La patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte, estime que la limite est presque atteinte en termes de réduction budgétaire. Elle ne réfute pas l'idée d'une concentration des médias de l'audiovisuel public.
Déjà poussé à faire des efforts depuis plus de 10 ans, France Télévisions doit en plus préparer l'année 2023 sans la ligne budgétaire correspondant à la redevance télé. La suppression de la contribution à l'audiovisuel public, une mesure promise par Emmanuel Macron, contribue à créer un trou de 45 millions d'euros, que France Télévisions ne parvient pas à boucher. Interrogée par nos confrères du Figaro, la présidente-directrice générale du groupe, Delphine Ernotte, considère qu'une fusion des multiples acteurs de l'audiovisuel public a du sens, pour préserver la portée et la liberté de parole de ses médias.
L'idée d'une fusion des acteurs publics fait son chemin
France Télévisions est un peu à la croisée des chemins. À force de coupes budgétaires, de départs à la retraite non renouvelés et d'économies réalisées sur certains programmes ou chaînes, le groupe coûte aujourd'hui 560 millions d'euros de moins à l'État qu'en 2009.
« Je pense sincèrement qu'à mission et périmètre constants, nous sommes arrivés à la limite. La baisse des coûts ne peut pas être le seuil horizon de France Télévisions », lance la présidente du groupe, comme un appel à dire « stop » aux efforts réclamés année après année, et une manière habile de dire que la marge de manœuvre est réduite à peau de chagrin.
À terme, la situation de l'audiovisuel public va devenir irrespirable. Il est peut-être temps, pour le préserver, de réfléchir aux solutions salvatrices. L'idée d'une fusion de France Télévisions, de Radio France, de l'INA et de France Médias Monde fait son chemin dans l'esprit de Delphine Ernotte, mais pas que. « Je suis favorable à la création d'un grand ensemble », dit-elle au Figaro.
Un audiovisuel public « beaucoup plus fort » en cas de regroupement
Il y a quelques mois, nous avions pris connaissance d'un rapport rédigé par les sénateurs Les Républicains Roger Karoutchi et Jean-Raymond Hugonet, qui explorent plus en détail cette alternative d'entreprise unique. Ils avaient même imaginé un nom pour celle-ci, France Médias, ainsi qu'une date de création de cette nouvelle entité : 2025.
Delphine Ernotte estime ne pas être la bonne personne pour s'exprimer sur une telle concentration ou sur la forme précise qu'elle pourrait prendre, mais elle y voit néanmoins plusieurs avantages, comme une meilleure gestion budgétaire, alors globalisée, et une aura encore plus forte auprès du public, du seul fait d'un regroupement. « Demain, l'audiovisuel public sera beaucoup plus fort s'il est regroupé au sein d'une même appli », ajoute la dirigeante, dont le mandat à la tête du groupe court jusqu'en 2025.
Concernant enfin la plateforme Salto, qui pourrait disparaître, Delphine Ernotte n'indique pas vouloir sortir absolument du capital de la plateforme, valorisée à 135 millions d'euros et détenue à parts égales par France Télévisions, TF1 et M6. Mais les deux derniers cités voulant céder leur participation, celle de France Télévisions pose question. « Si demain, le service trouve un acquéreur, je n'aurai aucun problème à y laisser nos contenus », déclare-t-elle à ce sujet, entretenant pour l'instant le flou. Canal+ reste à ce jour le meilleur candidat à sa potentielle reprise.
Sources : Le Figaro, Clubic