Leap Motion : le test complet !

Aurélien Audy
Publié le 29 juillet 2013 à 17h32

Leap Motion

Après un peu plus d'un an à patienter depuis l'annonce du Leap Motion et l'ouverture des pré-commandes, notre exemplaire de ce périphérique d'un genre nouveau vient enfin d'arriver à la rédaction. Le Leap Motion, c'est une interface qui propose de s'affranchir de tout contact physique entre l'homme et la machine, plus précisément l'ordinateur. Une sorte de Kinect, mais appliqué qu'aux mains et pas seulement destiné au jeu vidéo. Le futur serait-il en train de frapper à notre porte ?

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Présentation et principe

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Annonces fanfaronnantes, attente interminable et promesse à la saveur futuriste, rien de tel pour attirer les regards et générer l'engouement. C'est précisément l'histoire du Leap Motion. Vous avez probablement tous déjà vu les films Minority Report ou Johnny Mnemonic : des sciences fictions où les protagonistes contrôlent des interfaces à distance, d'une simple gestuelle des mains. Eh bien c'est ce que le Leap Motion veut aujourd'hui concrétiser, à la portée de tous.

Ce petit boîtier fonctionne peu ou proue comme le Kinect de Microsoft, sauf qu'il ne se place pas face à l'utilisateur mais sous les mains, à hauteur de clavier. Et qu'il est supposé beaucoup plus précis (200 fois nous disait-on au début, aujourd'hui la communication de l'entreprise se rabat sur un « significativement » plus raisonnable), capable de déterminer la position des doigts au centième de millimètre, rafraîchie à la fréquence de 200 Hz (contre 30 Hz pour Kinect).

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L'objet est assez simple : un petit module de 8 x 2,9 x 1,1 cm, ressemblant fortement à un iPhone 4 miniature (noir dessus et dessous, cerclé d'aluminium brossé). On le pose à plat, à la tête ou au pied du clavier, on le branche en USB, la LED en façade s'illumine et deux webcams filment alors vers le haut, en stéréoscopie (trois LED infra-rouge complètent le dispositif). Ce principe va former un champ de captation dans lequel les mains et doigts de l'utilisateur vont pouvoir être analysés, leurs mouvements interprétés. Les webcams du Leap Motion couvrent un volume de 0,227 m3, comme indiqué sur le schéma ci-dessous :

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Si on s'imagine un plan horizontal qui traverse le Leap Motion, tout ce qui se situe avant constitue la zone de survol, tandis que tout ce qui est derrière générère un contact. C'est la grande différence avec le tactile : la gestuelle se fait sur trois dimensions et non pas à plat. Accessoirement aussi, on ne salit pas son écran...

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Installation et usages

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L'installation sur PC (Windows 7 et 8) comme sur Mac (OS X 10.7 et +) est simple. Il faut télécharger le pilote adéquat sur www.leapmotion.com/setup et se laisser guider. On aboutit alors à son AirSpace Home, le centre névralgique du Leap Motion, où on pourra accéder à ses applications, téléchargées depuis l'AirSpace Store, dédié à l'appareil. Pour l'heure, on compte 75 applications, dont une quinzaine gratuites. Les payantes étant vendues entre 1 et 100 dollars (elles ne proposent malheureusement pas de version d'essai, dommage).

Pour acheter une application, c'est comme avec n'importe quel store : il faut s'inscrire et renseigner un moyen de paiement. Les prix grimpent alors, de 19,6 %, Leap Motion étant obligé d'appliquer les taxes en vigueur dans chaque pays. Bon point en revanche : les applications sont liées au compte de l'utilisateur et donc synchronisées automatiquement sur les différentes machines utilisées.

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Avant et après avoir renseigné une CB


Le pilotage de l'OS

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Pour piloter son système d'exploitation avec Leap Motion, il faut installer l'application Touchless Control (PC et MAC). Tout le fonctionnement est ensuite expliqué dans un tutoriel bien explicite. Une nouvelle icône apparaît dans la barre des tâches, permettant de désactiver Touchless Control et de l'activer en mode basique ou avancé. Sur Windows 7 et 8, la différence est subtile : le mode avancé n'ajoute que le zoom à deux doigts d'une main (le pinch to zoom). En mode basique, ce zoom doit être opéré avec les deux mains, à un doigt par main. Sur Mac OS X, le mode avancé ajoute la rotation des images, absente sur les OS Microsoft.

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Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes
Paramétrage de l'application Touchless Control en dix étapes


Que peut-on dès lors réaliser avec le Leap Motion ? Pointage (un doigt), clics (comme si on tapotait dans le vide), défilements (à plusieurs doigt ou avec la main entière) et zooms comme expliqué précédemment. C'est tout ! Sur Windows 7, ça ne présente aucun intérêt. Avec Windows 8 et Mac OS X, l'interaction est plus poussée puisque ces deux OS sont en partie optimisés pour des gestuelles (pavés ou souris tactiles sur Mac OS, écrans tactiles et interface Modern UI sur Windows 8). Ca fonctionne, mais d'une l'exercice nécessite un certain entraînement, et de deux ça n'apporte rien aux dispositifs de contrôle déjà existant (claviers, souris, touchpads, tablettes graphiques).

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Les applications Airspace

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Le store Airspace est découpé en sept catégories, qu'on peut en fait résumer à quatre grandes familles, étant donnés les recoupements : création graphique et musicale, ludo-éducatif, jeux et expérimental. On pourrait aussi mentionner la rubrique productivité et utilitaires mais c'est en fait une coquille (presque) vide, pour l'instant du moins.

Dans notre première famille, on trouve trois visionneuses d'image, une application de dessin (Corel Painter Freestyle), une de traitement d'image (Deco Sketch) pour la partie graphique, et des instruments de musique virtuels et des contrôleurs MIDI virtuels pour la partie musique. Des applications expérimentales et des jeux se glissent également dans cette section, c'est un peu le bazar dans le store. Rien de convaincant en création graphique, le « air dessin » n'étant ni efficace ni confortable.

Côté musique, le gros potentiel du Leap Motion avec le jeu, les instruments virtuels sont marrants deux secondes mais non praticables. Jouer de la harpe à plat (dans Air harp) sans toucher les cordes relève de la gageure. Et les problèmes de latence risquent de rapidement calmer les ardeurs des musiciens adeptes des interfaçages MIDI. Elle est faible et peu gênante pour naviguer dans l'OS mais dans le monde de la création musicale, une poignée de millisecondes devient vite cruelle.

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Dans le ludo-éducatif, on trouve quelques applications sympathiques, comme Cyber Science, Frog Dissection ou Exoplanet. Si l'à-propos du contenu est bien réel et les manipulations à la main s'opèrent correctement, elles n'apportent toutefois rien de particulier à l'expérience, si ce n'est un brin de divertissement. Les applications expérimentales portent-elles bien leur nom, à tel point qu'on ne sait pas une fois dans le cœur du sujet ce qu'on attend de nous. Du coup on agite les mains, ça bouge, ça fait du bruit (souvent) et on appuie sur la touche ESC.

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Reste le gros morceau du store, les jeux. On en compte 46 (doublons d'apps présentes dans d'autres catégories inclus), ce qui sur 75 apps au total nous fait un pourcentage généreux (61,3 %). Ils sont majoritairement payants. Si on exclut les deux versions de pierre, feuille, ciseau, et les jeux déjà connus sur smartphone (Cut the Rope, Serious slice équivalent de Fruit Ninja, etc.), il reste des titres assez lassants (c'est un euphémisme) et qui n'exploitent pas ou trop peu la troisième dimension offerte par le Leap Motion. Du moins pour ceux que nous avons essayés (Block 54, Sugar Rush, Jungle Jumper, Escape Velocity).

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L'Airspace Store invite également à tester Google Earth avec son Leap Motion. C'est effectivement le genre de logiciel où une navigation tridimensionnelle peut servir l'ergonomie. Il suffit de constater à quel point la mappemonde de Google n'est pas pratique à manier à la souris. Au démarrage de Earth, c'est un peu la panique à bord. La terre se met à tourner comme un ballon de basket. Un méli-mélo de flèches apparaît pour matérialiser les mouvements, il faut à l'évidence temporiser. On finit par comprendre comment la gestuelle fonctionne et à partir de là c'est un régal de se balader sur le globe, la main toute puissante ! Jusqu'au moment où on attrape une crampe et on arrête.

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Une révolution ?

Les aspirations des créateurs du Leap Motion sont ambitieuses, mais la concrétisation n'est pas sans poser de problèmes. D'abord, le Leap Motion est très sensible. Il faut une extrême minutie pour effectuer des mouvements aussi précis que la détection de l'appareil, afin d'obtenir une interprétation correcte. Du coup, la gestuelle est tout sauf naturelle. Exemple : pour zoomer avec l'index et le pouce, ces doigts n'étant pas de même longueur, il faut se plier le poignet pour faire en sorte qu'ils soient détectés en même temps. De surcroît, l'absence d'harmonie dans les gestuelles employées par les applications rend la chose encore plus frustrante et délicate. L'application du New York Times, qui a du jour au lendemain disparu du catalogue Windows alors que toujours présente sur Mac (un bug nous a-t-on dit au service de presse de Leap Motion), en est un bon exemple. C'est une des seules pour lesquelles le scrolling exige que l'on trace des cercles avec l'index. Très naturel là encore... Heureusement, on trouve cette application, en version beaucoup plus complète et parfaitement utilisable sur le Windows Store (mais pas l'AppStore d'Apple).

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L'application du New York Times utilise une gestuelle bien à elle


Par ailleurs, le Leap Motion fonctionne uniquement en relatif, jamais en réel. C'est-à-dire comme avec une souris : le doigt entre dans le champ toujours par le même endroit, au centre à environ 20 cm au dessus du Leap Motion, et s'oriente pour diriger le curseur virtuel vers la position voulue, avec accélération. En réel, comme avec un stylet, le curseur se placerait à l'écran précisément là où le doigt entrerait dans le champ, et se déplacerait à la même vitesse. Si le relatif est plus logique pour piloter l'OS, pour les applications de dessin, un mappage réel aurait été plus judicieux.

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Ecrire ou dessiner avec le doigt dans le vide, un exercice au combien périlleux et contre nature


Et bien souvent, on peine à sentir la frontière entre le survol et le contact. Quand il s'agit de doser la pression d'une brosse sur Paint, ça relève du défi. Et surtout, la position bras en l'air est en matière d'ergonomie imprécise et intenable sur la durée (même courte). Allez en parler à un professionnel de la médecine du travail...

On notera également la gourmandise en ressources du Leap Motion : le pointage à lui tout seul (affichage et déplacement du curseur Leap Motion) s'accapare environ 60% du CPU, un Core i5 2467M sur un portable relié au secteur. L'usage des ressources grimpe à près de 100% sur batterie ! Leap Motion recommande au minimum un AMD Phenom II ou un Core i3 d'Intel. Pour un dispositif de pointage, ce n'est pas rien. Mais il faut bien traiter les 200 images par seconde des deux webcams en même temps...

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Sur le graphique du gestionnaire de tâches, on repère très bien le moment où nous avons agité les bras devant l'appareil


Enfin, il manque pour l'instant des applications qui exploitent vraiment le potentiel du Leap Motion, à savoir l'analyse de gestes en trois dimensions, si tant est que potentiel il y ait... Partout où le clavier et la souris donnent satisfaction, le Leap Motion n'a guère de marge pour prouver sa plus-value. Si quelque chose marche, n'essayez pas de le réparer dit l'adage anglo-saxon.

Conclusion

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Un dispositif de contrôle à nul autre pareil, le Leap Motion l'est assurément. Certes, il pourrait s'apparenter à Kinect dans le principe, mais l'approche est suffisamment différente pour écarter toute confusion. Cette nouveauté provoque de l'engouement, son concept de la fascination. Seulement voilà, les premiers obstacles ne se font guère attendre. Pour ce qui est de piloter son ordinateur, le Leap Motion semble en avance sur son temps. Les systèmes d'exploitation compatibles ne sont pas - encore - adaptés, même si l'interface Modern UI de Windows 8 et la gestuelle tactile gérée par Mac OS X se prêtent à peu près à l'exercice. Et c'est encore pire avec les logiciels qui les peuplent (sauf rares exceptions du type Google Earth) : trop d'éléments, boutons trop petits, etc. Leap Motion prévient que son appareil n'a pas vocation à remplacer le clavier et la souris, c'est on ne peut plus vrai.

Le salut ne peut donc venir que de l'écosystème propriétaire Airspace. Simple à mettre en œuvre, agréable à arpenter, l'univers Airspace souffre malheureusement d'une sélection d'applications trop restreinte et sans titre phare. Dans le meilleur des cas, on s'amuse un instant, dans le pire on ne comprend même pas la finalité de l'application et on passe, vite. De notre expérience, le pilotage par gestuelle n'est jamais exploité avec sens, ce sens qui nous ferait constater l'évidence d'un progrès. Non, les manipulations ne sont ni précises, ni homogènes (entre applications), ni naturelles. Et quand bien même elles le seraient, on ne voit pas comment Leap Motion pourra faire voler l'ultime barrière en éclat, à savoir l'extrême inconfort causé par la position des bras qu'il faut tenir, dans le vide. Autant d'inconvénients qui feraient presque passer la consommation CPU excessive pour secondaire. Enfin certains s'interrogeront sur la pertinence d'Airspace, un store dans le store (Windows Store de Windows 8 et l'AppStore de Mac OS), avec une certaine redondance des applications (Cut the Rope, New York Times, etc.). Leap Motion a su nourrir les espoirs, mais déçus ils resteront sur leur faim.

Leap Motion

2

Les plus

  • Précision sur dix doigts / Prix ok
  • Design appareil / store sympa
  • Synchro des apps sur plusieurs machines
  • Usage avec Google Earth / ModernUI

Les moins

  • Fatigue et douleurs des bras levés
  • Consommation CPU trop élevée
  • Pas assez d'application / pilotage OS limité
  • LM sensible / gestuelles variables

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Ergonomie3

Applications4

Aurélien Audy
Par Aurélien Audy

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