parfaitement les différentes teintes. La lecture comme l'observation de photos sont alors des tâches particulièrement appréciables.
Les plus cinéphiles d'entre vous ne trouveront aussi rien à redire sur la qualité de l'écran de 6,4 pouces qui s'offre à eux. L'absence d'encoche ou de poinçon maximisant d'autant la surface d'affichage ; rien ne pourra vous gêner lors du visionnage de votre série favorite.
C'est davantage le côté logiciel qui nous chagrine un peu. Plusieurs fois pendant notre test, nous avons été confrontés à un réglage de luminosité automatique complètement à la ramasse, obscurcissant l'écran alors que nous étions en extérieur, et l'inverse lorsque nous étions dans un environnement plus sombre.
Qui dit nouveau smartphone dit nouvelle interface. Et une nouvelle fois Asus a décidé de faire table rase du passé. Si la surcouche Android de la maison conserve son nom - ZenUI - elle s'inspire désormais davantage de la version stock d'Android Pie, pour une expérience de navigation proche de celle des smartphones Pixel de Google.
Parmi les bons côtés du logiciel, on notera l'absence de bloatware et le mode « Génie du jeu » qui, lorsqu'un jeu est lancé, vous permet de streamer vos parties et d'accéder rapidement à des fonctionnalités avancées pour « ne pas déranger ».
Du côté des réserves, on se doit de signaler que notre exemplaire de test a redémarré par deux fois pendant une prise de vidéo, avant le déploiement de la mise à jour WW_16.1210.1904.113. Depuis, R.A.S, même si quelques bugs (mineurs) demeurent. Le temps d'écran affiché dans le menu batterie est par exemple resté bloqué sur « 2h48 » dans notre cas.
Des performances dignes d'un appareil haut de gamme
Reçu dans sa déclinaison 8 Go de RAM, notre exemplaire du ZenFone 6 s'est montré diablement efficace sur notre protocole de test. Mieux : il se hisse même en tête des smartphones Android les plus véloces testés par Clubic et passe devant le OnePlus 7 Pro sur deux des trois benchmarks utilisés.Commençons par AnTuTu. Par défaut, et à la manière d'un smartphone équipé d'une puce Kirin, le ZenFone 6 ne nous a pas donné tout ce qu'il avait lors d'un premier test. Notre application lui accordait 361 071 points ; ce qui demeure un score tout à fait exceptionnel pour un smartphone vendu 500€.
Mais dans les paramètres du ZenFone se trouve une option (assez pauvrement baptisée selon nous) intitulée « Booster l'IA ». Ce faisant, une bonne dose de charbon est ajoutée au fourneau du Snapdragon 855, qui obtient cette fois le score impressionnant de 380 372 points sur AnTuTu.
Même constat pour Geekbench, où les résultats ont oscillé entre 3 525 en single-core / 10 753 en multi-core, et 3 525 / 11 210 lorsque le « Boost d'IA » est activé.
Un coup de fouet qui n'a en revanche aucune incidence sur les performances du support de stockage - lequel figure des débits tout à fait honorables pour un milieu de gamme. Androbench calcule au ZenFone, 6 250,35 Mb/s en écriture séquentielle et 854,39 Mb/s en lecture séquentielle. Beaucoup moins que le OnePlus 7 et sa puce en UFS 3.0, mais aussi environ 10% plus performant que le Xiaomi Mi 9, vendu au même tarif.
Inutile de préciser qu'avec autant de puissance sous la botte, vous ferez tourner absolument tout ce que vous voulez. Applications multitâches, jeux en 3D gourmands ou applications de retouche. Le Snapdragon 855 déborde de puissance et nous donne souvent l'impression de ne jamais montrer ses limites.
Corollaire à cette débauche de puissance : le ZenFone 6 aura parfois tendance à chauffer lors d'une utilisation intensive. Tout en verre et en aluminium, la dissipation de chaleur ne semble pas être très optimisée, et on s'est surpris à avoir un mouvement de recul en voulant saisir le téléphone qui avait été oublié pendant cinq minutes sur une table en plein soleil tant sa carlingue étant brûlante. Prudence donc.
Depuis la sortie du firmware 116, plusieurs problématiques ont été corrigés par Asus. Tous les problèmes de chaleurs n'ont pas disparus, mais ce point à fortement été amélioré.
Concernat le capteur de luminositée, celui-ci n'en fait plus qu'à sa tête et suit une logique implacable avec la luminosité ambiante.
Un monstre d'autonomie
Question autonomie, le talon du ZenFone 6 a plusieurs faiblesses apparentes. Tout d'abord, son énorme écran de 6,4 pouces est propulsé par une dalle LCD et non pas OLED - plus économe. D'autre part, le Snapdragon 855 n'est pas forcément le SoC le plus économe, se concentrant davantage sur la puissance brute.Conscient de ces problèmes potentiels, Asus a prévu le coup, et a offert à son ZenFone 6 une énorme batterie de 5 000 mAh pour lui assurer une endurance digne de ce nom. Un pari réussi, puisque le nouveau flagship du constructeur est tout simplement le smartphone le plus autonome de sa catégorie.
Débranché le vendredi à 8h du matin, notre ZenFone 6 ne s'est éteint que le dimanche à 12h50 - soit près de 53h de veille au total. On l'a dit plus haut : suite à un bug du logiciel, notre temps d'écran actif est resté bloqué à 2h48 dans les paramètres du smartphone. Mais d'après nos estimations, nous avons pu utiliser l'écran du ZenFone 6 pendant 5h30 voire 6h avant qu'il ne s'éteigne.
Un vrai petit bijou d'autonomie donc, qui vient nous confirmer que son léger embonpoint (9,2 mm d'épaisseur on le rappelle) sert un noble dessein.
Côté recharge, le Asus ZenFone 6 dispose de la QuickCharge 4.0 à 18 W (chargeur fourni). Mais vous l'aurez compris : recharger une batterie de 5 000 mAh prend plus de temps qu'une de 3 500 mAh. Par conséquent, il faudra parfois se montrer un peu patient.
En 30 minutes, le ZenFone 6 avait récupéré 37% de son énergie. Comptez deux heures tout rond pour atteindre les 100%.
Un smartphone aussi à l'aise en photo
Le ZenFone 6 d'Asus est parvenu à nous convaincre sur presque tous les points jusqu'à présent. Transformera-t-il l'essai en matière de photographie ? On vous souffle la réponse : oui, et mille fois oui.Une fois encore, je dois avouer que je n'attendais absolument pas le constructeur taïwanais sur ce créneau. Déjà très beau à regarder, doté d'un sublime écran et d'une autonomie monstre, il se devait d'y avoir une ombre au tableau. Il n'en est finalement rien, et le ZenFone 6 se montre aussi très à l'aise en prises de vue grâce à ses deux capteurs très versatiles.
Vous l'aurez compris : de par son mécanisme de balancier, les deux objectifs présents à l'arrière du smartphone sont aussi ceux que l'on peut retrouver à l'avant. Mais encore mieux : grâce au dit mécanisme, il est possible d'ajuster l'angle de prise de vue, et de positionner le module photo comme on le souhaite.
Un simple glissé sur le bouton dédié à la permutation avant/arrière sur l'application Photo, et le balancier se met en marche. Il ne vous reste plus qu'à retirer votre doigt quand vous le souhaitez. Ingénieux et diaboliquement efficace.
Ceci étant dit, le Asus ZenFone 6 fait figurer en son dos le capteur Sony IMX 586 de 48 mégapixels que l'on ne présente plus. Ce petit bijou japonais fait des merveilles en pleine journée, bien aidé par un algorithme de traitement parfaitement calibré de la part de Asus. Les photos ressortent sublimées, oui, mais jamais dénaturées.
À ce titre, on reste cois devant la puissance du mode HDR+, capable de révéler une scène entière même à contre-jour. Impressionnant.
Plutôt que d'adjoindre à ce capteur principal un téléobjectif, Asus a préféré opter pour un très grand-angle offrant encore plus de polyvalence. On apprécie à ce titre la possibilité d'en profiter en mode selfie, afin de faire entrer encore plus de monde dans le cadre.
En dépit de l'absence d'une caméra 3D de type Time of Flight, le ZenFone 6 se montre aussi très à l'aise en mode portrait. Le détourage est doux, globalement bien exécuté, et le flou d'arrière-plan généré avec parcimonie. Tout en équilibre donc.
Comme ses petits camarades, le ZenFone 6 dispose lui aussi de son mode photo nocturne, combinant habilement pause longue et algorithmes de traitement. Les résultats sont parfois bons et souvent inégaux (le bruit numérique est omniprésent). Bref, à des années-lumière de ceux produits par les Google Pixel 3a et Huawei P30.
Crédits : Pierre Crochart pour Clubic
Enfin, la stabilisation électronique permet aux vidéastes en herbe de trouver leur compte, même s'il faudra éviter les mouvements trop brusques. Le ZenFone 6 est en outre capable de filmer en 4K à 60 ips.
Asus ZenFone 6 : l'avis de Clubic
Je n'en attendais rien et, pourtant, je ne peux plus m'en passer. Avec le ZenFone 6, Asus frappe un énorme coup sur la table et force le respect. Une montée en gamme que personne n'a vue venir, et qui offre au Taïwanais une place quasi garantie sur notre podium de fin d'année.Affiché à partir de 499€ seulement, le ZenFone 6 cumule les adjectifs flatteurs. Plaisant à prendre en main autant qu'il est agréable à regarder, son écran LCD est probablement l'un des plus captivants que l'on ait vu ces derniers mois. Bombe de puissance et monstre d'autonomie, le ZenFone se montre aussi très à l'aise en photo - un domaine sur lequel on n'attendait pas forcément Asus.
Désormais hissé au même niveau qu'un Xiaomi ou un OnePlus, Asus se pose comme un challenger magnifique sur le segment du milieu de gamme. Très, très bien joué.
Test réalisé à partir d'un smartphone prêté par le constructeur
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