Proto Hologram, une société qui conçoit des dispositifs à hologramme, a engagé le vétéran de l'espace pour discuter avec ProtoBot, et peut-être même entrer dans l'histoire.
William Shatner n'est pas seulement un acteur qui a joué dans l'une des séries de science-fiction les plus emblématiques de l'univers. C'est aussi une personnalité médiatique aux multiples casquettes, suffisamment curieuse pour obtenir un billet pour l'espace ou participer à une rencontre très étonnante.
Les IA rêvent-elles de moutons numériques ?
Les intelligences artificielles conversationnelles font beaucoup moins parler d'elles qu'en début d'année. Cependant, elles continuent de susciter la curiosité et sont progressivement incorporées dans un nombre croissant de services et de produits. C'est le cas des appareils à hologramme de Proto, qui seront très prochainement accompagnés de ProtoBot, un programme d'IA développé par CodeBaby. C'est avec ce dernier que William Shatner a eu une petite discussion qu'il serait encore un peu difficile d'avoir avec Siri, Alexa ou Google Assistant, loin du niveau des IA actuelles.
En plus de poser des questions très élémentaires pour tester les capacités de l'IA, l'acteur canadien l'a également mise à l'épreuve sur des sujets éthiques et philosophiques. « Je pose à ProtoBot des questions auxquelles un ordinateur ne peut normalement pas répondre », a-t-il déclaré à Reuters. « Un ordinateur répond à deux plus deux, mais ProtoBot sait-il ce qu'est l'amour ? ProtoBot peut-il comprendre la sensibilité ? Peut-il comprendre l'émotion ? Peut-il comprendre la peur ? »
Des interrogations auxquelles il est facile de répondre au regard de la technologie actuelle. Cependant, cet échange a le mérite de donner lieu à une scène intéressante. Shatner soulève des questions que de nombreux penseurs et écrivains de SF se posent depuis des décennies, si ce n'est plus. Il n'est donc pas difficile de le revoir ici dans la peau d'un capitaine Kirk au beau milieu de l'une de ses fascinantes missions.
La croisée des chemins pour l'humanité et l'intelligence artificielle
Cet officier de Starfleet n'a pas été dupe. Derrière la fascination qu'ont suscitée chez lui les réponses de ProtoBot, il a décelé des dangers. En effet, les connaissances du programme sont établies à partir d'Internet, tout comme ses principes éthiques et philosophiques. Shatner se demande ainsi s'il est possible de détourner une telle IA, par exemple en manipulant des données sur le Web. À cela, Raffi Kryszek, responsable de l'innovation chez Proto, répond qu'« elle pourrait être sensible à des dégradations que nous ne pouvons même pas prévoir ». Lorsqu'on lui demande s'il serait possible d'établir des règles que l'IA ne pourrait pas dépasser, le spécialiste répond : « Oui, on en revient à Isaac Asimov et à ses lois sur la robotique, sauf qu'il n'a jamais imaginé un réseau global » tel qu'Internet.
Alors, ProtoBot pourrait-il à son tour manipuler l'humanité ou lui nuire ? C'est peu probable, du moins tant qu'il se cantonne au Proto M et au Proto Epic, des appareils vendus respectivement 6 500 et 65 000 dollars, et dont la clientèle est assez limitée. Si l'entreprise américaine ambitionne de lancer un produit moins cher destiné au grand public d'ici à 18 mois, l'IA qui l'habitera est du même acabit que ChatGPT ou Google Bard. Les risques seraient davantage de l'ordre de la désinformation que de la fin du monde.
Cependant, pour William Shatner, cette conversation et les réflexions qu'elle a soulevées ne sont pas sans intérêt. « Nous sommes partout à la croisée des chemins », a-t-il expliqué. « Nous allons soit périr, soit dépasser toutes les espérances. Nous sommes à un moment très intéressant de l'Histoire. » C'est très bien compris, Capitaine.
Source : Reuters