Xavier Niel estime que l'Etat devrait se désengager complètement de l'opérateur et s'interroge sur le nombre de chaînes publiques.
Rendre la presse gratuite, c'est la détruire
Peu avare de sa parole, Xavier Niel n'a pas manqué à sa réputation dimanche 22 octobre sur Canal +. Invité du magazine "Clique Dimanche", le patron de Free a livré ses réflexions sur l'actualité des télécoms. Sujet important du moment, la convergence tuyaux-contenus, la grande affaire du concurrent SFR : peu désireux de se lancer dans la course aux droits sportifs et à la production de films et de séries, Xavier Niel trouve à redire sur le kiosque presse numérique. «rendre la presse gratuite, c'est la détruire.», estime Xavier Niel, «au contraire, je pense que accélère la disparition de la presse plutôt que l'aider.» Intégrer le kiosque dans les forfaits téléphonique n'est selon lui qu'une «magouille de TVA» permettant au groupe de Patrick Drahi (mais aussi à Bouygues Télécom) d'économiser 400 millions d'euros de taxes.Concernant Orange, ou plutôt la présence de l'Etat au capital de l'opérateur, Xavier Niel est catégorique : «ce n'est pas le rôle de l'Etat d'être actionnaire de société privées qui sont dans le monde concurrentiel. Je pense que l'Etat doit se désengager d'Orange et vous pouvez poser la question de la légitimité peut-être de l'Etat d'avoir autant de chaînes publiques ». Une manière de se positionner pour racheter Orange ? Une sortie de l'Etat du capital de l'opérateur n'est en tout cas pas exclue.
Bientôt Le Monde TV ?
Par ailleurs, Xavier Niel ne rejette pas l'idée de se lancer dans la télévision. Dans le JDD (journal du Dimanche), le patron de Free confie avoir envisagé un temps de racheter LCI. TF1 ayant choisi de conserver sa chaîne d'info en continu, il réfléchit à créer pour le groupe Le Monde dont il est actionnaire avec Matthieu Pigasse, une déclinaison TV.Enfin Xavier Niel livre une petite anecdote : si Free a obtenu la quatrième licence mobile en 2009, c'est grâce à... un malaise vagal de Nicolas Sarkozy. Le Président de l'époque, très proche du concurrent Martin Bouygues, était opposé à l'entrée sur le marché de Xavier Niel. Soutenue par François Fillon alors Premier Ministre, la décision a été adoptée lors d'un conseil des Ministres auquel le chef de l'Etat n'avait pas pu assister. L'histoire est parfois faite d'accidents heureux...