Résultat, ce n'est plus un seul Starship qui attend, mais deux... Crédits SpaceX/Elon Musk
Résultat, ce n'est plus un seul Starship qui attend, mais deux... Crédits SpaceX/Elon Musk

Le dernier prototype de Starship, SN9, n'a pu décoller jeudi ni vendredi dernier, n'ayant pas reçu les autorisations de vol de la part de l'autorité américaine en charge, la FAA. L'occasion pour Elon Musk d'évoquer sur Twitter l'inertie de l'administration étatique… Au moment même où il apparait que l'essai précédent avait peut-être violé les conditions préétablies.

Un imbroglio de plus donc…

Pointé vers le ciel

Jeudi 28 janvier, des dizaines de milliers d'internautes s'étaient déjà réunis autour des flux vidéos disponibles pour observer le nouvel essai de l'énorme prototype Starship SN9. Ce dernier, équipé de trois moteurs, devait rééditer le vol réalisé le 9 décembre dernier par son prédécesseur, SN8 : une parabole à 10 ou 12,5 kilomètres d'altitude, suivie par un vol plané et contrôlé, avant un rallumage des moteurs pour se poser à la verticale, à quelques centaines de mètres du site de décollage.

Mais dès la fin d'après-midi, les rumeurs s'enflamment : SpaceX n'aurait pas encore reçu l'autorisation de la part de la FAA pour son essai. Pour rappel, la FAA, ou Federal Aviation Administration, prend en charge les permis de tout ce qui vole aux Etats-Unis.

Il faut dire que les essais de Starship ne sont pas avares en sensations fortes. Crédits SpaceX
Il faut dire que les essais de Starship ne sont pas avares en sensations fortes. Crédits SpaceX

Vos papiers s'il vous plait

Et il ne suffit pas d'un seul papier pour couvrir toute une campagne d'essais : les autorités doivent pouvoir savoir ce qui est tenté, comment SpaceX compte assurer une zone d'exclusion, quels sont les dispositifs de sécurité ou les risques encourus, quelles modifications ont été apportées depuis le dernier permis, etc.

Une autorisation de la FAA n'est certes pas une garantie que rien ne va mal se passer, mais bien que tout a été mis en œuvre pour éviter un drame. Comme on l'a vu en 2019 dans l'affaire de la certification du Boeing 737 Max, qui s'est ensuite crashé deux fois, la confiance ne doit pas être de mise et les observations les plus rigoureuses sont effectuées. Or, jeudi dernier, la FAA n'avait pas rendu son verdict, ce qui n'a pas empêché SpaceX de tout faire exactement comme si le décollage allait avoir lieu… Sans oublier, au milieu du compte à rebours, un tweet rageur d'Elon Musk fustigeant la lenteur de l'administration « fondamentalement inefficace », et qui en l'état « ne permettrait jamais d'aller sur Mars ».

Bonne ambiance.

Les essais bientôt quand même

SN9 n'a donc pas décollé jeudi (SpaceX n'a pas d'intérêt à se mettre les autorités à dos), ni vendredi. Dans un geste qui peut paraître cocasse, l'entreprise en a tout de même profité pour amener sur le site d'essai (à une centaine de mètres de SN9) l'exemplaire suivant, SN10, pour qu'il démarre à son tour les préparatifs. Actuellement, plusieurs observateurs s'attendent à une possible tentative mardi 2 février, sans promesses.

La FAA ne s'est pas exprimée en public à propos de cette bisbille, mais plusieurs anciens employés et responsables ont tenu à assurer que l'agence, indépendante, ne se laisserait pas influencer, et qu'à l'inverse non plus, elle ne chercherait pas à mettre de bâtons dans les roues de la firme de Hawthorne.

Pour compliquer encore les choses, un article du magazine The Verge révélait vendredi 29 qu'une enquête de la FAA était ouverte sur l'essai de Starship SN8. Ce dernier aurait en effet violé une ou plusieurs des conditions préétablies par son permis lors de son essai.

Cela ne devrait pas être préjudiciable pour les campagnes à venir, mais explique peut-être en partie pourquoi l'agence fédérale a pris du temps pour certifier que l'essai pouvait avoir lieu « sans remettre en cause la sécurité des biens et du public ».

Source : Ars Technica, The Verge