Encore heureux qu'il l'est. Si Honor a eu toutes les peines du monde à obtenir sa certification Google (et donc une commercialisation française, ce qui échappe pour l'heure au Huawei Mate 30 Pro), son dernier fer de lance a suffisamment d'arguments pour rester pertinent encore de longs mois.
Le Honor 20 Pro est disponible depuis fin août 2019 en France. Il est proposé dans une unique version 8+256 Go pour 499€.
Honor 20 Pro : la fiche technique
Le Honor 20 Pro est une version avancée du Honor 20. Merci Capitaine Évidence. Mais à la différence d'un bon nombre de ses concurrents (OnePlus en tête), les largesses accordées au Honor 20 Pro ne sautent pas réellement aux yeux.Le Honor 20 Pro, c'est :
- Écran : LCD IPS de 6,26 pouces (19,5:9) à la définition de 2 340 x 1080 pixels (412 ppi) couvrant environ 84% de la face avant.
- SoC : Kirin 980 (7 nm) composé d'un processeur huit cœurs (2 x 2,6 GHz + 2x 1,92 GHz + 4x 1,8 GHz) et d'un GPU Mali-G76 MP10
- Mémoire vive : 8 Go
- Stockage interne : 256 Go
- Batterie : 4 000 mAh, recharge rapide jusqu'à 22,5 W. Ne supporte pas la charge sans-fil.
- Étanchéité : Non
- Prise jack 3,5 mm : Non (adaptateur fourni)
- Appareils photo arrière : capteur 48 MP (ƒ/1,4) de 1/2" équivalent 26 mm + 8 MP (ƒ/2,4) de 1/4.4" téléobjectif équivalent 80 mm + 16 MP (ƒ/2,2) 1/3.1" équivalent 13 mm + 2 MP (ƒ/2,4) équivalent 27 mm dédié à la macro
- Vidéo : 2160p 30 ips ou 1080p 30/60 ips
- Appareil photo avant : 32 MP (ƒ/2,0)
- Capteur d'empreintes : Oui, sur la tranche
- Recharge inversée : Non
- Double SIM : Oui
- Compatible 5G : Non
- OS : Android 9.0 + EMUI 9.1
- Coloris : Phantom Blue, Phantom Black, Icelandic Illusion
- Prix : 499€ pour 256 Go
Alors comment Honor justifie-t-il les 100€ supplémentaires demandés pour ce Honor 20 Pro ? Tout d'abord, il faut mettre l'emphase sur ce module photo principal de 48 mégapixels ouvrant à ƒ/1,4 — la plus grande ouverture de l'industrie du smartphone. Ce n'est pas rien ! Il s'accompagne en outre d'un téléobjectif 8 MP qui est absent sur le modèle de base.
La batterie passe elle aussi de 3 750 mAh à 4 000 mAh. Enfin, on y retrouve 8 Go de RAM et 256 Go de stockage contre 6+128 Go sur le Honor 20. Finalement, la hausse de tarif est justifiée ; même si elle ne se traduit pas dans l'esthétique du smartphone.
Dans la boîte, le Honor 20 Pro partage sa chambre avec une coque en silicone transparent, un adaptateur secteur 22,5 W et son câble USB-C, ainsi qu'un adaptateur USB-C / Jack 3,5 mm.
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Un très beau smartphone plutôt compact
Difficile de passer à côté des finitions Honor, toujours très colorées. Il faut néanmoins reconnaître ici un certain goût, et des reflets parfaitement maîtrisés sur la face arrière du téléphone.Plutôt compact (154,6 x 74 x 8,4 mm pour 182 grammes), le Honor 20 Pro est donc l'allié des allergiques aux téléphones XXL. Il n'en profite pas moins d'un écran de belle taille qui, à l'instar du Honor View 20, est poinçonné dans l'angle supérieur gauche afin d'y loger la caméra frontale.
Une petite excentricité qui a ses détracteurs, et qui ne permet pas pour autant au Honor 20 Pro de briller côté ratio écran/corps. On remarque que les bordures sont assez présentes, et que le menton de l'appareil est plutôt affirmé.
À l'arrière, Honor a opté pour une disposition des quatre modules photo à la verticale. Un équilibre visuel qui n'est pas sans rappeler celui du Huawei P30 Pro. Prêté par le constructeur dans son coloris Phantom Black, le Honor 20 Pro brille par son originalité.
Sombre et irisé de reflets violets, l'habillage dorsal évoque le mouvement éthéré des aurores boréales. Une franche réussite, qui échappe aussi à tout effet bling-bling tant il sait rester sobre.
Vous, qui connaissez mon aversion pour les capteurs d'empreintes intégrés sous l'écran, devinerez aisément ma joie à l'idée de trouver celui-ci disposé sur la tranche de l'appareil, exactement comme sur le Samsung Galaxy S10e. Réactif, idéalement placé et agréable au toucher (ça ne gâche rien), ce bouton sert également à mettre sous tension le smartphone. Il est surmonté de la réglette de volume, sur la tranche droite.
La tranche inférieure de l'appareil laisse quant à elle apparaître l'unique (et médiocre) grille de haut-parleurs du Honor 20 Pro. On retrouve à ses côtés un port USB-C, lequel fait office de seule et unique connectique sur le flagship - aucun port jack 3,5 mm n'étant présent.
Un écran LCD qui tire vers le bleu
C'est un reproche que nous avions également adressé au View 20, et nous le réitérons ici : à 499€, il est très dommage d'aller se frotter à des smartphones qui proposent des écrans AMOLED. Tarifé à 499€, le Honor 20 Pro se frotte à des smartphones équipés d'écran AMOLED. Ce qui n'est pas son cas. © Pierre Crochart pour Clubic
Il faut néanmoins alerter sur le fait qu'actuellement, seul Samsung est en mesure de produire des dalles AMOLED poinçonnées. Et que le constructeur sud-coréen se la joue plus fourmi que cigale, privilégiant ainsi ses propres smartphones.
Ici, Honor rempile donc avec une dalle LCD IPS de 6,26 pouces bénéficiant de la confortable résolution de 412 ppp. Si l'on n'a pas à se plaindre de la finesse d'affichage, l'œil aiguisé trouvera à redire quant à la température de l'écran — tirant clairement vers le bleu.
La résolution, la luminosité et le contraste du Honor 20 Pro sont dans les normes. © Pierre Crochart pour Clubic
Bien sûr, un petit tour du côté des réglages de EMUI permet de corriger — a minima — le tir. Mais la calibration d'usine n'en laisse pas moins à désirer.
Sur un autre registre, le contraste général de l'écran ne s'en sort pas trop mal. Tout comme du côté de la luminosité, qui est plafonnée autour de 400 cd/m2. Carton rouge, en revanche, sur la luminosité minimale et surtout sur l'ajustement automatique de celle-ci qui m'a valu une cécité précoce lors d'une consultation matinale du smartphone dans le noir complet.
Dépendant du fond de l'application que vous consultez, l'encoche se fait plus ou moins problématique. © Pierre Crochart pour Clubic
Un mot sur l'occupation de l'écran désormais. Si les écrans poinçonnés sont encore relativement nouveaux dans l'industrie, toutes les tentatives ne se valent pas. Parmi les plus convaincantes, on retient particulièrement le récent Galaxy Note 10+ qui, en plaçant l'encoche au centre, s'assure une distraction minimale de l'œil de l'utilisateur.
Le Honor 20 Pro opte pour une philosophie différente. On salue les efforts qui ont été faits pour loger un capteur 32 mégapixels dans un trou de 4,5 mm (moins que Samsung), mais on ne peut s'empêcher de remarquer cette disgrâce, surtout lors de la consultation d'un écran blanc.
Ce n'est finalement qu'une affaire de goût. Mais rappelons qu'Honor se frotte ici frontalement au OnePlus 7T à l'encoche toujours plus réduite et harmonieusement intégrée à l'esthétique générale.
Du reste, dépendant du sens dans lequel vous tenez votre smartphone pendant vos parties endiablées de jeu vidéo, le poinçon ne représente pas ou peu de problèmes.
MagicUI, ou la cinquième roue du carrosse
On n'en finit plus d'attendre une nouvelle version de EMUI — la surcouche Android conjointe de Huawei et Honor, mais que ce dernier appelle MagicUI. Datée, aussi bien côté design que fonctionnalités, elle ne permet plus, aujourd'hui, de profiter comme il se doit d'un système d'exploitation aussi versatile qu'Android.Dépourvu d'un mode sombre (qui, même sans écran OLED, permet de reposer les yeux), MagicUI 2.1 brille malgré tout grâce à une navigation gestuelle bien pensée, et permettant d'effectuer un retour rapide depuis n'importe quel bord de l'appareil.
Les réglages de l'appareil sont brouillons, et on préférera se reposer sur la fonction « recherche » plutôt que de se perdre dans un dédale de menus et sous-menus pour trouver ce que l'on cherche.
On regrette aussi l'abondance de bloatwares qui accompagne invariablement le premier lancement d'un smartphone Honor (Booking, Amazon et j'en passe).
Par défaut, le Honor 20 Pro n'entasse pas les applications de l'utilisateur dans un tiroir, mais sur des écrans d'accueil distincts. Une philosophie également adoptée par Xiaomi sur MIUI, mais qui peut ici être reconfigurée afin de retrouver des habitudes plus proches d'Android Stock.
Des performances suffisantes et privilégiant l'économie d'énergie
La course à la puissance anime l'industrie du smartphone. Mais encore faudrait-il que les constructeurs se demandent au-delà de quel point le gain de performances n'est plus ressenti par les utilisateurs.Tous les smartphones Honor ou Huawei tournant sous Kirin 980 (inauguré sur le Mate 20 Pro) profitent peu ou prou des mêmes performances. Excellentes, donc. Même si, depuis, très largement dépassées par des smartphones équipés en Snapdragon 855+.
Sur AnTuTu, le Honor 20 Pro récolte 271 953 points, et jusqu'à 314 582 points lorsque le mode Performances est activé (par défaut, le cœur le plus puissant du SoC n'est pas activé). Un score qui le place d'emblée parmi les flagships les moins véloces de sa génération.
L'activation de ce mode Performances a moins d'incidence sur Geekbench 4, qui octroie au Honor 20 Pro le score maximal de 3 282 en single core, et 9 388 en multi core. Geekbench 5 enregistre pour sa part 668 points et 2 123 points dans les mêmes catégories (le protocole de test est différent, rappelons-le).
Androbench donne à voir lui des débits qui sont à mille lieues des résultats obtenus via des puces de stockage UFS 3.0 qui commencent à se démocratiser sur le haut de gamme Android. On obtient ici 774,88 Mb/s en lecture séquentielle et 442,74 Mb/s en écriture séquentielle.
3D Mark, pour finir, accorde 2 106 points au Honor 20 Pro pour le test Sling Shot Extreme (Open GL ES 3.1) et 2 245 points pour sa déclinaison Vulkan. Ici encore, le Honor 20 Pro se fait atomiser par le Asus ROG Phone II, le smartphone Android le plus rapide de l'année.
Au survol de ces quelques lignes, on pourrait avoir l'impression que le Honor 20 Pro est un smartphone lent. Qu'il ne vaut pas l'argent qu'on pourrait y investir. Il n'en est évidemment rien.
Quiconque a déjà troqué un smartphone doté d'un Snapdragon 845 ou équivalent par un modèle plus récent sait que les différences de vitesse réelle se font beaucoup plus minces qu'il y a quelques années. La perception de la vitesse d'un smartphone se joue désormais sur des détails insignifiants pour la plupart des utilisateurs.
En cela, oui : le Honor 20 Pro est rapide et performant. Il vous laissera jouer à tous les jeux du Play Store sans sourciller, et avalera sans problème les différentes applications que vous lui donnerez en pâture.
2 jours entiers d'autonomie, et plus encore
Plus important encore que sa faculté à se montrer performant sur les logiciels de benchmarks, le Honor 20 Pro est surtout champion lorsqu'il s'agit d'économiser son énergie. C'est après tout la philosophie empruntée par Huawei lors de la conception de ses dernières puces Kirin, qui mettent clairement l'accent sur l'efficience plutôt que la puissance.Déjà exemplaire sur le Huawei Mate 20 Pro, l'autonomie est tout aussi excellente ici. Testé sur le temps d'un long week-end, le Honor 20 Pro n'a pas croisé la route d'un chargeur pendant plus de 48 heures.
Débranché à 100% de son autonomie le vendredi après-midi, l'extinction des feux ne s'est produite que le dimanche vers 18 h. Évidemment moins mis à profit le week-end qu'en semaine, le smartphone est tout de même resté pendant 8 h 21 l'écran allumé. On n'est pas loin du record établi par le ROG Phone II il y a quelques jours donc.
Dans tous les cas : on a affaire à un smartphone qui excelle dans la course de fond. D'autant que je n'ai pas été tendre avec lui pendant ces trois jours ; lui faisant subir benchmarks et séances sporadiques sur PUBG Mobile. Jamais aucune chauffe ne s'est fait ressentir.
Côté recharge, on touche encore ici à l'excellence. En 30 min, le smartphone avait regagné 54% de ses capacités. Il n'a demandé que 1 h 20 précisément pour passer de 0 à 100%.
L'un des smartphones les plus impressionnants en photo à ce prix
On l'a dit en préambule : le Honor 20 Pro est le seul smartphone au monde à bénéficier d'un objectif ouvrant à ƒ/1,4. Sur le papier, cette particularité en fait un allié précieux non seulement pour générer des flous d'arrière-plan soignés, mais aussi pour capter un maximum de lumière lorsque celle-ci vient à manquer.Et dans les faits alors ? Il y a du bon. Du très, très bon même. C'est indéniable. Mais une partie des bons points récoltés par le smartphone est aussitôt confisquée par un algorithme de traitement plutôt agressif, qui exagère la netteté et la clarté de la majorité des scènes en basse lumière.
En journée par contre, il n'y a presque rien à redire sur les résultats obtenus par le Honor 20 Pro. La plage focale s'étendant de 13 à 80 mm (et au-delà via un zoom numérique 30x) offre une très belle polyvalence au photophone.
Malheureusement, tous les objectifs ne sont pas logés à la même enseigne en termes de qualité. Si le 48 mégapixels ƒ/1,4 est la star du quatuor, le téléobjectif montre rapidement ses limites en termes de piqué.
Photos prises successivement en grand-angle, standard, zoom 3x et zoom 5x. © Pierre Crochart pour Clubic
L'ultra grand-angle est quant à lui soumis aux mêmes reproches que la quasi-totalité des autres smartphones en étant équipé. C'est-à-dire une diffraction notable dans les bords de l'image, et la perte de netteté qui en découle.
Côté distorsion, en revanche, le module grand-angle du Honor 20 Pro s'en sort avec les honneurs.
On l'a dit plus haut : une ouverture de ƒ/1,4 trouve son intérêt lorsque l'on cherche à créer des flous d'arrière-plan (« bokeh ») artistiques. La particularité technique du Honor 20 Pro trouve ici tout son intérêt, et parvient à proposer des portraits quasiment aussi propres que sur le Huawei P30 Pro. Le découpage est propre et harmonieux, et le flou d'arrière-plan n'apparaît pas comme trop artificiel.
À l'avant, le constat est loin d'être aussi reluisant. Disons malgré tout qu'il se contente de ne pas trop en faire pour ne pas risquer le dérapage. Bien moins précis, le détourage oubliera par exemple les oreilles du sujet, ou encore un morceau de manche. Rien de bien gênant, au final, si ces clichés ne sont pas destinés à sortir du smartphone de l'utilisateur.
En basse lumière, le Honor 20 Pro est très costaud. S'il demandera la plupart du temps à l'utilisateur de stabiliser son bras le temps de la prise, ce petit exercice de patience se trouve hautement récompensé grâce à des clichés bien exposés, même lorsque la lumière vient à manquer.
Photos prises sans, puis avec le mode "cliché nocturne". La différence est dans les détails. © Pierre Crochart pour Clubic
Bien entendu accompagné d'un mode « cliché nocturne », le Honor 20 Pro ne tire pas autant de bénéfices de ce dernier par rapport à d'autres smartphones. On peut voir ci-dessous que le temps de pose supplémentaire accordera simplement à l'objectif de s'attarder davantage sur les détails, pas sur l'exposition qui est déjà bonne.
Côté vidéo enfin, le Honor 20 Pro peut filmer en 4K à 30 fps à l'arrière, et en 1080p30 à l'avant. Malheureusement pour les vidéastes, la stabilisation optique est loin d'être la meilleure du marché. S'équiper d'un stabilisateur externe reste la meilleure alternative ici.
Honor 20 Pro : l'avis de Clubic
Bien que tardive, l'arrivée sur le marché français du Honor 20 Pro n'en est pas moins tonitruante. Unique smartphone au monde à profiter d'une optique ouvrant à ƒ/1,4, le Honor 20 Pro est capable du meilleur en photographie.S'il n'est pas le smartphone le plus rapide du moment, il trouve un parfait équilibre entre performances et autonomie — un domaine sur lequel il fait figure d'exception à ce niveau de prix.
On ne pourra finalement lui reprocher qu'un écran LCD qui tire trop vers le bleu et une interface vieillissante. Autant d'éléments auxquels on peut bien s'accommoder, dépendant de l'importance que l'on porte à ce genre de détails.
Acheter le Honor 20 PRO
Test réalisé à partir d'un smartphone prêté par le constructeur
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