Pixel C en test : excellente tablette cherche OS approprié

Aurélien Audy
Publié le 16 décembre 2015 à 19h39
Google a annoncé sa tablette Pixel C en même temps que les deux nouveaux smartphones Nexus, fin septembre. Ecran 10,2 pouces au ratio feuille de papier A4 et SoC Nvidia Tegra X1, la Pixel C est assurément différente. Google met en avant la combinaison avec le clavier dédié, mais pour autant c'est Android 6.0 qui officie, et non pas Chrome OS. A qui s'adresse donc la Pixel C ? Est-ce une bonne tablette ?

Dans un contexte de décroissance du marché de la tablette (- 8 % au minimum sur 2015 d'après IDC), Google a surpris tout le monde le 29 septembre quand il a annoncé sa Pixel C. Parce que malgré le clavier parfaitement étudié pour donner au produit des airs d'hybride, la Pixel C est bien une tablette, fonctionnant sous Android 6.0. Rappelons simplement le distinguo que fait Google dans ses appellations, entre les Nexus portant aussi le sceau du fabricant partenaire et les Pixel intégralement aux couleurs de Google. Et accessoirement, ce ne sont pas les mêmes équipes qui gèrent Nexus et Pixel.

Google vient donc concurrencer l'iPad, voire l'iPad Pro si on considère le tandem avec clavier ou encore la Surface de Microsoft, si l'on va jusqu'à pousser la comparaison avec un PC hybride tablette. La Pixel C semble se prédestiner à un contexte de travail. Nous disons semble parce que Google n'a pas réellement tranché sur un positionnement bien clair de sa tablette. Alors que peut-on faire avec ?

Présentation de la Pixel C

Pour faire court, la finition de la tablette est excellente. Le dos et les bordures d'un seul tenant sont moulés dans un épais aluminium anodisé, conférant une rigidité impressionnante à l'ensemble. Le poids se maintient à un niveau correct : comptez 517 g quand un iPad Air 2 pèse 437 g. La tablette d'Apple mesure certes 1 cm de moins en largeur et 1 mm en épaisseur, mais elle dispose d'un écran moins grand (9,7 pouces versus 10,2 sur la Pixel C) et moins bien résolu (264 ppp versus 308 ppp). Les bords anguleux de la Pixel C font d'ailleurs davantage penser au design des Surface.

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La Pixel C à côté de l'iPad Air 2

Google a opté pour une dalle IPS caractérisée par un ratio inédit. Avec une définition de 2 560 x 1 800 pixels, on tombe en effet sur le format feuille A4, ou encore, racine carrée de 2 (1,41 environ). Voilà qui tranche au beau milieu entre le 4/3 des iPad et les 16/9 ou 3/2 des Surface. Ce format calqué sur le papier a l'avantage de coller parfaitement à l'édition de documents de travail, tout en limitant l'importance des bandes noires lors du visionnage de vidéos par rapport au 4/3. Une sorte de « meilleur des deux mondes » que chacun jugera à sa manière en fonction de ses attentes.

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La dalle IPS s'avère contrastée (1 660 : 1 d'après nos mesures), lumineuse (plus de 510 cd/m²) et elle affiche des couleurs douces et agréables malgré un blanc un peu trop chaud (entre 5 600 et 5 800 K, selon la luminance). Un meilleur contraste que sur l'iPad Air 2 (environ à 1 000 : 1) mais ce dernier profite d'une colorimétrie plus juste et d'une température parfaite de 6 500 K.

La tablette dispose de deux haut-parleurs stéréo situés sur les côtés, et de quatre microphones en enfilade sur la tranche supérieure : deux enregistrent quand on est en stéréo, les autres font de l'atténuation active de bruit. Google a fait preuve de moins d'extravagance sur la partie photo, avec un capteur photo principal de 8 mégapixels assez quelconque et un module frontal de 2 mégapixels : pour de la visio Full HD, ça suffit, mais pas pour du selfie.

Pixel C en détails
Pixel C en détails
Pixel C en détails
Pixel C en détails
Pixel C en détails

Maintenant, la Pixel C se démarque surtout grâce à son système de fixation avec le clavier dédié. Ce dernier - également en aluminium - dispose d'une charnière aimantée à laquelle la tablette - elle aussi aimantée - vient s'accrocher fermement. Le dispositif offre quasiment 90° de débattement. Une fois les deux éléments séparés, ils peuvent être superposés (ça permet de "ranger" le clavier sous la tablette quand on ne s'en sert pas) ou mis face contre face : le clavier sert alors de couverture à la tablette, tandis que la tablette recharge par induction la batterie du clavier.

Système de fixation aimantée de la Pixel C et de son clavier
Système de fixation aimantée de la Pixel C et de son clavier
Système de fixation aimantée de la Pixel C et de son clavier
Système de fixation aimantée de la Pixel C et de son clavier
Système de fixation aimantée de la Pixel C et de son clavier

Au dos de la Pixel C, un indicateur coloré lumineux composé de quatre barres permet de renseigner l'utilisateur sur la jauge de la batterie, mais également de rappeler dans quel sens mettre la tablette pour refermer l'ensemble (barre lumineuse et barre d'espace au même endroit) de sorte à ce que la recharge fonctionne. Bon point tout de même : la tablette s'aimante dans les deux sens.

La couche audio donne satisfaction pour une tablette. D'abord les deux haut-parleurs sont puissants (87,8 dB d'après nos mesures) et de relativement bonne qualité. Idem à propos de la prise casque, suffisante pour contenter un bon casque nomade.

Google en tandem (encore) avec Nvidia

Les SoC Nvidia ne sont pas courants dans les tablettes, en dehors bien sûr des Shield du constructeur. Il en recense une douzaine sur son site, c'est peu au regard du marché. Et dans le lot, on trouve la Nexus 7 (Tegra 3), la Nexus 9 (Tegra K1) et dorénavant la Pixel C. Elle utilise la version la plus avancée des SoC du fondeur : le Tegra X1, gravé en 20 nm. Il est supposé être constitué d'un processeur ARM 64 bits en architecture big.LITTLE, c'est-à-dire avec quatre cœurs A53 économes en énergie et quatre cœurs A57 orientés performances, ainsi que d'un GPU Maxwell doté de 256 unité d'exécution. Nous disons supposé puisque toutes les applications de benchmark à disposition dans notre escarcelle ne nous ont retourné que quatre cœurs A57, cadencés à 1,9 GHz. Nous avons envoyés nos questions à Google comme Nvidia. Nvidia n'a pas de réponse, et nous attendons celles de Google.

Il n'empêche cette bête de course sur le papier est supposée gérer l'encodage et le décodage de vidéos 4K en H.265/HEVC et VP9 (le codec de Google). Pour l'accompagner, Google a implémenté 3 Go de RAM. On retrouve sur la Pixel C le connecteur USB Type-C que Google met désormais sur tous ses produits. Tandis que la batterie de 34,2 Wh assure une capacité de 9 240 mAh (en 3,7 volts à priori). Notre modèle est doté de 64 Go, la Pixel C étant aussi déclinée en 32 Go (dans les deux cas non extensibles). Google table sur le Wi-Fi ac double bande et le Bluetooth 4.1 pour la partie communication sans fil, mais point de données cellulaires ni de NFC.

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Dans les faits, les performances s'avèrent copieuses. Qu'on trouve une interface parfaitement fluide n'a rien d'étonnant à ce niveau, en revanche les jeux exigeants comme Asphalt 8 : Airborne ou Mortal Kombat X tournent à merveille et la tablette ne chauffe que modérément. Un ressenti qui nous est confirmé par les scores élevés obtenus sur toutes les applications de test exécutées.

Android 6.0 fidèle au poste

Inutile de s'attarder sur Android 6.0, système d'exploitation en version stock, c'est-à-dire d'origine, que l'on commence à bien connaître. Faisons simplement ce constat : puisque Google réutilise le nom Pixel donné à ses Chromebook maison, la logique aurait voulu que l'on trouvât Chrome OS dans la Pixel C. Un OS plus rapide au démarrage, mieux sécurisé (pas d'app en local), mis à jour de manière discrète en arrière-plan, et plus adapté à un usage bureautique. D'après une enquête menée par ArsTechnica, c'était d'ailleurs prévu ainsi à la base. Mais il fallait développer une version adaptée au tactile qui aurait brouillé les pistes quant à la véritable stratégie de Google : sortir un nouveau système d'exploitation hybride - le meilleur des deux mondes - à horizon 2017.

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Les boutons de navigation sont déportés sur les côtés de sorte à pouvoir être actionnés avec les pouces quand on tient la tablette.

Cette théorie se tient, mais ne résout pas le problème, à savoir qu'Android n'est pas un OS très pratique en bureautique. Les interactions entre clavier et interface manquent d'ergonomie, beaucoup d'applications ne sont pas optimisées pour cette taille d'écran, et surtout l'absence de mode multi-fenêtré est une plaie dans un contexte de travail. La question est à l'étude pour Android N, mais en attendant que nenni, et c'est fort dommage.

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L'application Gmail tire bien parti de la surface d'affichage, mais pas Facebook, qui mériterait d'être fenêtrée

La tablette hybride dans la pratique

Sur la durée des tests, nous avons notamment pu expérimenter la prise de note lors d'une conférence de rédaction, pendant une heure et demie. La tâche est gérable, mais il faut recalibrer mouvements et doigts. L'espacement et la taille des touches sont généreux compte tenu de la surface disponible, la course façon clavier de portable offre une frappe agréable et précise, bien qu'un peu bruyante d'après certains collègues.

En revanche, sorti des touches alphanumériques il faut du doigté pour tomber juste : Maj, entrée, retour arrière, tabulation ou encore les flèches ont été fortement compressées. Des flèches difficiles à distinguer et peu accessibles (sous des touches de caractères spéciaux), voilà qui n'est pas très commode en bureautique.

Par ailleurs, certains raccourcis de caractères spéciaux ont été modifiés : la parenthèse ne se ferme plus avec la touche située à côté du 0, le dollar disparaît, le crochet ouvert passe sur le 4, etc. C'est une question d'habitude : il n'est pas demandé de se défaire totalement des acquis, comme quand on bascule sur un clavier QWERTY, mais ça reste tout de même déstabilisant. Et il nous est arrivé plusieurs fois de toucher par erreur le bouton d'accueil, déporté à gauche de l'écran sur Android 6.0, en voulant atteindre un é ou une ".

Le clavier de la Pixel C
Le clavier de la Pixel C
Le clavier de la Pixel C
Le clavier de la Pixel C
Le clavier de la Pixel C

Google fournit une liste parfaitement exhaustive des raccourcis clavier sur Android. Certains - peu nombreux - servent au sein de l'interface même, d'autant lancent des applications mais la plupart seront utiles dans la suite bureautique de Google. Et là, l'apprentissage pourra durer, même si Android réutilise des raccourcis déjà utilisé sous Windows à chaque fois qu'il le peut.

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L'objet tel qu'il a été pensé en duo est plutôt pratique à transporter. Repliée, la Pixel C est bien protégée par la coque du clavier, l'ensemble reste léger et compact. Dépliée, elle devient un mini-ordinateur tout à fait stable. Et pour passer de l'un à l'autre ?

Si l'absence de connecteur physique simplifie l'accouplement des deux parties, la puissance des aimants rend la séparation parfois compliquée. Google a fait en sorte que le duo tablette - clavier tienne bien : c'est presque un peu trop réussi. Il faut trouver le bon coup de main pour désolidariser les deux éléments sans lutter, ni risquer d'endommager ou d'échapper l'un ou l'autre (ou les deux).

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Malgré les mises en garde de rigueur de Google quant aux risques magnétiques vis-à-vis de certains supports (bandes, stockage, cartes à puce, etc.), nous n'avons pas constaté de trouble particulier en laissant clé USB, carte mémoire et même téléphone sur les zones aimantées. Mais mieux vaut rester un minimum prudent. Enfin, cette aptitude particulière permet à la Pixel C de se fixer aisément sur une porte de réfrigérateur ou une armoire métallique. A quoi cela sert-il ? C'est une autre histoire...

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Quid de la photo ? Sur une tablette, l'usage est rarement majeur, l'ergonomie n'étant pas vraiment pensée pour ça. Les faits confirment les appréhensions : l'appareil photo n'est pas bien réactif et la qualité d'image brouillonne. Même en plein jour, avec une belle lumière naturelle, le capteur de la Pixel C se laisse déborder : bruit chromatique, de luminance, et même artefacts de compression Jpeg. Vus de loin ou sur écran de tablette, les clichés semblent équilibrés mais près c'est autre chose... L'optique n'est pas non plus un modèle de piqué ou d'uniformité, bref c'est de la photo souvenir d'appoint.

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Photo prise de jour et extraits à 100%


En façade, les deux mégapixels font ce qu'ils peuvent en photo - c'est-à-dire pas grand-chose - mais ils s'en sortent bien en vidéo. Le flux 1080p (H.264 à 14 Mbps et 30 im/s) est fluide et propre, accompagné d'un flux audio bien défini et réaliste. Et l'angle de caméra est suffisamment large. Un atout appréciable dans l'optique d'utiliser la visioconférence, aussi bien à titre privé que dans un contexte plus professionnel.


Exemple d'une vidéo type visio tournée avec la caméra frontale de la Pixel C



Exemple d'une vidéo tournée avec la caméra principale de la Pixel C

Performances et autonomie

En matière de performances, la Pixel C s'impose comme une tablette de premier ordre. Son chipset graphique atteint littéralement des sommets sur les bench utilisés. La partie CPU donne également satisfaction, avec toutefois moins de relief qu'en graphismes. Disons que le processeur de la Pixel C fait jeu égal avec celui de l'iPad Air 2. La Pixel C se hisse aisément à la tête des tablettes Android. Seul l'iPad Pro chez la concurrence le devance largement ou bien sûr les architectures x86 des Surface...

Quoi d'autre ? La Pixel C nous a restitué un score musclé de 6 892 sur le bench Work performance de PC Mark, mais aussi des 3468 sur Sling Shot 3.0 ou 2940 en 3.1 (3D Mark). Pour rappel, le Nexus 6P et son puissant SoC Snapdragon 810 a quant à lui plafonné à 4526 sur PC Mark et respectivement 2489 et 1616 sur les deux tests de 3D Mark, alors même que sa définition d'écran est moindre. Le SoC Tegra X1 ne manque pas de ressource !

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Est-ce que cela se fait au détriment de l'autonomie ? Nous manquons de points de comparaison en tablettes, faute de suffisamment de références testées sur le bench de PC Mark. Néanmoins les 8 h 57 obtenues seraient un excellent score pour un smartphone et devance de loin les 5 h 23 de la ZenPad S 8.0 d'Asus. Il faut dire qu'avec près de 10 000 mAh de capacité, la Pixel C a de l'énergie en réserve.

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Conclusion

La Pixel C est assurément une tablette très séduisante. Finition irréprochable, performances de haute volée, superbe écran, bonne autonomie, fixation aimantée judicieuse, bonne symbiose avec le clavier dédié et section audio de bonne facture : la Pixel C a tout pour plaire. Tout... sauf le bon système d'exploitation. En effet, si l'on considère la tablette comme outil de travail, Android 6.0 n'est pas ce qui se fait de plus pratique. En grande partie parce qu'il n'existe pas encore de mode multi-fenêtré. Mais aussi parce que l'ergonomie des claviers en général laisse à désirer sous Android. Si on exclut la compréhensible petitesse du clavier de la Pixel C - probablement le meilleur clavier Android - le souci c'est le manque d'interactions utiles entre l'OS et le périphérique de saisie. La version 6.0 n'a rien changé à la donne, Android N devrait rectifier le tir mais ce n'est pas encore pour aujourd'hui. Peut-être que Google décidera d'accélérer les choses, en implémentant le fenêtrage dans une prochaine version 6.1 par exemple.

En outre, le prix de la Pixel C va en faire douter plus d'un : 605 euros en 64 Go, soit le même prix qu'un iPad Air 2, auxquels il faut ajouter 169 euros pour le clavier, c'est une somme tout à fait conséquente. A 499 euros les 32 Go et sans clavier, c'est un peu plus envisageable, mais ce n'est plus l'outil de productivité que Google met en avant. C'est avant tout un problème de positionnement dont souffre cette tablette : le software n'est pas à la hauteur du hardware. D'après ArsTechnica, Google s'est empressé de mettre Android 6.0 sur la Pixel C pour qu'elle ne rate pas Noël : elle est effectivement commercialisée, mais il n'est pas certain qu'elle se vende.

Google Pixel C

7

Les plus

  • Finition exemplaire / dimensions
  • Superbe écran / bonne autonomie
  • Performances / GPU de haut niveau
  • Système d'attache aimanté / clavier

Les moins

  • Android indapté pour du travail sur tablette
  • Prix trop élevé en 64 Go - prix clavier
  • Appareil photo principal moyen
  • Aimant un peu trop fort ?

Finition10

Ergonomie6

Autonomie9

Performances9

Rapport qualité/prix6

Aurélien Audy
Par Aurélien Audy

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