Les autorités européennes financent un projet destiné à développer une technologie basée sur des avatars détecteurs de mensonges, qui ne laisseront rien passer lors des contrôles aux frontières de l'UE.
L'Union européenne est l'un des carrefours du monde. Plus de 700 millions de personnes y pénètrent chaque année, et ce chiffre augmentant, l'UE veut trouver des solutions pour soulager son personnel des services frontaliers, tiraillé entre la masse et la sécurité. Vérifier les documents de voyage ; la biométrie de chacun des passagers... tout cela prend du temps. Trop de temps.
Voilà pourquoi l'Union européenne finance iBorderCtrl, un système de contrôle qui pourrait bientôt sévir sur les routes, passerelles et gares de l'espace Schengen grâce à une IA à l'apparence révolutionnaire, mais qui nous inquiète un peu aussi.
Toutes les micro-expressions seront analysées par l'IA
Le système iBorderCtrl vise à faciliter le travail des gardes-frontières de l'UE dans leur lutte contre le crime et le terrorisme, et leur repérage d'immigrants clandestins. Mais comment cela doit fonctionner ?Dans les faits, les voyageurs devront télécharger une application sur laquelle ils pourront uploader des photos de leur passeport, visa et preuve de fonds. Ensuite, ils devront utiliser une webcam pour répondre aux questions d'un garde-frontière animé par... ordinateur. Nous faisons donc face à une intelligence artificielle.
Au fil de la conversation, l'IA scrutera ce que l'on appelle le « langage non verbal », c'est-à-dire qu'elle analysera toutes les micro-expressions du voyageur interrogé pour déterminer s'il ment, ou non.
Si iBorderCtrl considère que le voyageur lui ment potentiellement, ce dernier devra se soumettre à une brève réévaluation de ses informations d'entrée. Si en revanche le système considère que le risque est bien plus élevé, le contrôle sera davantage détaillé et l'agent des services frontaliers utilisera un appareil portatif pour effectuer une contre-vérification automatique des informations fournies par le passager. Pour cela, il comparera les images faciales capturées par l'IA à celles uploadées par le passager, mais aussi les empreintes digitales, le balayage de la veine de la paume et l'appariement des visages. Ce n'est qu'après cette étape qu'un garde-frontière interviendra.
Une fiabilité encore à prouver, des tests jusqu'en août 2019
Financé dans le cadre du programme-cadre de recherche Horizon 2020 à hauteur de 4,5 millions d'euros, ce système de détection de mensonge ou de tromperie est né d'une participation de neuf pays (le Luxembourg, coordinateur du projet, mais aussi la Grèce, Chypre, le Royaume-Uni, la Pologne, l'Espagne, la Hongrie, l'Allemagne et la Lettonie).Si la phase de test, qui devrait prendre fin en août 2019, s'avère concluante, iBorderCtrl pourrait rapidement faire partie du quotidien de tous les Européens. Un dispositif qui fait craindre des dérives faciles à imaginer ; cette technologie n'étant fiable que trois fois sur quatre. Quand la réalité rattrape la fiction...