BlackBerry PlayBook : la première tablette de RIM

Stéphane Ruscher
Par Stéphane Ruscher, Spécialiste informatique.
Publié le 15 juin 2011 à 14h20
L'arrivée de RIM dans le domaine des tablettes était très attendue. Plusieurs mois après sa première présentation, la BlackBerry PlayBook est enfin disponible. Une tablette assez atypique par son format et ses fonctionnalités, qui en font un produit à part, plutôt ciblé vers les aficionados de la marque... La tablette a-t-elle de quoi séduire un plus large public ?



Design et ergonomie[/anchor]

La Playbook est une tablette 7 pouces qui joue donc plutôt dans la catégorie de l'HTC Flyer ou de la Galaxy Tab. La tablette impose tout de suite par la qualité de sa finition. Le design est certes très sobre et manque peut être un peu de rondeurs, mais les matériaux utilisés sont nobles : revêtement « peau de pêche » pour le dos, contour métallique, panneau en verre, le tout sans aucun jeu ou cache disgracieux. Pas de doute : on est en présence d'une des tablettes les mieux finies du moment.

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On apprécie également le poids et la relative finesse de l'appareil, à peine plus épais qu'un iPad 2, et sensiblement plus léger. Le format 7 pouces rend également la tablette très pratique à transporter... et à utiliser ? Nous le verrons plus bas.

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Concernant la connectique du PlayBook, RIM fait dans le minimalisme, presque façon Apple serait-on tenté de dire, mais le constructeur Canadien pense tout de même à inclure une sortie Micro HDMI à sa tablette, là où Apple exige l'achat d'un adaptateur. Hormis cette spécificité, on trouve un port Micro USB pour connecter la tablette à un ordinateur ou la recharger sur secteur, et un connecteur propriétaire pour dock.

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La tablette est équipée de deux webcams. Au dos, on trouve un objectif 5 mégapixels, et 3 mégapixels en façade. Sur le papier, c'est plutôt bon, c'est même ce que l'on trouve de mieux sur une tablette actuellement. L'écran LCD s'avère tout à fait satisfaisant : il affiche des couleurs ni trop ternes, ni trop saturées, une image précise et un angle de vision remarquable, n'ayant rien à envier à la dalle qui équipe l'iPad. On remarque en revanche l'absence totale de boutons sur la surface. Cette absence s'accompagne d'une autre particularité de la tablette : la bordure de l'écran est également « tactile », du moins elle sert à faire partir des gestes de « swipe » qui partent des extrémités de l'écran pour effectuer des gestes.

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Composants[/anchor]

Les spécifications de la PlayBook avaient fait grand bruit à l'époque de son annonce, notamment son processeur double cœur. Depuis, évidemment, de l'eau a coulé et des tablettes Honeycomb à l'iPad 2 en passant par les derniers smartphones Android (HTC Sensation, Samsung Galaxy S II, Motorola Atrix...), l'ARM double cœur est plutôt en train de devenir une norme. On trouve donc au cœur de la PlayBook un processeur ARM Cortex A9 cadencé à 1 GHz, ce qui est même légèrement inférieur aux smartphones précités qui embarquent pour la plupart des processeurs cadencés à 1,2 GHz. On reste en revanche dans la moyenne des tablettes présentes sur le marché, qu'elles utilisent le SoC Tegra 2 de NVIDIA ou l'A5 d'Apple.

Côté mémoire vive, on a droit à 1 Go, soit le double de ce que propose l'iPad 2. La tablette calque néanmoins ses options de stockage sur Apple : 16, 32 ou 64 Go, le tout non extensible puisqu'il n'y a pas de slot pour carte SD.

Quid du sans fil ? On trouve dans la Playbook un équipement classique : Wifi N, Bluetooth et une puce GPS. On précisera à ce propos que RIM a choisi Microsoft et son service Bing Maps plutôt que Google pour équiper sa tablette.

On termine par les capteurs photo/vidéo : ils sont au nombre de deux. La caméra à l'arrière de la tablette affiche une résolution de 5 mégapixels, tandis que l'objectif frontal propose un capteur 3 mégapixels. Dans les deux cas, on reste au dessus de ce que propose l'iPad 2 (1 mégapixels au dos et... du VGA en façade). Le capteur à l'arrière de la tablette permet au passage de capturer de la vidéo en 1080p.

Blackberry Tablet OS[/anchor]

La Blackberry Playbook utilise un système d'exploitation dédié, issu du rachat par RIM de QNX. Un OS basé sur un micro noyau dédié uniquement aux tâches les plus basiques, tout le reste étant exécuté sous la forme de processus. Nommé BlackBerry Tablet OS, ce système se distingue par l'intégration profonde d'Adobe AIR. Ainsi, la plupart des applications intégrées à la Playbook, telles que l'outil de capture photo/vidéo, sont des applications AIR. Blackberry Tablet OS permet également d'exécuter des applications natives développées en C++, et promet même, via la virtualisation, d'exécuter à terme des applications Blackberry (Java) et Android. Cette dernière possibilité n'est cependant pas encore active à l'heure où nous écrivons ces lignes, et sera intégrée dans une prochaine mise à jour.

Voilà pour le côté technique, mais quid de l'utilisation ? L'interface de Blackberry Tablet OS est assez proche, en surface, de celle de Blackberry OS 6 que l'on trouve sur le Torch. On retrouve ainsi le concept du panneau des applications que l'on peut rétracter, et la barre qui permet de zapper entre les différentes catégories (multimédia, jeux, favoris...).

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La comparaison s'arrête néanmoins là : RIM a développé pour son OS tablette une interface pensée pour le multi-touch... et pour le multitâche. La partie centrale de l'écran d'accueil est ainsi occupée par des vignettes des applications en cours d'exécution, que l'on peut faire défiler au doigt, une disposition qui rappelle fortement WebOS. Ce ne sont pas de simples vignettes : toutes les applications tournent en temps réel. Lancez ainsi une capture vidéo et revenez à l'écran d'accueil : la capture continue à tourner !

L'interface de Blackberry Tablet OS utilise les gestes en abondance, mais exploite surtout une particularité assez déconcertante qui rappelle là encore WebOS : la bordure de l'écran est mise à contribution pour certaines actions qui partent des extrémités. Ainsi, on pourra passer d'une application à une autre en glissant le doigt sur les bords gauche et droite vers l'intérieur de l'écran, invoquer les options d'une application avec un geste depuis le bord supérieur, ou revenir à l'écran d'accueil en « swipant » depuis le bord inférieur. Même les coins disposent de leurs gestes : les coins supérieurs permettent d'invoquer la barre d'état lors de l'utilisation d'une application, et les coins inférieurs le clavier virtuel.

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RIM ayant visiblement conscience du caractère déroutant de cette prise en main, la configuration du Playbook passe par une phase de didacticiel imposée ! Les mauvaises langues diront que l'on n'a pas besoin de didacticiel pour utiliser un iPad... Et il est vrai que laisser un utilisateur prendre en main la Playbook sans être au fait de l'utilisation des bords de l'écran s'avère très déconcertant pour celui-ci ! Comment sortir d'une application ? Sur iPad, on a un bouton. Sur Android 3.0 une barre d'icônes avec un accueil. Sur Playbook ? Rien à l'écran, rien autour, et aucune indication. On s'y fait malgré tout, une fois le coup de main pris.

On termine par les notifications, avec un système assez propre : des icônes apparaissent dans la barre d'état, et un tap sur celle-ci affiche la liste des notifications correspondantes dans une fenêtre pop-over qui rappelle iOS sur iPad ou Mac OS X ou les « stacks » de Mac OS X. On notera également un accès efficace à l'activation/désactivation du Bluetooth, du Wi-fi, ou au réglage de la luminosité de l'écran.

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Malgré cette idée plutôt atypique de bordure tactile, le sentiment général provoqué par Blackberry Tablet OS est plutôt positif. Tout est réactif, fluide et propre, et témoigne d'une excellente intégration entre le matériel et le logiciel. Bien entendu, le format 7 pouces pourra rebuter certains utilisateurs qui trouveront les dimensions de l'écran trop réduites, mais on dispose tout de même d'une résolution relativement confortable de 1024x600, soit ce que l'on trouve sur des netbooks 10 pouces.

Internet[/anchor]

La partie Internet commence très bien avec un navigateur assez fourni en fonctionnalité, et des performances au rendez-vous. Les onglets sont de la partie, même s'ils sont cachés par défaut. Ca permet certes de gagner un peu d'espace de navigation, mais c'est tout de même assez déroutant... En revanche, on dispose de favoris, d'un historique sous forme de vignettes et d'un gestionnaire de téléchargement.

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Les performances sont donc là, en Javascript comme en Flash, et c'est là l'excellente nouvelle de cette Playbook : son excellente prise en charge du plug-in d'Adobe. Étant donnée la collaboration étroite entre RIM et l'éditeur (AIR est au cœur du Blackberry Tablet OS), on n'est pas trop surpris, mais après avoir supporté des implémentations plus ou moins hasardeuses de Flash sur Android, voir enfin des vidéos parfaitement fluides fait plaisir à voir !

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Malheureusement, cette première bonne impression est rapidement anéantie par ce qui est sans doute LE défaut absolument impardonnable de la Playbook, et qui lui fait perdre une bonne partie de son intérêt. La tablette ne dispose pas de client mail, de calendrier, de gestionnaire de contact ou de logiciel de messagerie instantanée. RIM a pris la décision de mettre à contribution les smartphones Blackberry pour assurer ces fonctionnalités. En gros, une application se charge de faire la passerelle entre les deux, et elle n'est active que lorsqu'on a associé un Blackberry à la tablette.

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Une fois configuré, le système est fonctionnel, et les applications (client mail, calendrier, gestionnaire de contacts, notes, BBM) d'un classicisme absolu, mais efficaces. Néanmoins cette dépendance vis-à-vis du smartphone est franchement étrange dans la mesure où elle fait de la PlayBook un simple périphérique pour utilisateurs de Blackberry, et non un produit autonome. RIM justifie cette décision par des impératifs de sécurité : le fait d'utiliser un Blackberry pour accéder à ces données permettrait notamment de ne pas dupliquer des données sur une tablette également destinée à un usage personnel, et d'insérer la tablette dans un environnement Blackberry déjà validé en entreprise. Il n'en reste pas moins que cette absence est pénalisante, et d'ailleurs RIM a prévu d'y remédier dans une mise à jour prochaine, prévue cet été.

On remarque d'ailleurs au passage une très bonne réactivité du constructeur : la PlayBook gère les mises à jour OTA, et nous avons déjà eu droit à deux mises à niveau depuis le début de notre test. Un bon point qui semble témoigner d'un constructeur soucieux d'améliorer son produit de façon réactive.

On termine avec les réseaux sociaux et la communication, et une déception : malgré la présence de deux icônes Facebook et Twitter, seul le premier dispose d'une application Playbook dédiée. Pour Twitter, il s'agit en fait d'un vulgaire lien vers le site web... On trouve heureusement des clients sur le Blackberry AppWorld, comme le très élégant Tweedler. Bon point en revanche : RIM inclut un client de chat vidéo compatible uniquement entre utilisateurs de PlayBook, mais utilisant, selon le constructeur, un protocole ouvert qui pourrait être utilisé par d'autres applications.

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Multimédia[/anchor]

Comparée à l'iPad ou aux tablettes Android que nous avons pu avoir entre les mains, la prise en charge multimédia de la Playbook est plutôt bien lotie. On sort en effet de la simple compatibilité H264 avec un lecteur vidéo qui prend en charge les formats Windows Media, QuickTime ou DivX/Xvid sans problème. Malheureusement, le MKV n'est pas de la partie. En revanche, toutes les vidéos HD que nous avons soumises à la tablette dans les formats compatibles sont tout à fait fluides.

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Les applications de lecture vidéo et de musique sont propres et agréables à utiliser, mais très minimalistes dans leurs options. Par rapport aux offres d'Acer ou Asus sur Android Honeycomb, ou au système propriétaire AirPlay d'Apple, on regrettera en revanche l'absence totale de solution de diffusion de médias à distance, soit vers un autre appareil, soit depuis celui-ci.

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Un mot sur la connectique HDMI : à condition d'investir dans un cable Micro HDMI non fourni et pas forcément évident à trouver, on dispose d'un mirroring de la tablette en 1080p, avec une fluidité parfaite pour les vidéos. Tout fonctionne sans configuration, et des options permettent de configurer l'affichage sur le téléviseur.

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On trouve en revanche une application YouTube qui, là encore, ne propose rien d'original, mais qui fait ce qu'on lui demande, et un dictaphone qui arbore certes un look « old school » façon iOS, mais qui nous rappelle que l'iPad ne dispose pas d'une telle fonctionnalité.

Bureautique[/anchor]

Bonne nouvelle : la Blackberry PlayBook intègre une suite bureautique sous la forme de Documents To Go, Sheet To Go et Presentation To Go. Mauvaise nouvelle : cette suite ne fera que vous dépanner dans des cas extrêmement basiques. Les applications disposent d'une interface plutôt agréable à utiliser, mais leur prise en charge des documents issus de Microsoft Office est tellement sommaire que même les graphiques intégrés aux documents ou aux classeurs Excel ne sont pas gérés ! On ne parle même pas des éléments propres au format OpenXML tels que les graphiques SmartArt. En face, que ce soit le Polaris Office intégré à l'Asus Transformer ou la suite iWork d'Apple pour iPad (qui est certes payante), la compatibilité, même si elle n'est pas parfaite, est largement meilleure sur nos tests.

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Jeux et applications[/anchor]

Disons-le tout de suite : BlackBerry Tablet OS est encore une plate-forme très pauvre concernant les applications et jeux. Dire qu'il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent sur le Blackberry App World est un euphémisme : absolument aucune application phare des autres plateformes mobiles n'y est présent, à l'exception peut-être de Facebook et d'une paire de jeux EA (Need For Speed Undercover, Tetris...). Et encore, Facebook est désormais fourni en standard avec la tablette. Pas d'Evernote, pas de Spotify, pas de Skype...

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Bien entendu, la tablette est encore beaucoup trop jeune, et contrairement à Android et iOS, BlackBerry Tablet OS est totalement incompatible avec les applications pour smartphones BlackBerry. Néanmoins, on déplorera surtout l'absence d'applications palliant les carences de la tablette : alors que l'on imaginait les développeurs se jeter sur l'opportunité de créer des clients mail ou des applications de calendrier, nos recherches n'ont pas donné grand-chose sur ce point. Seule consolation : une petite perle de client Twitter comme Tweedler nous rassure sur l'existence de développeurs talentueux intéressés par créer des applications élégantes et fonctionnelles sur la tablette.

Plus gênant : la PlayBook porte assez mal son nom pour sa partie « book ». Alors qu'elle est sans doute une des tablettes se prêtant le mieux à un usage de livre électronique du fait de sa légèreté et de son format, elle n'inclut aucun lecteur d'eBooks, C'est aussi la seule tablette ne proposant pas encore de version de Kindle... Dommage ! On se contentera pour l'heure de Kobo, qui propose une application sur le Blackberry App World.

Précisons au sujet de la future possibilité d'exécuter des applications Android sur la PlayBook que les développeurs devront recompiler leurs applications et les soumettre à RIM pour qu'elles soient proposées sur le BlackBerry App World.

Capture photo et vidéo[/anchor]

Le capteur 5 mégapixels de la Blackberry Playbook offre une bonne qualité d'image : on note un léger grain mais les couleurs sont flatteuses et les clichés précis.

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Du point de vue de la capture vidéo, c'est également un sans faute : les vidéos HD 1080p sont d'une fluidité parfaite ! Du tout bon, donc, sur ce point !



Autonomie[/anchor]

Afin de tester l'autonomie de la tablette, nous avons lancé la lecture d'une vidéo SD (résolution DVD), encodée en H264, en boucle. La luminosité et le son sont réglés à 50%. Le circuit Wi-fi est activé, tandis que le Bluetooth est désactivé.

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La BlackBerry PlayBook dispose d'une autonomie tout à fait correcte : 456 minutes, soit toujours moins qu'un iPad 2, mais une durée tout de même supérieure à toutes les tablettes Android ou Windows 7 que nous avons testées.

Performances[/anchor]

Difficile d'évaluer les performances de la BlackBerry Playbook dans la mesure où elle exécute un OS propriétaire. On peut tout de même tester les performances de son navigateur web en Javascript, au moyen du benchmark Sunspider des auteurs du moteur Webkit.

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Sans surprise, avec un matériel à peu près équivalent, et un navigateur également basé sur Webkit (tout comme Chrome Lite et Safari), la PlayBook offre des performances tout à fait similaires à ce que l'on trouve sur les tablettes du marché. Elle réalise certes un score inférieur aux autres tablettes testées, mais l'écart n'est pas significatif.

Conclusion[/anchor]

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La BlackBerry PlayBook est une tablette frustrante : un mélange de qualités absolument indéniables et de carences flagrantes. La tablette fait un sans faute complet sur le matériel : sa finition est exemplaire, son format la rend nettement plus transportable qu'un iPad même si le 7 pouces peut rebuter, et la qualité des composants inclus inspire le respect. L'écran est très réactif et offre une image précise et des couleurs flatteuses sans être trop saturées. A l'intérieur, ça pulse : l'interface est d'une fluidité exemplaire, le multi-tâche semble tirer parfaitement profit du processeur double cœur, et on est épaté par les performances de Flash qui surclassent encore les meilleurs smartphones Android.

La PlayBook bénéficie également d'un Blackberry Tablet OS particulièrement soigné. Même si l'inspiration de Web OS semble assez marquée, il faut bien admettre que RIM signe là une très bonne première copie : c'est fluide, élégant, et si la prise en charge des bords de l'écran est quelque peu rebutante au début, on s'y fait au point de trouver cela assez malin.

Malheureusement, ce tableau idyllique est entaché par deux défauts assez marquants. La bonne nouvelle c'est qu'ils peuvent être corrigés. Le premier est la dépendance à un smartphone Blackberry, seul moyen de disposer d'une messagerie, de contacts et d'un calendrier ! RIM a beau retourner le problème en soulignant l'avantage de pouvoir consulter ses mails ou le web avec un seul forfait 3G, c'est un oubli qui transforme, pour l'instant, la PlayBook en un périphérique pour aficionados de BlackBerry et rien d'autre. Heureusement, RIM est sur le point de revoir sa copie avec une prochaine mise à jour. Néanmoins, on a parfois du mal à comprendre le positionnement de la Playbook : tablette pour entreprise ? Périphérique grand public et concurrent de l'iPad ? RIM dit avoir pensé le Blackberry Bridge pour intégrer la tablette dans un environnement professionnel, mais d'un autre côté, la Playbook a un potentiel grand public indéniable, qui du coup souffre de ce choix. La mise à jour prochaine devrait clarifier la situation mais on a un peu l'impression que RIM a navigué à vue jusqu'ici.

Le second défaut de la PlayBook est un défaut de jeunesse : la tablette ne dispose pas, actuellement, d'un écosystème d'applications intéressant. Le kiosque Blackberry App World est très peu fourni, et l'hypothétique promesse de compatibilité des applications Android ne masquera pas le fait que les applications natives manquent à l'appel. Là encore, cela peut s'arranger : c'est une question de volonté des développeurs. Reste que malgré ses défauts, la PlayBook demeure une tablette très séduisante et prometteuse, qui a l'avantage de ne pas dépendre d'un OS encore mal fini (Android Honeycomb) et de proposer sa propre intégration hard/soft, qui plus est réussie. Avec des tarifs semblables à ceux d'un iPad équivalent (499 euros pour la version 16 Go, 599 euros en 32 Go et 699 euros en 64 Go), la tablette a de quoi séduire un public plus professionnel avec de sérieux atouts. Espérons qu'elle saura profiter d'un cercle vertueux...

BlackBerry PlayBook

6

Les plus

  • Excellente finition
  • OS multitâche agréable
  • Accélération matérielle de Flash
  • Poids et dimensions confortables

Les moins

  • Blackberry obligatoire pour les mails
  • App World encore pauvre en applications
  • Pas de slot SD
  • Pas de lecture des MKV

Finition8

Ergonomie7

Internet7

Multimédia8


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Stéphane Ruscher
Spécialiste informatique
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