Comme TF1, M6 devrait se désengager de Salto, scellant ainsi le sort de la plateforme de streaming française. À moins qu'un nouvel acteur puisse garantir sa survie.
Il n'est désormais plus exagéré de dire que Salto joue sa survie sur cette fin d'année. Deux ans après son lancement, le service de streaming vidéo né de l'association des groupes TF1, M6 et France Télévisions assiste aux défections de ses créateurs historiques. Et après TF1, le premier à avoir tourné le dos à la plateforme, c'est au tour des actionnaires du groupe M6 de quitter le navire, selon les informations de La Lettre A.
Double Salto arrière
Pour Salto, ce n'est plus un mais désormais deux pas en arrière qu'il faut comptabiliser. Il ne fait plus de doute que TF1 va se désengager du capital de l'entreprise, et que M6 va lui emboîter le pas. Les deux entreprises vont donc retirer leur participation et faire plonger la valeur de Salto, aujourd'hui estimée à 135 millions d'euros.
Partant de ce constat, il n'y aura donc guère que France Télévisions pour tenir à bout de bras son Salto, dont le groupe audiovisuel public est à l'origine. Sauf qu'il va devoir faire sans redevance TV, ce qui rend un maintien de Salto à flot tout simplement impossible économiquement, le service ayant enregistré des pertes de l'ordre de 150 millions d'euros, rien que l'an dernier.
Si TF1 et M6 venaient à définitivement confirmer leur retrait de Salto (et La Lettre A ne semble pas avoir de doute là-dessus), cela scellerait définitivement le sort de la plateforme, qui n'a toujours pas atteint son objectif du million d'utilisateurs (900 000 aujourd'hui, dont 700 000 payants), alors qu'il aurait dû l'être depuis fin 2021.
Canal+ prêt à sortir du bois ?
Pour garder Salto en vie, la plateforme n'a plus d'autres choix que d'envisager une cession. Parmi les candidats à une reprise, l'un d'eux ressort du chapeau : il s'agit du groupe Canal+, qui compte 10 millions d'abonnés et qui a su faire de son offre de streaming myCanal un pilier de sa stratégie.
Canal+ est solide et est porté par le groupe Vivendi, dont l'actionnaire majoritaire Vincent Bolloré, très critiqué dans le paysage médiatique, pourrait sans mal porter secours à Salto. Au premier semestre, l'entreprise a d'ailleurs lancé sa plateforme de streaming en Autriche, après avoir noué un partenariat avec A1 Telekom Austria, confirmant ainsi son intérêt pour le marché de la SVoD.
Le groupe Canal est toujours très friand d'acquisition(s). Au même titre qu'il semble intéressé par Salto, il serait aussi sur les rangs pour racheter OCS, qui appartient à Orange et dans lequel Canal+ a déjà pris une participation (estimée à environ 30 %). Affaire à suivre donc.
Source : La Lettre A