Le premier opérateur de télécommunications européen, qui souhaite poursuivre son expansion, ferait une nouvelle fois les yeux doux à son homologue français, avec lequel l'entente est au beau fixe.
Les dirigeants de Deutsche Telekom seraient en train d'étudier la possibilité d'un rapprochement avec Orange, si l'on en croit les informations du quotidien économique allemand, le Handelsblatt, qui évoque plusieurs sources concordantes. La première firme européenne de télécommunications, à qui appartient la mastodonte T-Mobile, jouit d'excellentes relations avec le principal opérateur français, et leur potentielle union permettrait de créer un géant européen du secteur.
Deux groupes qui travaillent déjà ensemble
Aux États-Unis, Deutsche Telekom développe fièrement ses activités avec la fusion en cours entre T-Mobile US et Sprint, l'un des opérateurs majeurs du pays. Mais en Europe, la firme allemande n'a pas trouvé sa moitié et il lui sera impossible d'envisager une fusion avec Vodafone et Telefonica, deuxième et troisième opérateurs en Allemagne, l'autorité de la concurrence locale ne le permettrait pas.Orange Bank se lance en Espagne, un pays qui compte pour l'opérateur historique français
Deutsche Telekom doit donc se tourner vers l'étranger, vers une entreprise qui n'est pas présente en Allemagne au point d'être un concurrent, tout en étant un leader européen. Et c'est le cas d'Orange. L'entreprise française, en plus de cocher les critères économiques, est un partenaire de longue date. Ensemble, les deux groupes ont mis au point Djingo, l'enceinte intelligente récemment commercialisée en France, et en Allemagne sous le nom Magenta.
Mais ce n'est pas tout, puisqu'ils ont aussi mutualisé leurs opérations sur le sol britannique et partagent leurs réseaux en Pologne. Les deux ont d'ailleurs créé en ce sens une société commune, détenue à parts égales.
Deutsche Telekom pèse beaucoup plus qu'Orange
L'idée d'une fusion XXL entre Deutsche Telekom et Orange n'est pas nouvelle. L'année dernière, le PDG de l'opérateur français, Stéphane Richard, démentait tout projet secret d'union, certes, mais des discussions auraient potentiellement eu lieu en 2017. Et il lui arrive de déplorer que le marché européen soit fragmenté, bien plus qu'aux États-Unis ou en Chine.Si la tentation existe, le processus sera tout de même délicat, car il faudra décider de qui « dominera » l'autre. En bourse, Deutsche Telekom pèse environ 73 milliards d'euros, Orange frôle les 40 milliards. Si l'entreprise française ne serait pas contre ce rapprochement, elle ne souhaiterait pas avoir un rôle passif mais voudrait avoir le rôle de l'acquéreur, refusant une consolidation. Et une fusion à 50/50 paraît économiquement improbable.
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Du côté allemand, c'est l'influence de l'État français (qui détient 23 % d'Orange) qui pose problème, celle du gouvernement fédéral allemand étant portée à 31,9 % (1,5 milliards d'actions !) dans le capital de Deutsche Telekom. Les obstacles politiques et réglementaires pourraient donc avoir le dessus, sans oublier que la Commission européenne s'était aussi récemment opposée au rachat d'Alstom par Siemens. Tout (ou presque) reste à faire donc.
Source : Handelsblatt