Une équipe de l'université britannique de Warwick a développé un algorithme capable de transformer les batteries des véhicules électriques en pile de stockage pour les bâtiments.
Technologie prometteuse, mais inaboutie
Alors que les capacités mondiales de production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables ne cessent de grimper (la Californie a battu un record en mai dernier avec plus des 2/3 d'énergie verte produite sur une journée), leurs promoteurs se heurtent au délicat problème du stockage : comment garantir la continuité de l'approvisionnement à partir de source par définition irrégulières ? Des solutions domestiques commencent à apparaître (le Powerwall de Tesla, l'EcoBlade de Schneider), mais rien de suffisamment puissant pour l'industrie.Depuis plusieurs années, le Pentagone américain travaille sur une solution impliquant la voiture électrique : la technologie V2G (vehicle to grid, de la voiture au réseau), qui transformerait la batterie d'une automobile électrique, lorsqu'elle est en stationnement, en source d'approvisionnement pour un bâtiment. Or, les obstacles techniques sont nombreux : les stations de charge doivent d'abord devenir bidirectionnelles pour prélever le courant dans la batterie de la voiture. Ensuite, ce prélèvement réduit la durée de vie des batteries lithium, très coûteuses. Enfin, il n'existe aucun système permettant de réguler le prélèvement : celui-ci ne s'arrête que quand la batterie est vide. Ennuyeux, quand il s'agit de rentrer chez soi...
Hausse de 10 % de la durée de vie des batteries
Une équipe de l'université britannique de Warwick a peut-être trouvé la solution pour lever ces obstacles. En collaboration avec des ingénieurs de Jaguar, ils ont mis au point un algorithme capable à la fois d'augmenter de 10 % la durée de vie d'une batterie Li-ion et de déterminer la quantité d'énergie à prélever, en fonction du besoin pour le trajet à venir. Pour inciter les propriétaires de voiture électrique, ils seraient rémunérés comme producteurs lorsqu'ils connectent leur véhicule à un bâtiment.Les chercheurs de Warwick ont testé leur système sur le campus de leur université. 120 véhicules électriques ont permis d'approvisionner en courant un bâtiment accueillant 360 chercheurs, comprenant laboratoires, bureaux, ainsi qu'un auditorium de 100 places. Les chercheurs de Warwick estiment que leur algorithme pourrait accélérer le déploiement des énergies renouvelables en offrant de surcroît une longévité accrue aux batteries des véhicules électriques.