Comme tout fantasme qui devient réalité, l'exercice du réel est délicat. C'est qu'il s'agit de confronter nos rêves les plus fous à un produit tangible, régi par des barrières techniques que notre esprit n'avait pas prises en compte.
Ça part plutôt mal, n'est-ce pas ? Vous avez raison. Il me faut mettre de l'eau dans mon vin, et confesser tout naturellement que je ne sais absolument pas comment je dois me servir d'un Galaxy Fold. Ni à quel besoin il est censé répondre.
Le Samsung Galaxy Fold est disponible en France depuis le 18 septembre pour 2 020€.
Samsung Galaxy Fold : la fiche technique
Le Galaxy Fold a beau être un produit à la pointe, ses petits malheurs préliminaires l'empêchent pourtant de se doter du tout dernier SoC signé Qualcomm. Qu'à cela ne tienne, nous verrons plus loin que les performances ne sont vraiment pas un problème ici. D'autant qu'on voit bien que Samsung n'a vraiment pas lésiné sur les moyens pour son nouveau produit.Le Samsung Galaxy Fold, c'est :
- Écran : Petit écran Super AMOLED de 4,6" à l'avant, affichant du 720 x 1 680 pixels (399 ppp) au format 21:9. Déplié, grand écran Dynamic AMOLED de 7,3" affichant du 1 536 x 2152 pixels (362 ppp) au format 4.2:3 couvrant environ 86% de la surface totale. Compatible HDR10+
- SoC : Snapdragon 855 (7 nm) composé d'un processeur huit cœurs (1 x 2,84 GHz + 3 x 2,42 GHz + 4 x 1,78 GHz) et d'un GPU Adreno 640
- Mémoire vive : 12 Go
- Stockage interne : 512 Go (UFS 3.0)
- Batterie : 4 380 mAh, recharge rapide jusqu'à 15 W avec ou sans-fil.
- Étanchéité : Non
- Prise jack 3,5 mm : Non (adaptateur non fourni)
- Appareils photo arrière : capteur 12 MP (ƒ/1.5-2.4) de 1/2.55" équivalent 26 mm + 12 MP (ƒ/2,4) de 1/3.6" téléobjectif équivalent 52 mm + 16 MP (ƒ/2,2) ultra grand-angle équivalent 12 mm
- Vidéo : 2160p 60 ips, 1080p 60/240 ips ou 720p 960 ips
- Appareil photo avant : (Avant) 10 MP (ƒ/2,2) ; (Intérieur) 10 MP (ƒ/2,2) équivalent 26 mm + 8 MP (ƒ/1,9) équivalent 24 mm
- Capteur d'empreintes : Oui, sur la tranche
- Recharge inversée : Oui, 9 W
- Double SIM : Non
- Compatible 5G : Non
- OS : Android 9.0 + OneUI
- Coloris : Argent stellaire, Noir cosmos
- Prix : 2 020€
Côté fiche technique, il n'y a pas grand-chose à redire. Le Galaxy Fold embarque toutes les technologies qui ont fait de 2019 une année particulièrement faste en termes de performance et d'autonomie. Tout juste pourra-t-on regretter que la charge rapide soit plafonnée à 15 W, quand le Galaxy Note 10 se permet une recharge à 45 W.
Dans le coffret du Galaxy Fold, on trouvera un adaptateur secteur 15 W et son câble USB-C, un duo de coques de protection pour chaque face du smartphone, une paire de Galaxy Buds (les AirPods de Samsung) et un certain nombre d'avertissements d'usage.
En effet, vous n'êtes pas sans savoir qu'une petite erreur d'ingénierie a coûté son lancement initial au Galaxy Fold. À l'origine, le « film-protecteur-qui-en-fait-n'en-est-pas-un » apposé sur l'écran principal du Fold était piètrement intégré à la dalle. Il laissait ainsi suggérer qu'on pouvait le retirer. Dans cette version finale, Samsung s'est assuré non seulement que la chose ne soit plus possible, mais dissipe également tout malentendu avec de multiples avertissements.
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Le Galaxy Fold ne ressemble à rien
Littéralement. Ne prenez pas cet intertitre pour un commentaire péjoratif. On n'a simplement jamais vu aucun smartphone s'afficher dans des lignes similaires. C'est d'ailleurs en mode « plié » que l'esthétique du Fold se fait la plus clivante.Très allongé, et doté d'un minuscule écran au format 21:9 (un format hérité du cinéma vu récemment sur le Sony Xperia 10), le Galaxy Fold vous rappellera immanquablement la télécommande du téléviseur familial. C'est qu'en plus de ses dimensions généreuses (160,9 x 62,9 x 15,5 mm), le Galaxy Fold est le smartphone le plus lourd jamais passé entre nos mains avec 263 grammes sur la balance.
Autant dire qu'en main, aussi bien qu'en poche, on n'oublie jamais vraiment ce drôle d'appareil. Poche qui, de toute façon, aura bien du mal à accueillir un smartphone pourvu de ces mensurations. Bon courage pour vous assoir avec une brique de 1,5 cm sur la cuisse.
À l'usage, on s'attardera finalement assez peu sur cette face avant. La taille ridicule de son écran (4,6 pouces) limite son utilisation à la simple consultation de notifications. On pourra néanmoins en tirer parti pour prendre des photos sans avoir à déplier entièrement le Fold et ainsi rester un peu plus discret.
Cette partie du Galaxy Fold est rattachée à l'autre via une épaisse charnière siglée du logo Samsung. Mesurant 1,4 centimètre d'épaisseur, celle-ci ne passe pas inaperçue. Encore moins dans la version ci-présente, qui projette de nombreux reflets lumineux.
Reconnaissons l'ingéniosité du système imaginé par Samsung ici. Lorsque l'on ouvre le Galaxy Fold, la charnière disparaît simplement derrière ces deux écrans ; se complétant comme un seul et même panneau. Le mécanisme est fluide, paraît solide, et produit lorsqu'on le referme un petit « clac » caractéristique et satisfaisant. D'aucuns n'y verront rien d'autre qu'une jolie madeleine de Proust rappelant nos anciens téléphones à clapet.
La face dorsale du Galaxy Fold est... dépouillée. Dépourvue de logo, on n'y retrouve que le trio d'appareils photo, qui semble un peu seul perdu dans cet immense amas de miroirs. La coque de protection fournie par Samsung permet d'habiller un peu plus l'ensemble, et fait figurer une petite pastille marquée du mot « Fold », en bas à gauche.
L'heure est venue de déplier le nouveau jouet de Samsung. Pour ce faire, une très légère pression des pouces sur les tranches suffit. Le constructeur s'est néanmoins assuré de demander juste ce qu'il faut de force pour éviter une ouverture spontanée et involontaire de son smartphone pliant.
À l'intérieur, on découvre donc un gigantesque écran de 7,3 pouces au format bâtard de 4,2:3 (ce qui pose quelques problèmes d'optimisation sur les applications. Nous y reviendrons). Cerclé d'une épaisse bordure de 0,4 mm, cet écran nous laisse pantois. Oui, nous avons bien affaire à un écran AMOLED pliable.
On se surprend à ouvrir et fermer cet étrange appareil. Constatant à chaque reprise avec émerveillement la courbure se créer à mesure que les bords du smartphone s'approchent ou s'éloignent.
Dissipons néanmoins tout malentendu : oui, la pliure de l'écran se voit. Elle se voit même beaucoup, dépendant de l'intensité lumineuse dans lequel vous vous trouvez. Il s'agit pourtant d'un compromis technique avec lequel il va falloir composer pour les premières itérations de ces smartphones hybrides. Rassurez-vous : cela s'oublie après quelques jours d'utilisation.
Ce qui s'oublie moins, en revanche, c'est cette gigantesque encoche (3,6 cm de long pour 0,6 cm de large) dans le coin supérieur droit. Abritant le capteur de luminosité ambiante ainsi que les deux modules photo avant, cette balafre est prodigieusement disgracieuse. Elle se remarque d'autant plus qu'elle est située sur un coin de l'écran, et non pas au centre comme sur un iPhone 11 ou un Huawei Mate 20 Pro.
Difficile de faire autrement dans le cas présent, me direz-vous. Entièrement d'accord. Mais cette encoche, cumulée au format d'écran très particulier du Fold, fait que l'appareil accumule les obstacles à une compatibilité totale des applications du quotidien.
Le son du Galaxy Fold est envoyé par deux grilles de haut-parleurs situés sur les tranches hautes et basses du volet gauche. En ressort un son plutôt enveloppant, permettant de profiter de ses contenus audiovisuels en tout confort.
Malgré tout, vous n'ignorez pas que le Galaxy Fold fait l'impasse (comme le Galaxy Note 10) sur une prise jack 3,5 mm. Samsung a néanmoins la bonne idée de fournir une paire de Galaxy Buds aux acheteurs.
Enfin côté interaction, on dénombre deux boutons sur la tranche droite de l'appareil. Deux boutons... et un capteur d'empreintes. À l'heure qu'il est, j'avoue n'avoir toujours pas compris pourquoi Samsung n'a pas décliné le concept inauguré sur son Galaxy S10e ; à savoir un bouton « Power » servant également de capteur d'empreintes.
L'écran réinventé par Samsung
Outre son concept, c'est bien l'écran du Galaxy Fold qui tire toute la couverture à lui. Parfaitement inédit, cet écran « Infinity Flex » développé par Samsung est conçu à partir d'un polymère ultra fin, puis recouvert de plusieurs couches de plastique se substituant au verre habituellement appliqué par les constructeurs.Au risque de me répéter : cet écran se plie. Et c'est incroyable. L'ouverture et la fermeture du Galaxy Fold sont probablement les gestes les plus gratifiants que vous puissiez faire avec un téléphone depuis les modèles à glissière.
Sur cette nouvelle version du Fold, Samsung s'est assuré qu'aucun grain de poussière ou autre intrus ne pourra se loger sous l'écran et donc le rendre inopérant en quelques minutes. De part et d'autre de la charnière (qui, d'ailleurs, est également plus serrée que sur le précédent modèle), le constructeur a ajouté des petits caches en plastique en forme de « T » afin de colmater une éventuelle ouverture. Rassurant.
Passé ce frisson de la découverte et de la nouveauté, que vaut vraiment l'écran du Galaxy Fold ? Eh bien chacun connait l'expertise de Samsung en la matière. L'écran du Fold est excellent, tout simplement.
Calibré avec maestria par le Sud-Coréen en usine, le Galaxy Fold offre des couleurs naturelles et précises, tout en jouissant d'un couple contraste-luminosité parfaitement équilibré. Ouverte, la mini-tablette se dote d'une luminosité maximale tutoyant les 720 cd/m2, ce qui rend son utilisation en plein soleil particulièrement confortable. On pestera malgré tout sur ce revêtement plastique qui, contrairement au verre, produit davantage de reflets sur la dalle.
Il existe néanmoins un problème assez gênant sur l'écran 7,3 pouces du Galaxy Fold. Le genre de problème au-delà duquel on a du mal à passer une fois constaté. La fréquence d'affichage de la partie droite de l'écran est légèrement supérieure à celle de la partie gauche.
Autrement dit, lorsque vous scrollez sur le Fold, vous constaterez parfois que la partie droite de l'écran est en avance sur l'autre. Créant ainsi un petit décalage visuel. Il faut être attentif pour s'en apercevoir, mais le problème existe. On ignore cependant s'il s'agit de quelque chose qui peut être corrigé via une mise à jour, ou si la cause est matérielle.
Quid de l'écran avant ?
L'écran avant du Galaxy Fold a un statut un peu particulier. Il ne faut pas plus de quelques minutes pour s'apercevoir qu'il ne nous servira pas souvent. Pour autant, Samsung n'a pas bâclé sa copie, et livre une fois encore une dalle parfaitement calibrée, et dotée d'une luminosité maximale de 760 cd/m2.
Si elle est réactive, on limitera son usage à la simple consultation de notifications. Trop petite, elle rend l'exercice de la saisie de texte bien trop périlleux. En outre, son format aura tendance à ratatiner les applications et à rogner une part importante du texte devant s'afficher.
Au terme de quelques jours d'utilisation, on doit néanmoins reconnaître qu'en dépit d'un format inhabituel, l'écran central du Galaxy Fold place idéalement le curseur entre encombrement et confort. C'est simple : vous allez avoir envie de lire, de regarder des vidéos, de jouer. Toutes ces activités somme toute classiques sur un smartphone sont ici réinventées, et on se plait à les redécouvrir.
Malheureusement, le Galaxy Fold reste un produit de niche. Par conséquent les développeurs n'ont que peu d'intérêt à adapter leur application à de telles excentricités visuelles. Il va falloir faire avec.
Une partie logicielle bien adaptée au produit
S'il n'a pas encore profité du passage à Android 10, le Galaxy Fold tire pleinement parti de la surcouche OneUI inaugurée par Samsung sur ses Galaxy S10.Si Android n'a jamais été reconnu comme un OS très adapté aux tablettes, il faut reconnaître que l'interface de Samsung s'accommode fort bien au format du Galaxy Fold. À deux ou trois absurdités près.
Pour commencer — et c'était d'ailleurs la promesse initiale du Fold — la continuité des applications fonctionne à merveille. Ouvrir une application sur le petit écran de couverture, puis ouvrir le Galaxy Fold entrainera un redimensionnement automatique de la fenêtre. Sans rechargement de la page, ou repositionnement du champ de vision.
Malheureusement, l'inverse n'est pas vrai. Par défaut, il est impossible de passer du grand au petit écran sans avoir à relancer l'application. Un rapide passage par la case réglages permet néanmoins de contourner le problème.
On constate aussi que le petit écran situé à l'avant dispose d'une page d'accueil qui lui est propre. On a beau réorganiser son « bureau » sur la version déployée du Fold, il faudra refaire la même chose sur l'écran avant.
Autrement, l'une des autres promesses du Galaxy Fold était de faciliter le multitâche. Ici encore, OneUI nous aide à nous y retrouver. Un simple swipe vers la gauche depuis l'extrémité droite de l'écran permet de faire apparaître un volet listant les applications compatibles avec la vue scindée. Conformément aux vœux de Samsung, il est possible de lancer jusqu'à trois applications simultanément (une principale occupant 50% de l'écran, les deux autres se partageant les 50% restants).
En usant de la fonctionnalité de fenêtres flottantes (déjà possible sur les smartphones Galaxy classiques), il est même possible de lancer 5 applications en parallèle. Inutile de préciser que cela devient rapidement chaotique. Même s'il est possible de minimiser lesdites applications au sein de « bulles » rappelant celle de Messenger.
L'apprentissage du Galaxy Fold
Utiliser le Galaxy Fold demande un apprentissage plus ou moins long selon vos habitudes de consommation du smartphone ou de la tablette.
Je l'ai dit plus haut : une utilisation en mode fermé est presque proscrite au-delà de la seule consultation de notifications. Mais au sortir de l'aspect consultatif, il est en réalité bien difficile (au début) de prendre en main le Galaxy Fold en mode déplié.
Le clavier vous posera quelques soucis. Présenté par défaut en mode scindé (une partie de clavier de chaque côté de la charnière), il vous demandera un petit temps d'adaptation pour prendre vos marques.
Mais si le logiciel intégré au Galaxy Fold accompagne avantageusement l'utilisateur dans sa découverte de ce produit innovant, les applications tierces sont moins conciliantes. On l'a abordé plus haut : le petit écran à l'avant aura toutes les peines du monde à afficher de longs textes sans les ratatiner. Mais une fois déplié, c'est un autre problème qui se pose.
En effet il existe très peu d'applications prenant en charge correctement le format 4,2:3. Instagram, pour ne citer que lui, rognera invariablement le texte situé trop haut ou trop bas dans les stories.
Mais plus encore qu'une histoire de format, c'est l'encoche qui pose le plus de problèmes ici. Il n'est pas rare de voir un pan entier de l'interface disparaître sous les appareils photo avant du Galaxy Fold. D'autant plus gênant dans les jeux vidéo que certaines informations importantes peuvent s'afficher dessous.
Plus puissant ? Pour quoi faire ?
On l'a abordé un peu plus haut : le Galaxy Fold ne bénéficie pas des largesses du Snapdragon 855+. Mais le smartphone pliant de Samsung fait déjà une belle infidélité à la maison en s'affichant en compagnie d'un SoC signé Qualcomm au détriment des puces Exynos.Ce faisant, le Galaxy Fold se hisse sans mal parmi les 10 smartphones les plus puissants de 2019. Évidemment à mille lieues derrière l'iPhone 11 Pro et le ROG Phone II du côté d'Android, le Galaxy Fold n'a rien à leur envier une fois à l'épreuve du réel.
AnTuTu Benchmark accorde le score de 359 149 points au Galaxy Fold. Un score parfaitement dans les normes de ce qui est attendu d'un smartphone équipé en SD 855. Geekbench 4 calcule quant à lui 3 488 points en single-core et 10 896 en multi-core. La dernière version du logiciel de benchmark, Geekbench 5, affiche quant à elle 727 en single et 2 534 en multi. Des résultats en légère hausse par rapport au Galaxy Note 10+ donc.
Androbench nous donne à prendre toute la mesure des bienfaits des puces UFS 3.0. Les débits en lecture et en écriture du Galaxy Fold sont très bons, avec respectivement 1 355 Mb/s et 395,2 Mb/s. Ils restent néanmoins en deçà des résultats du Note 10+, pour reprendre cette comparaison.
La partie graphique du Galaxy Fold est quant à elle très solide. L'Adreno 640 continue de faire des merveilles en 3D, et se voit octroyer les scores de 5 647 et 4 960 points sur 3D Mark (Sling Shot Extreme).
Absolument tous les jeux, y compris le récent et gourmand Call of Duty : Mobile tournent comme un charme sur le Galaxy Fold. Mieux encore : le smartphone pliant de Samsung assure une dissipation thermique exemplaire. Jamais, même après des sessions de jeu prolongées, je n'ai constaté une chauffe inquiétante sur la surface de l'appareil.
Étonnamment endurant
« Une batterie de 4 380 mAh pour un smartphone doté de deux écrans. Vraiment ? ». Voici peu ou prou ma réaction lorsque j'ai découvert la fiche technique du Galaxy Fold. À l'heure où certains smartphones (le Asus ROG Phone II, pour ne pas le citer) embarquent des accus de 6 000 mAh et tiennent plus de deux jours entiers sans croiser le chemin d'une prise, comment le Galaxy Fold allait pouvoir tenir la route ?La réponse est « étonnamment bien ». D'autant plus étonnant, j'ajouterais, que les Samsung Galaxy S10 et Note 10 ne nous ont pas frappés comme étant des modèles d'autonomie. Pourtant, le Galaxy Fold tiendra invariablement sa journée et demie de labeur sans broncher.
La consommation énergétique du smartphone hybride de Samsung est en cela exemplaire. Même lorsqu'il est hautement mis à profit, le Fold bombe le torse et assume la charge. En moyenne, j'ai été en mesure de l'utiliser pendant un peu plus de 7 h sur une période de 45 heures. En cela, le Fold tient la dragée haute à un certain nombre de ses concurrents.
On ne s'explique pas, en revanche, pourquoi le Galaxy du renouveau ne s'aventure pas au-delà de la recharge à 15 W. Peut-être Samsung a jugé bon de ne pas trop mettre la pression à la batterie intégrée dans son appareil. Dans tous les cas, on s'en accommode. Une demi-heure de charge permet de regagner 31% d'autonomie. Il faudra attendre 2 h tout rond pour le voir passer de 0 à 100%. Bonne nouvelle : la charge sans-fil est également supportée jusqu'à 15 W.
Six capteurs photo au service de la polyvalence
Le Galaxy Fold est l'appareil de tous les superlatifs. Et ce qui représente peut-être le mieux cet aspect du smartphone est l'impressionnant nombre de modules photo que l'on y retrouve.Pourtant, Samsung ne propose ici rien de très neuf. Les trois capteurs principaux sont les mêmes apposés au dos du Galaxy S10 et du Galaxy Note 10 après lui. À l'intérieur, on retrouve le duo d'APN qui, sur le S10+, était logé à l'intérieur de la « capsule » intégrée à l'écran. Enfin, le petit écran avant du Fold se dote d'un mini-capteur 10 mégapixels pouvant éventuellement dépanner.
La bonne nouvelle, en revanche, c'est que les trois optiques principales (standard, ultra grand-angle et téléobjectif) sont utilisables aussi bien avec le smartphone ouvert que plié.
Pratique pour rester discret. Ou tout simplement éviter d'être la cible des regards lourds de jugement que vous lancez sans doute à ce père de famille qui immortalise une journée à Disneyland avec un iPad.
Ici, qui dit mêmes capteurs dit également même traitement. Le Galaxy Fold ne fait ni mieux, ni pire que le Galaxy Note 10 en matière de photo. Ce qui tombe plutôt bien, étant donné que la dernière « phablette » de Samsung se révélait très à l'aise dans l'exercice.
En dépit des seuls 12 mégapixels de son capteur principal, le Galaxy Fold est en mesure de tirer des clichés parfaitement détaillés. On apprécie particulièrement le bel équilibre dans la balance des blancs et les jolies nuances que le mode HDR intègre aux images.
On remarquera qu'à quelques occasions le traitement prendra ses aises en matière de saturation. C'est particulièrement vrai avec le capteur ultra grand-angle, qui fait beaucoup trop ressortir le bleu du ciel et le vert de l'herbe.
Le télé-objectif est moins soumis à ce problème, et tendra parfois même vers l'inverse. À savoir des images manquant un peu de pep's, et tirant parfois méchamment vers le jaune.
Même en dépit d'une caméra 3D aidant à la capture de la profondeur de champ, le Galaxy Fold s'en sort très bien en mode portrait. Le détourage n'est pas parfait, et laissera çà et là trainer quelques cheveux (ou poils d'alpagas), mais les faux positifs sur les paysages sont plutôt réduits.
Le constat est assez similaire sur les capteurs avant. On regrette néanmoins qu'un lissage important semble appliqué aux visages, et que le traitement soit ici plutôt chiche en saturation. La peau apparaît alors plus pâle qu'elle ne l'est en réalité.
Déplié, le Galaxy Fold permet d'ailleurs d'opter pour une optique 26 mm ou une plus large de 24 mm permettant d'inclure davantage de monde à son cliché. Les mêmes modules que sur le Galaxy S10+ sont utilisés.
De nuit, on est une fois encore sur un rendu égal à celui du S10 ou Note 10. Autrement dit : le smartphone s'en sort avantageusement lors de scènes nocturnes urbaines, mais aura davantage de mal à procurer satisfaction en intérieur. En aucun cas un concurrent sérieux pour le Huawei P30 Pro donc.
Comme sur tous les Galaxy haut de gamme de 2019, le Fold intègre la fonctionnalité Super Steady Cam qui offre à vos vidéos une stabilisation incroyablement efficace. Notez que, même désactivée, la stabilisation optique reste d'excellente facture. Rappelons aussi que le Fold est capable de filmer jusqu'en 4K à 60 ips, et que le mode super ralenti permet d'obtenir jusqu'à 960 images par seconde.
Samsung Galaxy Fold : l'avis de Clubic
Vous voyez, au final, ce n'est pas si mal. Le Galaxy Fold porte à bout de bras les nombreuses promesses d'un appareil hybride innovant... mais affiche sur son corps les stigmates d'un pionnier.Le principal souci du smartphone / tablette pliable de Samsung est qu'on peine à l'appréhender. On se demande parfois par quel bout le prendre, et même comment doit-on le considérer. Rarement pratique, trop volumineux, trop lourd, trop petit lorsqu'il est plié, le Fold est un appareil que l'on apprend à apprécier au long cours.
En cela, il vous met face à une question essentielle : où se situe la limite de l'utilisation d'un smartphone ? À partir de quel moment, avec quelle application est-il plus confortable d'utiliser une tablette ? Il y a autant de réponses possibles que de personnes en possession d'un smartphone sur cette planète.
En ce qui me concerne, je ne suis pas client. Je reconnais la prise de risque de Samsung et je la salue. Le monde du smartphone a définitivement besoin de se réinventer. Mais à aucun moment le Galaxy Fold ne m'a donné l'impression de pouvoir faire plus que ce que je fais sur un smartphone. Je n'ai pas été plus « productif » ni plus « diverti » grâce à lui.
À ce titre, je suis persuadé que le Galaxy Fold pourrait profiter du support du S-Pen qui accompagne actuellement le Galaxy Note. La complémentarité entre les deux outils semble évidente. Reste que pour un premier saut dans le grand bain, Samsung s'en sort admirablement bien. Et même sous cet aspect « prototype » auquel il n'échappe pas, le Galaxy Fold laisse entrevoir un bel avenir pour ce type d'appareils.
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