Free a des atouts à faire valoir pour racheter T-Mobile US

Thomas Pontiroli
Publié le 01 août 2014 à 15h52
On croyait Iliad partie prenante de la consolidation des télécoms en France, le groupe de Xavier Niel lorgnait en fait les Etats-Unis et son homologue T-Mobile-US. La manœuvre sera dure, mais a du sens.

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A première vue, Free paraît bien petit, pour racheter T-Mobile US. Le chiffre d'affaires 2013 du français est cinq fois inférieur à celui de l'américain, et sa base clients six fois moins grande. L'offre d'Iliad souffre aussi de la comparaison avec l'opérateur Sprint, qui a promis 35 milliards de dollars à la filiale américaine de Deutsche Telecom, contre 15 milliards pour la société de Xavier Niel.

Alors, est-ce un coup de bluff de la part du milliardaire français ? Si le propriétaire allemand de T-Mobile US a l'air de considérer que l'offre d'Iliad n'est pas à la hauteur d'un point de vue financier, d'après Bloomberg, d'autres éléments permettent d'affirmer que cette offre, qualifiée d'« incroyable mais vraie » par Exane, a du sens.

La stratégie

Free et T-Mobile US sont chacun quatrième de leur marché, dans lequel ils endossent tous deux le rôle de « trublion ». Si le français a bousculé le secteur en faisant chuter les prix de 30% depuis son arrivée en 2012, son homologue américain a lui aussi décidé, en 2013, de tailler dans les tarifs et de proposer des offres sans engagement. Mais T-Mobile US est encore deux à trois fois plus cher que Free, duquel il pourrait s'inspirer.

C'est l'argument qu'Iliad avance d'ailleurs en premier dans sa communication, déclarant que « le marché mobile américain est vaste et particulièrement attractif. T-Mobile US s'est imposé avec succès sur ce marché par son positionnement en rupture qui, à de nombreux égards, est similaire à celui d'Iliad en France ».

La concurrence

Si Sprint rachetait T-Mobile US, il ne resterait plus que trois opérateurs aux Etats-Unis, se partageant un marché de 320 millions de clients... Un scénario que la Commission fédérale des communications avait écarté du revers de la main il y a trois ans, lorsque l'opérateur AT&T avait lancé une offre publique d'achat de 39 milliards de dollars sur T-Mobile US. Elle avait jugé que cette opération serait néfaste pour la concurrence.

La technologie

Enfin T-Mobile US emploie la technologie GSM contre le CDMA pour Sprint. Une différence qui pour le site GigaOM peut générer des complications d'intégration importantes entraînant « plus de stagnation que d'innovation ». Cette situation qui pourrait profiter à Free, qui n'opère de toute façon pas aux Etats-Unis.

Quelques réserves

Pour les analystes d'Exane, cette opération va déstabiliser le bilan financier d'Iliad, qui aura besoin d'une rentabilité solide et pérenne pour rembourser sa dette. Ils ne croient pas non plus que ce rapprochement génèrera 10 milliards de dollars de synergies, comme annoncé par le français. Un avis que partage le cabinet Espirito Santo, pour qui cette opération est l'une « des plus bizarres » qu'ils aient pu constater.


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