Le mois prochain, cela fera un an que Huawei figure dans l'entity list américaine. Une mise au ban, qui lui interdit formellement d'utiliser du matériel ou du software américain, sur fond de suspicions d'espionnage et autres considérations économiques et politiques qui ne sont pas notre objet ici.
Conséquence ? Tous les nouveaux mobiles de la marque doivent utiliser la version open source d'Android (AOSP), sur laquelle Huawei vient maintenant greffer ses Huawei Mobile Services. Un écosystème auquel les clients chinois de la marque sont habitués, mais qui n'est absolument pas taillé pour le public occidental.
Au risque de gâcher la surprise : la nouvelle mouture de Huawei n'est pas plus prête à convaincre les consommateurs européens que ne l'était le Mate 30 Pro en décembre dernier. Et le P40 qui nous intéresse aujourd'hui souffre en prime de la comparaison avec son grand frère, le P40 Pro, qu'il a toutes les peines du monde à tenir.
Le P40 sera disponible en France le 21 avril.
Huawei P40 : la fiche technique
Comme à son habitude, Huawei n'a pas lésiné sur la fiche technique de son P40. S'il n'est pas « Pro », il embarque une fiche technique semblable à son grand frère, mais échappe malheureusement à l'essentiel des nouveautés de cette édition.Le Huawei P40, c'est :
- Écran : OLED de 6,1 pouces (19,5 : 9) affichant une définition de 2340 x 1080 pixels (422 ppi, 60 Hz) et couvrant environ 86% de la surface avant
- SoC : Kirin 990 5G (7 nm+) avec processeur octo-core (2x 2,86 GHz + 2x 2,36 GHz + 4x 1,95 GHz) et GPU Mali-G76 MP16
- Mémoire vive : 8 Go
- Stockage interne : 128 Go (extensible via NMCard) UFS 3.0
- Batterie : 3 800 mAh, recharge rapide jusqu'à 22,5 W en filaire
- Étanchéité : IP 53
- Prise jack 3,5 mm : Non (adaptateur non inclus)
- Appareils photo arrière : capteur 50 MP (1/1,28", photosites de 2,44 µm, ƒ/1,9) équivalent 23 mm + téléobjectif 8 MP (ƒ/2,4, OIS, zoom optique 3x) équivalent 80 mm + 16 MP (ƒ/2,2) ultra grand-angle équivalent 17 mm
- Vidéo : 2160p@30/60 ips, 1080p@30/60 ips, 720@960 ips
- Appareil photo avant : 32 MP (1/2.8", photosites de 0,8 µm, ƒ/2,2) + 3D ToF
- Capteur d'empreintes : Oui, sous l'écran (optique)
- Recharge inversée : Non
- Double SIM : Oui
- Compatible 5G : Oui
- Connectivité : Wi-Fi 802.11 a/b/g/n/ac/ax, Bluetooth 5.1, NFC, eSIM
- Dimensions : 148,9 x 71,1 x 8,5 mm pour 175 grammes
- OS : Android 10 + EMUI 10.1
- Coloris : Or, noir, gris
- Prix : 799€
Le P40 conserve donc LA principale nouveauté de la série : le gigantesque capteur photo principal de 50 mégapixels. Pour le reste... on se situe plutôt dans une rehausse légère des specs du P30 de l'an passé. La compatibilité 5G et Wi-Fi 6 en bonus (et sans surcoût, pas comme chez d'autres). Principal regret ici : l'absence d'un écran cadencé à 90 Hz.
Dans l'écrin du P40, on retrouvera l'adaptateur 22,5 W et son câble USB-C, ainsi qu'un kit mains libres USB-C.
Un format idéal pour une utilisation à une main
Les constructeurs de smartphone ont le goût du gigantisme ces dernières années. Il n'y a qu'à mettre côte à côte les Galaxy S20 Ultra de Samsung et ce Huawei P40 pour s'en rendre compte.Comme l'an dernier, Huawei a œuvré pour offrir à son P40 le rang de smartphone accessible et dédié aux détracteurs des téléphones XXL.
Sans être un véritable exemple en la matière (le P40 est très légèrement plus grand que le Galaxy S10e), il tient parfaitement en main (et en poche), favorisant ainsi sa manipulation du bout d'un seul pouce.
On est très heureux de retrouver au dos de notre modèle de test (coloris Golden Blush) la même finition que sur notre P40 Pro ; tout en verre dépoli. Un effet mat aussi agréable visuellement que sous les doigts, pour un rendu proche de ce que propose Google sur le dos de ses Pixel.
Dans le prolongement de ce coloris ravissant, oscillant entre le doré et l'orange poudré, le cerclage du téléphone est présenté dans une finition cuivrée du plus bel effet.
Autant l'écrire : le P40 est une petite merveille de design. Indéniablement élégant, on lui passe même l'épais bloc d'appareils photo qui occupe un espace important sur son dos. Bien moins conséquent que celui de son grand frère, et incomparablement plus compact que le monstre qui équipe le Galaxy S20 Ultra.
On est moins conquis par cette manie qu'a eue Huawei cette année d'opter pour une découpe aussi large sur son écran. Opter pour une configuration avant à deux APN (un 32 mégapixels + ToF) n'a pas beaucoup de sens — d'autant que le smartphone ne propose pas de déverrouillage facial 3D. Résultat, l'écran du P40 affiche une « encoche » de 1,5 sur 0,6 cm. Autant dire qu'elle ne passe pas inaperçue. Même si elle est très légèrement plus menue que celle du P40 Pro. Nous aurions préféré un poinçon plus discret.
Du reste, l'écran du P40 échappe aussi au design dit « Overflow » du P40 Pro. Autrement dit, l'écran est parfaitement plat, et seul le dos de l'appareil affiche une très légère courbure. Les bordures de l'appareil sont également beaucoup plus épaisses que sur le modèle Pro.
Au final, la surface d'affichage peine à dépasser les 86% de la face avant. Cela reste suffisant pour celles et ceux pour qui smartphone rime avec réseaux sociaux et jeux casual, mais les amateurs de films, séries et jeux vidéo très visuels risquent de se trouver à l'étroit.
On s'enthousiasme en revanche du placement du capteur d'empreintes situé sous l'écran. Contrairement au Mate 30 Pro, où ce dernier était logé tout en bas de l'écran, celui-ci retrouve son placement initial, au premier quart de l'écran. Un endroit bien plus propice à un déverrouillage naturel avec le pouce, sans créer aucune contorsion et donc inconfort.
La partie sonore est assurée par une unique grille de haut-parleurs, située à côté du port USB-C — l'unique connectique du P40. Un son mono, indigne d'un flagship selon nous. Mais Huawei traine comme une tare sa partie audio depuis de longues années ; nous ne sommes pas surpris.
Un bel écran OLED, mais cantonné à 60 Hz
On ne vous apprendra rien : l'une des grosses tendances de l'industrie cette année est d'offrir des fréquences de rafraichissement plus importantes sur l'écran des smartphones pour favoriser la fluidité. Une tendance qui s'est récemment illustrée chez Samsung, dont la gamme S20 mobilise à tous les niveaux une dalle 120 Hz — ce qui n'est pas sans conséquence sur l'autonomie.Huawei a lui aussi opté pour une telle démarche ; à un moindre niveau. Le P40 Pro dispose ainsi d'une dalle AMOLED 90 Hz. Le P40, en revanche, reprend à l'identique l'écran offert l'an dernier au P30. 60 hertz, donc.
Une belle dalle OLED, de 6,1 pouces, qui affiche du 2340 x 1080 pixels sur une résolution de 422 ppi. Et elle fait bien son travail, cette dalle. Si ce n'était cette très légère tendance à tirer vers le bleu (on corrige ça facilement avec la roue chromatique dans les réglages).
Côté luminosité et contraste, c'est un sans faute. Huawei offre une nouvelle fois à son smartphone d'excellents matériaux. Mais on commence à toucher du doigt ce qui risque de poser des problèmes à ce P40 sur le marché : à 800€, ne pas proposer — en 2020 — d'écran avec un petit « plus » comme peut le représenter une fréquence 90 Hz, est un pari risqué. D'autant que, vous le savez bien, le P40 a (beaucoup) d'autres problèmes.
Aussi, si les amateurs de smartphone compacts accueilleront chaleureusement le form factor du P40, les fans de séries et jeux vidéo n'y trouveront pas leur compte. La faute à une diagonale de 6,1 pouces seulement, et surtout à cette double découpe inesthétique qui risque de nuire à leur expérience.
Android sans Google : une expérience hors-sol
On y est. Le chapitre crève-cœur. Celui où l'on explique que, malgré toutes les qualités du P40, ses chances de réussite sur le marché occidental sont sinon amoindries, réduites à néant par une absurde guerre commerciale entre Pékin et Washington.Car en dépit des promesses d'un Huawei plein de bonne volonté, l'AppGallery et les Huawei Mobile Services ne sont absolument pas prêts à combler les besoins des consommateurs européens. Les solutions mises en place à l'heure actuelle par le constructeur ne sont que des pis-aller. Des rustines, destinées à rassurer les prospects (et les investisseurs) sur le développement futur de l'écosystème Huawei, ou encore la possible résolution future de la situation sino-américaine.
« AppGallery et les Huawei Mobile Services ne sont absolument pas prêts à combler les besoins des consommateurs européens »
Le premier démarrage d'un Huawei P40 ne diffère pas d'un autre smartphone Android. On nous propose même de récupérer les données et applications d'un précédent téléphone — ce que nous faisons immédiatement.
Bien sûr, sont perdues dans le processus toutes les applications ayant un lien avec Google. Sheets, YouTube, Chrome et j'en passe ne parviennent pas à se frayer un chemin entre les filets.
Qu'à cela ne tienne, nous lançons ce fameux AppGallery pour tenter de retrouver des références connues. Après être accueilli par une publicité, et une page nous proposant d'installer une sélection d'application parmi lesquelles on retrouve Le Monde, Libération, Snapchat ou l'indécrottable TikTok, nous arrivons sur la page d'accueil du store Huawei.
Rien à signaler : c'est un magasin d'applications des plus classiques. À la différence près que nos recherches ne donnent rien. Spotify ? Netflix ? Slack ? Discord ? Introuvables.
Pour d'autres, Huawei a trouvé une parade. Tapez par exemple Facebook, pour vous voir redirigés vers la page officielle de téléchargement de l'APK du réseau social. Malin, mais quid des mises à jour ? À votre charge d'aller récupérer les nouvelles APK à chaque nouveau correctif.
Il existe aussi ce que Huawei appelle les Quick Apps. Grossièrement : des progressive web apps qui peuvent être lancées depuis l'écran d'accueil et se substituent aux applications manquantes. Twitter, notamment, peut fonctionner comme cela. Malin, une nouvelle fois. Au détail près que, comme une énorme majorité d'applications sur le P40, celles-ci ne vous enverront aucune notification.
C'est que le module gérant les notifications Push est visiblement lié, lui aussi, aux Google Services. Ou du moins absent pour l'heure des Huawei Mobile Services. Ce qui nous fait nous retrouver dans d'absurdes situations telles que, Le Monde, application pourtant disponible sur AppGallery, est tout bonnement incapable de nous notifier de la parution d'un nouvel article.
Alors bien sûr, les plus convaincus que l'absence de Google sur un smartphone est anecdotique me répondront qu'on peut toujours installer soi-même les APK depuis Internet. Ou encore que les stores alternatifs existent pour une raison. Je ne pourrais être plus d'accord. Aptoide et Aurora Store m'ont effectivement permis de récupérer les applications manquantes. Applications qui n'affichent pas la moindre notification, et que je dois mettre à jour manuellement. Une par une.
Comme je l'écrivais dans le test du Huawei P40 Pro, j'ai besoin de très exactement quatre applications au quotidien pour pouvoir faire mon travail. Feedly, pour ma veille, Protonmail, afin d'échanger avec les professionnels de l'industrie, Discord, afin de converser avec mes estimés collègues, et Google Sheets, afin de proposer des articles à la rédaction. Sur ces quatre applications, seule Feedly fonctionne parfaitement sur le P40. Les autres n'affichent aucune notification, quand Google Sheets ne se lance tout simplement pas — logique. Sheets qui, lui, ne peut pas être lancé depuis un navigateur sur téléphone.
Enfin, pour enfoncer le clou, si l'on peut se réjouir que Netflix soit enfin utilisable via sa dernière version, on pestera devant la certification Widevine L3 qui nous empêche tout bonnement de profiter des contenus vidéo en HD sur la plate-forme.
Des performances très solides
En dépit d'une fiche technique très proche du P40 Pro, le P40 n'affiche pas tout à fait les mêmes résultats sur notre protocole de test.Lors d'un premier passage sur AnTuTu, le P40 et sa configuration à base de Kirin 990, 8 Go de RAM et puce UFS 3.0 ont obtenu le score de 448 208 points. En activant le mode « Performances », qui décuple la puissance de l'appareil, on arrive à 483 072 points.
Sur Geekbench 5, le P40 obtient néanmoins des scores bien supérieurs au P40 Pro, notamment en multicore avec 3013 points contre 2779 pour le modèle premium. Une différence sensible, que l'on avoue avoir bien du mal à justifier.
Le chipset graphique du Kirin 990 offre quant à lui des résultats sensiblement identiques à celle du P40 Pro sur 3D Mark. La puce de stockage UFS 3.0, en revanche, affiche des débits beaucoup plus réduits que celle du modèle haut de gamme — de l'ordre de 20% environ en lecture, et presque 50% en écriture.
Qu'importent les chiffres : nous sommes ici en présence d'un smartphone très véloce qui n'aura aucun mal à lancer de nombreuses applications. Les jeux peuvent quant à eux être lancés dans leur qualité graphique maximum sans problème. Call of Duty Mobile, par exemple, tourne comme un charme avec tous les potards à fond.
Une autonomie identique au P40 Pro, mais...
Le Huawei P40 Pro est probablement le premier smartphone équipé d'un écran à taux de rafraîchissement élevé à se pourvoir d'une autonomie décente. Lors de notre test, nous calculions un temps d'affichage de l'écran de plus de 8 h pour quelque 28h sur batterie.Ici, avec une batterie de moindre capacité (3 800 mAh) et un écran cadencé à 60 Hz, le P40 fait aussi bien, à défaut de faire mieux. La batterie a tenu exactement 30 heures, et l'écran de notre modèle de test est resté allumé pendant 7h23 minutes. Très largement de quoi tenir une bonne journée et demie, d'autant que nous n'avons pas lésiné sur les séries et le jeu vidéo pendant notre test.
Côté recharge, le P40 est compatible avec la recharge à 22,5 W via l'adaptateur secteur fourni. Celui-ci permet de récupérer 57% d'autonomie en 30 minutes. La batterie mettra exactement 1 h 30 à passer de 0 à 100%.
Photo : entre le bluffant et l'inégal
Testé au beau milieu des mesures de confinement adoptées par la France pour lutter contre la pandémie de Covid-19, pardonnez par avance le manque de diversité des photographies prises avec le P40 Pro. Nous avons fait au mieux au vu des circonstances exceptionnelles.
On le sait tous : les smartphones Huawei P sont monstrueux en photographie. C'est simple : le constructeur chinois s'est fait une véritable spécialité de la discipline, au point que la sortie d'un nouveau P donne le cap à la concurrence pour l'année à venir.
Cette année, Huawei avait un adversaire de taille en l'objet du Samsung Galaxy S20 Ultra qui, lui aussi, aligne les superlatifs en photo. Mais d'après notre expérience sur le P40 Pro, la solution Huawei s'en tire mieux encore.
Et si c'est le cas, c'est notamment grâce au nouveau capteur de 1/1,28 pouce de 50 mégapixels intégré aussi bien au modèle Pro qu'à ce petit P40. Un gigantesque module (seuls Panasonic et Nokia ont fait mieux, il y a plus de 6 ans), qui permet au smartphone de recueillir une foule d'informations tout bonnement hallucinante.
Usant de la technique bien connue du pixel binning afin d'améliorer la dynamique et d'exposer plus harmonieusement toute l'image, le P40 mobilise ici 16 pixels pour un, là où l'essentiel de la concurrence n'en utilise que 4 pour un. Résultat ? Des photosites d'une taille record de 2,44 µm pour des photos à la clarté renversante.
En journée, toutes les parties de l'image sont idéalement exposées, et le piqué reste bon même en excentrant légèrement notre regard.
On regrette, en revanche, que le P40 échappe au grand module ultrawide que Huawei a offert à son P40 Pro. Ici, on ne retrouvera qu'un capteur 16 mégapixels ƒ/2,2 — le même que sur le P30.
Pas vilain pour un sou, ce module produit des images de qualité. Mais a la fâcheuse tendance à les jaunir et donc à les dénaturer. On apprécie toutefois que les progrès de l'algorithme de Huawei se retrouvent aussi sur le P40. La distorsion est minime, tout comme la déperdition de détails sur les angles — très mesurée.
Comme sur le P40 Pro, nous sommes particulièrement enthousiastes ici sur la qualité du zoom optique 3x dont dispose le petit modèle. S'il est assez pauvrement défini sur le papier (8 mégapixels seulement), ce troisième et dernier module fait son travail avec brio. Même sur ordinateur, les clichés ressortent plein de détails, et la colorimétrie naturelle est respectée.
Des résultats d'ailleurs tout aussi enthousiasmants en utilisant le zoom hybride 5x, qui offre une longueur focale plus étendue encore, sans rogner trop sévèrement sur la qualité optique.
Bien entendu, on évitera de monter au-delà, et donc d'utiliser le zoom numérique qui, lui, est plutôt grossier. Comme sur n'importe quel smartphone finalement. On soulignera malgré tout que l'excellente stabilisation du téléobjectif permet de prendre des photographies en 30x à main levée sans que le tremblement ne vienne entacher le résultat.
De nuit, le P40 s'en sort au moins aussi bien que son grand frère. Il faut dire que son module principal — 50 mégapixels — est pourvu d'un filtre RYYB (rouge, jaune, jaune, bleu) en lieu et place du traditionnel RGGB (rouge, vert, vert, bleu). Un choix que, pour l'heure, seul Huawei a fait, et qui permet à ses appareils de capturer davantage de lumière sans pour autant faire s'affoler les ISO.
Les résultats de nuit sont donc très bons. Ou, au moins, aussi bon que ceux du P30 Pro l'an passé. Finalement, le capteur et les photosites plus grands du P40 ne lui permettent pas tant de faire des photos nocturnes de meilleure qualité, mais de déclencher avec un temps d'exposition plus réduit, ou avec des ISO plus raisonnables afin de limiter l'apparition de bruit numérique. Une légère amélioration donc.
Du côté des portraits, le P40 étant dépourvu de module ToF, les résultats sont fatalement moins précis que sur le P40 Pro. De même que, le téléobjectif étant plus faiblement défini, les portraits ressortent moins détaillés si vous optez pour un zoom.
Reste que le détourage est, en journée, de très bonne qualité, et que le flou d'arrière-plan est justement dosé pour ne pas donner l'impression d'un simulacre honteux.
À l'avant, le capteur photo 32 mégapixels est d'excellente facture. Les selfies sont très détaillés, le piqué est bon, et la colorimétrie très naturelle. Le mode portrait dédié est néanmoins un peu laxiste, notamment sur les mèches de cheveux éparses qu'il aura tendance à flouter.
Un mot sur les nouveautés logicielles apportées au P40. Comme son grand frère, le petit modèle dispose lui aussi de la fonctionnalité Best Moment qui, si vous l'activez, permet à l'appareil de déclencher légèrement en amont et de fermer l'obturateur à peine en retard. Ce faisant, l'utilisateur aura davantage de choix a posteriori pour sélectionner la meilleure prise (best moment). Utile lorsque votre sujet a la fâcheuse tendance à fermer les yeux, par exemple.
Une autre nouveauté, également intégrée à ce nouveau logiciel de retouche, permet aussi de supprimer les passants d'une rue (invérifiable en ces temps de confinement, malheureusement), ou encore les reflets sur une surface vitrée. Sur ce dernier point, on doit dire que l'on est bluffés par le résultat.
Enfin, sur la partie vidéo, le Huawei P40 fait logiquement moins bien que le P40 Pro, en cela qu'il ne dispose pas du module ultra grand-angle 40 mégapixels. La stabilisation optique du module principale n'en est pas moins très bonne, et permet de filmer en 4K à 60 fps sans problème. Mais on perd ce petit côté touche à tout qui fait toute l'excellence du P40 Pro dans ce domaine. Aussi, pour les amateurs de ralentis : le P40 ne dispose pas des prises de vues à 7 680 images par seconde. Il ne pourra monter « qu'à » 960 ips.
Huawei P40 : l'avis de Clubic
Vous connaissez déjà notre position sur le sujet. En l'état — c'est à dire sans les services et applications Google —, nous estimons que le Huawei P40 est tout bonnement inutilisable pour le quidam. Il n'y retrouvera ni ses applications favorites, ou alors au prix de concessions que l'on ne devrait pas demander à quelqu'un prêt à investir 800€ dans un smartphone.Du reste, on est assez largement moins emballés par ce P40 que par le modèle Pro. L'écart est plus visible encore qu'il ne l'était l'an passé sur les modèles 30. Adorable avec son petit format, et très bien fini, le P40 ne brille finalement que par ses performances et son capteur photo principal. Mais il échappe à tout ce qui fait l'excellence du P40 Pro : à savoir son autonomie, la fluidité de son écran et la polyvalence sans concession de sa configuration photo.
De fait, le Huawei P40 serait-il recommandable même avec les services et applications Google ? À celles et ceux qui recherchent un smartphone compact et très doué en photo, oui. Mais dans le meilleur des mondes, nous n'aurions pas mis plus de 4/5 au P40. Sous son délicieux vernis, le smartphone de Huawei ne nous semble pas très bien armé pour faire face à un Xiaomi Mi 10, ou encore un futur OnePlus 8 que l'on attend particulièrement agressif cette année.
Test réalisé à partir d'un exemplaire prêté par Huawei
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