L'opérateur, qui a enregistré de bons résultats trimestriels de début d'année, en a profité pour dévoiler, mardi, un plan sur cinq ans aux aspérités et au nom ambitieux.
Le mardi est le jour traditionnel des annonces Free. Celui du 7 mai 2019 pourrait marquer un tournant dans la stratégie commerciale de l'opérateur de Xavier Niel. D'une part, la société a présenté des résultats trimestriels tout à fait encourageants. Après une année 2018 désastreuse, Free a généré un chiffre d'affaires de 1,29 milliard d'euros au T1 2019 (en hausse de 7,7%) avec un panier moyen en hausse, qui vient bien compenser une perte d'abonnés (-50 000 sur le mobile, -15 000 sur le fixe). En parallèle, le trublion des opérateurs a dévoilé son plan Odyssée 2024.
Les quatre piliers de Free
Malgré de récentes difficultés, Free, fer de lance du groupe Iliad, conserve toujours cette image d'entreprise innovante, ou au moins surprenante, comme elle a pu le faire en décembre dernier avec la Freebox Delta. Que ce soit en bien ou en mal, la société sait faire parler d'elle, et c'est bien là sa principale force. Le plan Odyssée 2024, tourné autour de la fibre, du mobile, des professionnels et de l'Italie, son deuxième plus grand marché, fait autant parler qu'il suscite d'espoirs en interne.Free entend conforter son statut d'opérateur alternatif FFTH n°1, fort de son million d'abonnés actuels. Pour cela, le groupe va étendre ses déploiements FTTH sur l'ensemble du territoire. Ainsi, Free veut mettre à profit sa belle année 2018 en la matière (+50% du potentiel de prises raccordables) et vise pour cela d'atteindre les 4,5 millions d'abonnés en fibre, pour environ 30 millions de prises raccordables d'ici 2024.
Un partenariat à 2 milliards d'euros pour accélérer le déploiement de la 4G et de la 5G
Free se fixe l'objectif de devenir le premier opérateur alternatif français sur le très haut débit mobile 4G et 5G. Pour mener à bien son ambition, l'opérateur a conclu un partenariat stratégique industriel avec Cellnex Telecom, le principal opérateur d'infrastructures de télécommunications sans fil d'Europe. Ce partenariat va permettre au groupe de construire 2 000 nouveaux sites en moyenne chaque année pour accélérer les déploiements des réseaux 4G et 5G en France et en Italie. L'opération n'est pas sans coût puisque Iliad évoque une transaction à hauteur de 2 milliards d'euros.Si Iliad souhaite avoir déployé quelque 10 000 sites 4G+ en bande 700 MHz d'ici la fin de l'année 2019, le groupe vise les 25 000 sites 4G et 5G à horizon 2024, afin de bénéficier d'un réseau dernière génération. La société souhaite aussi une part de 80% de Forfait Free 4G illimitée parmi ses abonnés d'ici 5 ans, contre 58% aujourd'hui.
Iliad veut contester le duopole B2B Orange-SFR
Il semble que Free soit aussi décidé à devenir le trublion des opérateurs sur le marché des entreprises, où le couple Orange-SFR conserve un temps d'avance. Free entend développer son aura sur le B2B « en accompagnant la transformation numérique des entreprises françaises, afin de renforcer leur compétitivité », une stratégie qui a du sens. Les 30 millions de prises raccordables FFTH et 25 000 sites 4G et 5G espérés pour 2024, ainsi que les 60 000 mètres carrés de datacenters que Free détient déjà pourraient l'aider à devenir un acteur majeur face au duopole Orange-SFR.Iliad envisage ainsi une présence prioritaire sur les marchés de l'accès et des services avec des objets de 4 à 5% de parts de marché sur le marché des entreprises et 400 à 500 millions d'euros de chiffre d'affaires à horizon 2024.
Des ambitions élevées chez le voisin italien
Il serait injuste de développer les pans de ce plan Odyssée 2024 sans parler de l'Italie, où Free a rapidement su se faire une place. Iliad veut devenir un acteur majeur sur le marché des télécommunications, à la fois fixe et mobile, de la Péninsule. Pour y parvenir, le groupe va devoir poursuivre le déploiement de son réseau mobile, en tablant sur 10 à 12 000 sites d'ici 2024 ; et poursuivre sa dynamique commerciale avec l'ambition de générer un chiffre d'affaires d'au moins 1,5 milliard d'euros à long terme (sans plus de précision datée). Iliad souhaite aussi atteindre l'équilibre en termes d'Ebitda avec une part de marché inférieure à 10%.Ce plan majeur Odyssée 2024 sonne comme le début d'un nouveau cycle de croissance pour le groupe, axé ainsi sur le développement des nouvelles technologies, fibre et 5G en tête, sans négliger la 4G pour autant, qui restera encore opérationnelle durant plusieurs années.