Et si demain les gares et autres aéroports français étaient sécurisé grâce aux technologies de reconnaissance faciale en temps réel ? Cette méthode (interdite dans l'ensemble de l'Europe mais largement répandue en Chine) est vivement critiquée en raison de son manque de fiabilité et des possibles atteintes aux libertés individuelles.
Pourtant le secrétaire d'État au numérique, Cédric O, a récemment confirmé dans les lignes du Parisien, que le gouvernement français se prépare à une expérimentation à l'échelle nationale. Celle-ci viendra compléter le projet Alicem et pourrait être déployée dès 2020 pour un test d'une durée allant de six mois à un an.
Un test censé juger des « performances réelles » de cette technologie
Le sujet épineux, polémique et largement décrié de la reconnaissance faciale, n'a pas fini de faire couler de l'encre dans l'Hexagone. Faisant face aux revendications citoyennes depuis de nombreux mois avec le mouvement des gilets jaunes puis, plus récemment, les manifestations contre la réforme des retraites, le gouvernement s'apprête une nouvelle fois à aborder un sujet pour le moins controversé.À l'instar des expérimentations ayant eu lieu à l'occasion de la 135e édition du Carnaval de Nice, mais aussi dans plusieurs lycées de la région PACA, la France mènera un test de vidéosurveillance dopée à l'IA à l'échelle nationale, très probablement durant l'année à venir.
Le secrétaire d'État au numérique a en effet confirmé la volonté du gouvernement de mettre les deux pieds dans le plat : « Le gouvernement souhaite ouvrir une phase d'expérimentation, de six mois à un an, sous la supervision de la société civile et des chercheurs. Cela doit nous permettre d'avoir des retours sur les différents cas d'usage et sur la performance réelle de cette technologie, ainsi que sur les questions qui se posent ».
Reconnaissance faciale : rassembler les acteurs et ouvrir un débat public
Il convient toutefois de rappeler que les différentes technologies de reconnaissance faciale sont toujours bel et bien interdites sur le territoire français, mais aussi dans l'ensemble de l'Europe. Si nous en savons pour le moment peu sur les conditions exactes de ce test, il sera mis en œuvre dans des lieux publics dans le seul but d'identifier des personnes ayant préalablement donné leur consentement.Suite à cela, Cédric O estime qu'il sera nécessaire « d'avoir un débat public, un peu à l'image de ce qu'il s'est passé dans le cadre de la loi de bioéthique et comme le demande la Cnil ». L'annonce de cette phase de test met toutefois en relief la volonté du gouvernement à creuser la question de la reconnaissance faciale, un sujet au centre des polémiques en raison de son utilisation démesurée par le gouvernement chinois, mais aussi de sa fiabilité qui semble encore frêle.
Dérives et fiabilité
La reconnaissance faciale alimente en effet la controverse, d'abord en raison des dérives, comme nous l'avons vu en Chine avec la surveillance des Ouïghours, mais aussi d'une fiabilité qui semble encore loin d'atteindre l'excellence !Des groupes de chercheurs tirent la sonnette d'alarme : les algorithmes d'intelligence artificielle utilisés pour la reconnaissance faciale souffriraient d'importantes faiblesses, affichant de nombreux résultats biaisés. Les faux positifs et faux négatifs sont pointés du doigt et plusieurs solutions testées par les chercheurs se sont révélées d'une plus grande imprécision lorsqu'il s'agissait d'identifier des personnes afro-américaines et asiatiques.
Plus récemment, des chercheurs sont parvenus à contourner le système de paiement par reconnaissance faciale utilisé dans le métro de Shenzhen, à l'aide de simples masques imprimés en 3D.
Si l'expérimentation que s'apprête à mener le gouvernement français permettra de mettre au jour les « performances réelles » de la technologie et d'ouvrir un débat public, la défiance envers la reconnaissance faciale risque de persister dans le temps alors que les dérives se multiplient et que le système d'identification continue de montrer de telles faiblesses.
Source : Les Echos