Avec l'accord (sous conditions) de l'administration américaine pour procéder à des décollages de Starship et SuperHeavy depuis le site de Boca Chica au Texas, les opérations sur place accélèrent. Elon Musk annonce déjà une tentative le mois prochain… Mais tout va dépendre des prochains essais grandeur nature.
Cela fait plus d'un an que Starship est au sol !
Petit point d'étape
Le début d'année était calme, avec les derniers essais de la génération précédente de Starship (prototype SN20) et de SuperHeavy (prototype BN4), plusieurs fois assemblés, mais qui n'ont jamais eu l'honneur de voler. Mais cela n'est pas représentatif des avancées techniques de la firme d'Elon Musk. Dans les gigantesques hangars de Boca Chica, SpaceX préparait déjà les améliorations pour la nouvelle génération de moteur Raptor V2 ainsi que les dizaines de modifications apportées à son futur véhicule orbital et à son booster. Néanmoins, depuis le mois de mai, le site de lancement a repris ses tests, graduellement plus complexes, plus rapides, plus ambitieux.
D'abord, le prototype SuperHeavy BN7 a subi, entre le 7 et le 15 mai, deux essais réussis de remplissages de ses réservoirs avant de retourner sur le site de production. Un mois plus tard, ses 33 moteurs (!) sont mis en place et ne demandent qu'à rugir. Il devrait être installé dans les jours ou semaines à venir sur la table de tir du site orbital, pour un premier essai d'allumage moteur qui promet d'être excitant.
De la même façon, entre le 27 mai et le 8 juin, le prototype de Starship SN24 a lui aussi subi plusieurs tests sous pression, et à des températures cryogéniques. Lors du premier des trois, un incident lui a d'ailleurs coûté quelques dizaines de tuiles thermiques et provoqué un retard pour des réparations… Mais tout est rentré dans l'ordre, et lui aussi est retourné sur le site de production pour y recevoir ses six moteurs.
Ils ont signé !
En début de semaine, SpaceX a reçu l'accord tant attendu de la puissante FAA (Federal Aviation Administration, qui gère et réglemente le transport aérien sous toutes ses formes) pour procéder à des vols orbitaux et suborbitaux depuis son site du Texas. Mais attention, il faudra au préalable remplir une liste de 75 critères qui ont trait à l'environnement autour du site : protection des eaux, gestion des lumières, des déchets, du statut de réserve naturelle, etc. Si aucun des points ne semble particulièrement bloquant, il faudra garder à l'esprit que la FAA prendra soin de vérifier que les conditions de son autorisation d'exploitation sont bien remplies avant de laisser SpaceX procéder à un vol orbital. Cette demande pourrait être sur la table d'ici le mois prochain ?
Elon Musk a en effet déjà affirmé sur Twitter que Starship et SuperHeavy seraient prêts dès juillet. Ce 14 juin, le fondateur de SpaceX a terminé une inspection sur le site de production, qu'il a visiblement quitté avec un enthousiasme nouveau, et annonce d'ores et déjà une tentative par mois à partir d'août. Ces affirmations n'engagent pas à grand-chose, étant donné que le même Elon Musk disait viser un décollage orbital « dans quelques semaines »… Au début de l'été 2021.
Néanmoins, on ne peut nier les progrès évident des équipes au cours des derniers mois, que ce soit pour produire Starship et SuperHeavy, ou pour préparer les intenses campagnes de tests. La tour de lancement et ses bras porteurs, capables de déplacer les boosters ou les Starship, en est un bon exemple. Le concept encore flou en 2021 a rapidement été mis en œuvre et est en place depuis la fin de l'hiver.
Les lignes bougent, du Texas à la Floride
En plus d'assembler les prototypes consacrés au vol orbital (SN24 et BN7 sont les candidats évidents), il faudra encore de nombreuses préparations, des comptes à rebours fictifs, des essais de mise à feu avant que la gigantesque fusée puisse s'élever de son pas de tir… Et peut-être même, quelques minutes plus tard, tenter de revenir s'y poser.
SpaceX n'en est pas encore là, mais l'échéance approche rapidement. Signe que l'aventure Starship se prépare à enclencher la vitesse supérieure, les prototypes suivants sont déjà à l'assemblage. Les équipes de l'entreprise ont démarré la mise en place d'une deuxième « usine à vaisseaux spatiaux » en Floride et de l'adaptation du site de lancement LC-39A au Centre spatial Kennedy pour y faire décoller leur lanceur géant. Rugira-t-il dès le mois prochain ?