Hausse des prix, moins de concurrence : les risques du rachat de Bouygues Telecom

Olivier Robillart
Publié le 05 janvier 2016 à 16h36
Orange négocie en vue de racheter Bouygues Telecom. L'hypothèse d'une fusion entre les deux opérateurs se rapproche et aura des conséquences lourdes pour le marché mais également les consommateurs.

Bouygues Telecom et l'opérateur historique confirment qu'ils mènent des « discussions préliminaires ». Un terme choisi qui signifie que les deux entités pourraient prochainement fusionner. Orange avalerait son concurrent, beaucoup plus petit sur certains marchés comme celui de la téléphonie mobile.

Dans cette optique, le secteur de la fourniture d'accès à Internet en France ne serait occupé que par 3 sociétés majeures : SFR/Numericable, Orange/Bouygues Telecom et Free. Un trio déséquilibré en la défaveur du dernier de cette liste. Pour les consommateurs, l'ensemble nouvellement constitué procédera, à l'image de ce qu'a fait Numericable avec SFR, à une rationalisation de ses offres et des tarifs pratiqués.

Si à ce jour, Orange et Bouygues ne dévoilent pas la décision finale qui devrait être prise dans les prochaines semaines, ce rachat aura pour effet de rebattre les cartes du marché des télécommunications en France. Un mouvement dont les conséquences sont lourdes.

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Une hausse des forfaits à prévoir ?

Suite au rachat de SFR par Numericable, Altice, le groupe dirigé par Patrick Drahi a opéré un recentrage afin de limiter le nombre d'offres proposées aux clients. Dans le même temps, des informations ont fait état d'une remontée des prix chez ce même opérateur. Une tendance qui peut s'expliquer par la stratégie voulue par la direction du nouveau propriétaire de SFR.

Le point est également souligné par l'UFC-Que Choisir. Dans une note, l'organisme de défense des consommateurs explique : « Pour la première fois depuis 2011, le marché de la téléphonie mobile serait caractérisé par seulement trois opérateurs, soit une configuration qui faisait de la France le pays où les prix des abonnements étaient 25 % plus élevés que la moyenne européenne ».

Par ces propos, la crainte est forte que les opérateurs se mettent à pratiquer des hausses tarifaires sur l'ensemble de leurs gammes de services. D'autant que la tendance actuelle est à la remontée des prix dans la téléphonie mobile. Récemment, l'Arcep a confirmé que la facture mensuelle moyenne réglée par un client (ARPU) a progressé entre le premier et le deuxième trimestre 2015. Une première depuis 4 ans.

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Une augmentation pour le moment faible (autour de 40 centimes par mois), mais qui se généralise non seulement aux forfaits mais également aux cartes prépayées. En moyenne, un client paie désormais 16,6 euros par mois pour la téléphonie mobile (6,5 euros mensuels en prépayé). Les opérateurs misent à présent sur la 4G ou les offres plus généreuses en data.

Un marché à 3 opérateurs... dont 2 très gros

Dans l'optique d'un rachat d'une partie de Bouygues Telecom par Orange, le marché ne serait plus composé que de trois opérateurs. SFR/Numericable et Orange/Bouygues Telecom détiendraient la plus grosse part du gâteau des Télécoms alors que Free Mobile, d'une taille plus réduite, ferait office de troisième acteur.

Si certains observateurs évoquent déjà le risque de duopole voire d'entente, l'éventualité d'une stagnation de la concurrence, voire d'une remontée des prix n'est pas à exclure. Un risque existe que le secteur entre dans une période de calme relatif pendant lequel aucune réelle nouveauté tarifaire ne sera présentée au public.

A l'image de Numericable, l'idée de chaque opérateur ne sera pas de concurrencer l'autre ou de miser sur des baisses des prix régulières mais de rechercher la stabilité et la rentabilité. Un choix logique dans la mesure où ces entreprises doivent à présent rembourser une partie de leurs acquisitions.


Explications en vidéo des raisons qui poussent Bouygues Telecom à vendre ses actifs

Du nouveau sur le réseau... et pour Free Mobile

L'un des gagnants de ce rachat, s'il est validé, devrait être Free Mobile. Si Orange décide de prendre la main sur une partie de Bouygues Telecom, les autorités en charge de la concurrence pourraient imposer leurs conditions. Une partie des actifs de Bouygues (fréquences, activité pro ou une partie du réseau) devrait être cédée à la concurrence, afin d'éviter toute contraction du marché.

C'est pourquoi des organismes tels que l'UFC-Que Choisir demandent au gouvernement mais également aux autorités compétentes « d'assurer une réelle concurrence sur le marché français des communications électroniques propre à dégager du pouvoir d'achat pour les consommateurs ». A terme, ils espèrent que ce rapprochement garantisse la concurrence sur les marchés de la fourniture d'accès à Internet et de la téléphonie mobile.

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