L'entreprise, qui avait un temps pesté contre l'éventualité d'un bannissement progressif de l'équipementier chinois, va petit à petit retirer ses antennes installées sur les territoires denses.
Bouygues Telecom semblait presque être entré en guerre froide avec le gouvernement il y a encore quelques semaines, lorsque celui-ci avait fait savoir aux opérateurs que les autorisations délivrées pour l'installation d'antennes 5G notamment ne vaudraient que pour une durée de huit (jusqu'en 2028) et qu'elles seraient non-renouvelables pour le cas de Huawei. Finalement, l'opérateur abdique et ne crie plus au scandale. Tout ça pour ça donc ?
Le détail des autorisations non-renouvelables a pu peser dans la balance
En marge de la présentation de résultats financiers positifs, jeudi 27 août, Bouygues Telecom a indiqué avoir pris la décision de démonter les 3 000 antennes Huawei installées dans des zones à forte densité de population, d'ici 2028, année où les autorisations délivrées par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) prendront fin.
L'opérateur s'est fait une raison et a bien compris que l'avenir de Huawei comme équipementier des réseaux mobiles était au moins compromis, pour ne pas dire bouché à terme. Les restrictions imposées par les autorités sont plus que dissuasives, et SFR paraît être le seul opérateur à encore - officiellement en tout cas - accorder sa confiance à la firme de Shenzhen.
On peut légitimement penser qu'en 2028, il s'agira d'un bannissement total de Huawei. Souvenez-vous, il y a plusieurs semaines, nous avions relayé les sources de nos confrères de Reuters indiquant que les opérateurs français avaient été mis au courant de l'aspect non-renouvelable des autorisations accordées. Un détail qui a sans doute précipité la décision de Bouygues Telecom.
Brest, Rennes, Strasbourg et Toulouse, premières grandes villes qui subiront une transition entre équipementiers
Pour l'opérateur, qui dispose de huit ans pour renouveler 3 000 de ses 21 500 antennes dispatchées sur le territoire, il s'agit désormais de partir en quête d'un nouvel équipementier, et ce très rapidement, afin de pouvoir équiper en antennes mobiles les villes qui vont être démantelées de leur parc dès cette année, à savoir Brest, qui abrite une base de sous-marins nucléaires ; Rennes, capitale française de la cybersécurité ; Strasbourg, où se trouve le Parlement européen et Toulouse, terre d'Airbus. Quatre places stratégiques, pour lesquelles le Finlandais Ericsson aurait été choisi.
Quatre autres grandes villes suivront d'ici 2023, et neuf autres d'ici 2025. Progressivement, Bouygues Telecom désinstallera les antennes Huawei qui équipent les zones françaises les plus denses, jusqu'en 2028. Les zones moins denses, constituant une menace moindre pour la sécurité nationale, pourront toujours être équipées d'antennes chinoises, argument utilisé pour justifier la mise à l'écart progressive de Huawei.
L'opérateur, qui avait évoqué les conséquences économiques désastreuses d'une telle politique à l'encontre de Huawei, est désormais plus réservé sur cette éventualité, et compte sur l'État pour l'aider à supporter le coût du renouvellement des antennes auprès d'un autre équipementier.
Source : Le Monde