« Nous fournissons la plateforme, vous fournissez l'inspiration. C'est comme cela que nous fonctionnons depuis 7 ans déjà », explique Robert Kyncl, vice-président chargé des contenus chez Google/YouTube. Il poursuit, « combien pensaient l'an dernier que le contenu allait prévaloir sur la distribution ? Peu, il faut le dire. Mais ce que tout le monde doit comprendre, c'est qu'une seule chose permet de comprendre la direction du marché, le public ».
L'ambition de YouTube est ainsi de rappeler au secteur de la distribution qu'il doit désormais composer avec la plateforme de partage de vidéos. Cette dernière permet non seulement de diffuser des contenus (de la musique par exemple) mais sert également à mettre en avant via des accords une série dont la sortie est imminente.
Robert Kyncl invite donc les chaînes, les producteurs et les distributeurs de série à « construire leur propre public sur YouTube ». En ce sens, Google a annoncé en ouverture du salon le lancement de 13 chaînes en France. Les premiers partenaires du groupe américain sont Euronews, AuFeminin, Lagardere Active ou encore Endemol.
Le son de cloche est relativement proche pour Hulu. Le service américain de streaming a tenu à rappeler qu'il totalisait désormais pas moins de 30 millions d'utilisateurs actifs par mois pour 2 millions d'utilisateurs payants. Enfin, Jason Kilar, le p-dg du groupe a également tenu à annoncer que plus de 400 partenaires fournissent actuellement des contenus à la plateforme.
Hulu a ainsi investi plus de 500 millions de dollars dans l'acquisition de contenus cette année et s'attend à réaliser un chiffre d'affaire dépassant de loin les 500 millions de dollars (contre 418 l'an dernier). Par contre, aucune arrivée sur le territoire français n'est prévue. Si Amazon et son service LoveFilms semblent taper à la porte, Hulu entend se concentrer sur le marché américain et proposer un service à la valeur ajoutée forte par rapport à Netflix.
« Notre croissance s'accélère alors que nous ne faisons que débuter si on y regarde de plus près » plaisante Jason Kilar. Hulu n'a cependant pas attendu pour se positionner au-delà de son simple rôle de diffuseur. Il co-produira avec la BBC une série baptisée « The Wrong mans » (dont un pilote nous a été présenté) dans laquelle un homme visiblement très asthmatique se trouve lié par inadvertance à une histoire de rapt. Cette seconde co-production de Hulu est désormais plus complète puisque le service tient à préciser qu'il intervient dès l'écriture du script.
De son côté, Facebook entend également s'octroyer une part non-négligeable dans ces nouvelles manières de consulter des vidéos et des séries. Karla Geci, responsable chargée du développement des partenariats stratégiques chez Facebook explique d'ailleurs que le second écran (dans un foyer, l'écran PC voire la tablette) est au centre de toutes les attentions.
« Selon nos études (Nielsen pour Facebook d'août 2012), 62 % des utilisateurs de Facebook regardent la télévision lorsqu'ils sont connectés. Nous sommes donc une vox populi à l'ère digitale », explique-t-elle. A l'image de YouTube, la responsable du réseau social recommande à chaque distributeur ou chaîne de télévision de « maximiser ses connexions avec Facebook et de créer des contenus additionnels porteurs de valeur ».
Autant de mesures à prendre afin de mieux attirer et séduire le public, plus volage et tenté de passer d'un écran à l'autre. A l'heure où les professionnels du secteur évoquent le phénomène de délinéarisation (le fait de ne pas suivre un programme établi), les géants que sont Google, Hulu et Facebook se placent en nouveaux passages obligés de la chaîne de distribution.