Parmi les controverses du moment se trouvent les autoroutes dites « à flux libre ». Sur le papier, tout ou presque paraît attractif du côté de l'automobiliste, avec notamment un trafic promis à plus de fluidité et un paiement facilité… sans barrières de péage.
Dans la pratique, ce système, à l'essai sur l'une des dernières autoroutes créées en France, l'A79, ne cesse d'être décrié par bon nombre d'usagers plus ou moins réguliers de cette infrastructure. Prometteur sur le papier, qui plus est sur des axes à la saturation plus ou moins régulière au niveau des péages tels que l'A7 à hauteur de Lançon-de-Provence, le projet de génération d'autoroute « à flux libre » risque pour plusieurs raisons de connaître un coup de frein.
Un système si complexe que cela à adopter ?
Inaugurée il y a moins d'un an dans le centre de la France, plus exactement entre Digoin et Montmarault, l'A79 n'est pas seulement l'une des dernières-nées du réseau autoroutier français. Empruntable depuis le 14 novembre 2022, elle sert aussi de test pour un nouveau mode d'acquittement de la somme à régler pour emprunter ses 88 kilomètres de bitume. Adieu le péage traditionnel, et place à un essai grandeur nature de l'autoroute « à flux libre ». Sur le papier, rien de méchant. Au lieu des barrières de péage vous invitant à régler la note de diverses manières, du télépéage à la carte bancaire en passant par le chèque, l'autoroute 2.0 se veut plus fluide.
Dans cette perspective, l'essai en cours a pour but de tester une infrastructure sans barrières de péage… visibles. Au lieu de nécessiter au moins deux arrêts, au début de l'entrée sur l'A79 jusqu'au moment où elle est quittée, l'autoroute à flux libre peut être traversée sans stopper son véhicule. Des portiques, au nombre de 6 sur la totalité du parcours, relèvent votre plaque d'immatriculation. Le problème, c'est que cela ne semble pas clair pour tout le monde. Bien que des panneaux indiquent la démarche à suivre pour s'acquitter du paiement, notamment par des bornes en sortie d'autoroute, de nombreux automobilistes déplorent un manque d'information qui peut leur coûter cher.
Une pédagogie à développer, selon l'État
Saisie par pas moins de 100 recours selon cette dernière, l'association « 40 millions d'automobilistes » entend bien franchir un cap et porter ce dossier devant la justice. En effet, vous disposez de 72 heures après votre passage sur l'A79 pour régler la somme demandée par le concessionnaire du réseau, l'Autoroute de liaison Atlantique Europe (ALIAE). Le fait de recevoir la note par e-mail a d'ailleurs fait craindre des tentatives d'hameçonnage. Au-delà de ce délai, des automobilistes se retrouvent très vite contraints de débourser jusqu'à 90 euros pour non-paiement du péage. Certains, avec des délais allongés, ont même dû s'acquitter d'amendes grimpant jusqu'à 375 euros. On est loin des baisses de prix estivales.
Les automobilistes, dans leur grande majorité, invoquent leur bonne foi, et notamment un manque d'informations sur le fait même que cette portion d'autoroute soit payante. Or, certains cumulent les passages… et les contraventions. RMC rapporte le cas d'une voiture louée par un particulier qui a emprunté l'A79 et est passée d'une somme non réglée au péage de 30 centimes d'euro à une amende forfaitaire. Concessionnaire et loueur se sont renvoyé longuement la balle quant au manque d'informations invoqué par la personne ayant traversé l'A79 avec le véhicule loué, jusqu'à ce qu'une indemnisation soit finalement versée.
Alors que les autoroutes à flux libre pourraient être testées sur d'autres portions très empruntées comme les autoroutes A13 et A14 entre Paris et la Normandie, le recours à la technologie pour fluidifier le trafic ne semble pas ravir tous les automobilistes concernés, pas plus qu'un abaissement de la vitesse. Et vous, que pensez-vous de ce système de paiement et de son intérêt réel pour fluidifier le trafic autoroutier ?
Sources : RMC, UFC-Que Choisir