L'épidémie actuelle d'Ebola a coûté la vie à près de 5 000 personnes, tandis que 13 000 sont présentement infectées à travers le monde. Pour les scientifiques, il est urgent de trouver un vaccin contre cette maladie dévastatrice, et certains n'hésitent pas à se tourner vers l'intelligence artificielle pour les épauler.
C'est là qu'intervient la start-up canadienne Chematria. Fondée en 2012, cette entreprise a développé un algorithme destiné à accélérer la découverte de médicaments plus efficaces. Pour ce faire, l'intelligence artificielle analyse des modèles statiques de molécules pour prédire leurs effets sur une cible biologique spécifique.
« Le système est piloté par un cerveau virtuel, basé sur le modèle du cortex visuel humain, qui apprend par lui-même en étudiant des millions de points de données concernant la manière dont les médicaments ont fonctionné par le passé. Avec ces connaissances, le cerveau de Chematria peut appliquer les modèles qu'il discerne, prédire l'efficacité d'hypothétiques médicaments, et proposer des utilisations surprenantes pour des médicaments actuels » explique le patron de l'entreprise, le docteur Abraham Heifets. « Ce que nous essayons de faire était considéré comme de la science-fiction auparavant » ajoute-t-il.
Chematria fait équipe avec l'Université de Toronto dans le cadre de leurs recherches de traitement contre le virus Ebola. L'algorithme de l'entreprise a, ainsi, été installé sur le superordinateur le plus puissant du Canada. Interrogé par Mashable, le docteur Jeffrey Lee, chercheur à l'Université de Toronto, estime que les premières recherches sont « prometteuses » : « Nous mettons l'accent sur les mécanismes d'Ebola pour scruter les cellules qu'il infecte. Si nous pouvons interrompre ce processus avec un nouveau médicament, alors nous pourrions empêcher le virus de se répliquer. »
L'algorithme de Chematria permet aux scientifiques de gagner du temps et de ne se focaliser que sur les médicaments prometteurs, qui peuvent ensuite faire l'objet de tests en laboratoire. Néanmoins, il ne garantit pas pour autant la découverte assurée d'un traitement efficace, même s'il peut accélérer le travail des scientifiques : il a notamment déjà été utilisé dans la recherche contre le paludisme, la sclérose en plaques et la leucémie.