Vivement critiqué après avoir signé le rappeur robot FN Meka, Capitol Records a fini par revenir sur sa décision.
À peine 10 jours après avoir annoncé sa signature, le label américain a finalement mis fin à l'expérience FN Meka. Le rappeur en réalité virtuelle, dont les textes étaient générés par une intelligence artificielle, est accusé par un groupe d'activistes américains d'être une création raciste et stéréotypée.
Qui est FN Meka ?
FN Meka se trouve être un cyborg qui a l'apparence d'un homme noir au style extravagant. Fabriqué en réalité virtuelle, il se lance dans la musique en 2019. Et si ses textes sont chantés par un véritable artiste, ils sont composés et écrits par une intelligence artificielle qui analyse les succès musicaux du moment. Le tout donne lieu à un ensemble crédible et à une popularité aussi rapide qu'impressionnante. Sur TikTok, sa plateforme de prédilection, FN Meka compte en effet plus de 10 millions d'abonnés, pour un total de plus d'un milliard de vues.
Ces chiffres impressionnants ont décidé, mi-août, la maison de disques américaine Capitol Records à lui faire signer un contrat. Ou plutôt, aux personnes qui l'ont créé. Un contrat qui n'a duré que 10 jours.
Si le profil de ce rappeur est original, il est pourtant loin d'être l'unique influenceur du genre, et on peut désormais voir des dizaines de personnages plus ou moins réalistes qui comptent des millions d'abonnés chacun. Si cela peut poser des questions éthiques ou de propriété intellectuelle (les IA exploitent de véritables œuvres pour en créer de nouvelles), ce n'est pourtant pas du tout ce sujet qui a décidé le label à revenir sur sa décision.
Pourquoi Capitol Records a-t-il mis fin à son contrat ?
Créée à la suite du meurtre de George Floyd aux États-Unis et à l'immense mouvement en faveur des droits des Noirs qui a suivi, l'association Industry Blackout a vivement critiqué la décision de la maison de disques. Après avoir rapidement lancé une campagne de dénonciation sur les réseaux sociaux, ses activistes ont directement écrit à Capitol Records. Pour eux, l'existence même de ce rappeur est raciste et constitue « une insulte à la communauté noire et à sa culture ». En plus du nombre de stéréotypes contenus dans les textes de FN Meka, les militants dénoncent une appropriation du travail d'artistes noirs qui ne seront jamais rémunérés pour les œuvres ainsi créées. Enfin, l'usage exagéré du « N-word », raciste et historiquement chargé, a été la goutte de trop.
Les arguments énoncés ainsi que l'audience qu'a reçue la campagne sur les réseaux sociaux a rapidement fait rétropédaler Capitol Records. Dans un communiqué, le label a annoncé avoir rompu le contrat qui le liait au rappeur en réalité virtuelle. Il a également présenté ses excuses aux personnes concernées et a reconnu « [avoir] signé pour ce projet sans [s'être] interrogé suffisamment sur son équité et sa créativité ».
Sources : Le Monde, RadioFrance