LeWeb'10 - Entretien RIM : nos smartphones multicoeurs seront sur QNX

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 10 décembre 2010 à 14h25
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En dévoilant son PlayBook, le canadien Research In Motion a clairement montré ses ambitions sur le marché de la tablette. Un écran multipoint WSVGA de 7 pouces (1024 x 600), un processeur multi-coeur cadencé à 1 GHz, 1 Go de mémoire vive, deux caméras de 3 et 5 mégapixels ainsi qu'un tout nouveau système d'exploitation, voilà un cocktail plutôt alléchant qui ne verra cependant pas le jour avant 2011 outre-Atlantique.

Lors du salon LeWeb, qui s'est déroulé cette semaine, nous avons rencontré Christopher Smith, directeur du développement de la plateforme BlackBerry. Celui-ci revient sur les performances du prochain OS et souligne l'importance des nouveaux outils de développement ainsi que les prochains enjeux de RIM dans le monde professionnel.

Pourriez-vous rappeler les différences entre le système BlackBerry actuel et celui basé sur QNX embarqué au sein du Playbook ?

Christopher Smith : Pour ce qui est du coeur de l'OS, l'environnement QNX a été complètement développé en interne. Il s'agit d'une architecture de micro-kernel pensée pour des appareils multi-coeur avec des usages comme le multi-tâche. Le système a vraiment été pensé pour les tablettes et les appareils plus puissants. Aussi à l'avenir ce sera réellement notre plateforme pour les futurs teminaux multi-coeur comme nos prochains smartphones.

Au niveau supérieur, celui qui intéresse les développeurs, chez BlackBerry nous avons déjà un environnement Java avec nos propres extensions. Nous avons le kit de développement WebWorks permettant de développer des applications web très fonctionnelles. Ces dernières sont très sécurisées tout en ayant accès aux données et services locaux. Aussi sur le PlayBook nous mettons à disposition un SDK pour AIR et Flash. Le SDK de WebWorks sera prochainement disponible pour le Playbook et permettra d'utiliser le même code pour différents terminaux. Aussi nous avons annoncé un prochain environnement de développement natif ainsi que pour Java sur la tablette.

Pour nous il s'agit vraiment d'apporter une convergence en offrant aux développeurs un choix très large d'outils qui leurs sont familiers.

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D'un côté nous avons des terminaux toujours plus puissants et des OS toujours plus optimisés et de l'autre côté des applications faisant de plus en plus usage de technologies web. N'y a-t-il pas un paradoxe ?

C.S : Il est indispensable d'offrir une navigation optimisée avec un déploiement des technologies web sans compromis. C'est juste indispensable si l'on regarde les usages réels des utilisateurs. Nous avons récemment publié une vidéo présentant le PlayBook face à l'iPad. Celle-ci illustre bien les avantages du système et son architecture multi-coeur ainsi que le hardware et les impacts lorsque l'on utilise Flash, Canvas ou les animations.

Je pense que parce que le web est très répandu et très utilisé les gens ont tendance à penser que ses possibilités sont limitées. En réalité, avec l'évolution des standards du HTML5 et la popularité de certains frameworks tels que Dojo ou JQuery, vous pouvez faire des interfaces extrêmement complexes. Donc je ne pense pas qu'il s'agisse d'un paradoxe. Pour obtenir une expérience quasi-native il est nécessaire d'avoir les bonnes performances.

Quels sont les avantages de WebWorks ?

C.S : WebWorks est totalement pris en charge sur la version actuelle de BlackBerry, OS 5 et OS 6. Il y a des écrans de 3 pouces et des écrans de 7 pouces, mais ce qui importe aux développeurs, ce n'est pas de porter la même application sur tous les terminaux mais de personnaliser ce qu'ils ont fait. Parce qu'en réalité si vous avez une dalle de 7 pouces vous prendrez des décisions différentes. Avec WebWorks vous pouvez prendre votre contenu existant et nous vous donnons les outils nécessaires pour l'ajuster à différents types de terminaux sans avoir à tout recommencer.

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Quels types de retours avez-vous obtenu sur BlackBerry 6 ? Il semblerait que le navigateur ne soit pas encore suffisamment performant.

C.S : Je suis personnellement chargé du développement du navigateur. Mais d'une manière générale les gens sont plutôt satisfaits. Si l'on s'intéresse au moteur de rendu et à la prise en charge de HTML5, nous avons reçu des retours extrêmement positifs de la part des professionnels du milieu. Nous avons implementé WebKit dans son intégralité avec tous ses avantages.

Certains estiment que les performances ne sont pas au rendez-vous. Cependant il faut bien dire que le hardware du Torch n'est pas aussi puissant que celui des autres appareils. Cependant si l'on se base sur nos tests SunSpider nous sommes au moins équivalents si ce n'est meilleur que sur des produits concurrents à performances égales. Aussi certains estiment que le multipoint n'est pas aussi fluide que sur l'iPhone ou Android, et là encore une fois tout cela est véritablement lié aux performances du terminal.

L'un des points forts du BlackBerry, et l'une des raisons pour lesquelles il est aujourd'hui largement privilégié en entreprises, est le Push mail. Ceci dit la technologie est aujourd'hui adoptée par vos concurrents. De quelle manière la société RIM peut-elle conserver une longueur d'avance ?

C.S : Nos efforts sur la sécurité mise en place entre le smartphone et le serveur ainsi que notre infrastructure pour les emails en Push et l'accès à internet seront au coeur des prochaines innovations dans le monde professionnel. Lorsque nous parlons aux professionnels, ces derniers veulent pouvoir avoir accès aux données qui restent enfermées au sein des entreprises sur des serveurs SAP, Oracle ou IBM. Comment permettre à nos clients d'accéder à ces données depuis leur terminal ? Nous avons donc travaillé avec ces entreprises et dévoilé une plateforme baptisée BEAM (BlackBerry Enterpris Application Middleware). Cette plateforme est compatible avec SAP, IBM et Oracle et fournit des bibliothèques et des services permettant aux développeurs d'accéder aux données du serveur pour les déployer sur les terminaux sous la forme d'une application.

Il s'agit donc principalement de grosses sociétés ?

C.S : Tout à fait mais l'infrastructure de BEAM est disponible pour tout le monde. Et le développeur n'a plus à se soucier des différents protocoles pour envoyer un message, s'assurer qu'il a bien été reçu, effectuer une synchronisation ou extraire des données de géo-localisation... Nous fournissons des interfaces de programmation prêtes à l'emploi.

Avez-vous déjà songé à ouvrir BlackBerry Messenger à d'autres protocoles tels que Jabber ?

C.S : Je ne peux évident pas commenter sur l'avenir de BlackBerry Messenger. En revanche nous avons annoncé la plateforme Blackberry Social offrant aux développeurs des interfaces de programmation pour exploiter Blackberry Messenger et accéder aux contacts de l'utilisateur. Ce sera disponible en début d'année prochaine. Nous autoriserons plusieurs usages. Par exemple directement au sein d'une application l'utilisateur pourra démarrer une conversation au travers de BBM ou envoyer différents types de données. L'on peut également imaginer la création d'un groupe de contacts et relier ce dernier à un jeu de poker. Vous pourrez alors inviter ces contacts sur votre partie. Beaucoup de développeurs se sont déjà montrés très intéressés.

Je vous remercie.
Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
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