© Rachit Tank / Unsplash
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Un rapport révèle que des centaines de vidéos rejetant le consensus climatique actuel sont toujours monétisées sur la plateforme, malgré les engagements de Google contre ce type de contenu.

Les conclusions de la coalition Climate Action Against Disinformation (CAAD), qui regroupe plus de 50 organisations à but non lucratif, laissent perplexe et montrent une fois de plus les difficultés qu'éprouvent les médias sociaux à modérer leurs plateformes.

Google ne tiendrait-il pas sa parole ?

L'impact négatif des gaz à effet de serre sur le climat est aujourd'hui admis par la communauté scientifique dans sa très grande majorité. Pourtant, alors que de nouvelles études alimentent régulièrement ce constat, et que les effets de notre pollution carbone commencent à avoir un impact majeur sur notre quotidien, certains cherchent à s'opposer à ce qui est considéré comme une réalité tangible.

Étant donné la gravité de la situation, de tels propos semblent de plus en plus malvenus, voire dangereux. C'est face à ce constat qu'en octobre 2021, Google a annoncé qu'il actualisait les règles de monétisation sur YouTube. L'entreprise s'engage désormais à interdire « les publicités et la monétisation de contenus qui contredisent le consensus scientifique bien établi sur l'existence et les causes du changement climatique ».

Finis les revenus issus des discours conspirationnistes et de toute désinformation concernant le changement climatique ? Pas vraiment, selon la CAAD, qui estime que le géant américain n'a pas encore tenu parole. Dans son rapport publié début mai, elle a découvert de nombreuses vidéos qui ne respectent pas les nouvelles règles en vigueur sur YouTube.

Pourtant, l'approche de la coalition n'a pas été particulièrement élaborée. En menant des recherches avec des mots clés tels que « climate hoax » (canular climatique) ou « climate scam » (escroquerie climatique), elle a découvert pas moins de 200 vidéos niant plus ou moins directement le changement climatique. Celles-ci totalisaient 73,8 millions de vues au 17 avril 2023. Le géant américain ferait-il vraiment des efforts ?

© Christian Wiediger / Unsplash
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Une modération « pas toujours parfaite »

Pour l'une des organisations de la CAAD, le constat n'est pas très brillant : « Google soutient la désinformation climatique qu'il dit vouloir arrêter [...]. La désinformation persiste parce qu'elle est rentable ». En effet, certains de ces contenus sont accompagnés de publicités de marques telles que Costco, Tommy Hilfiger, Nike et Hyundai, garantissant ainsi un revenu à la plateforme, voire peut-être aux auteurs eux-mêmes.

Si certaines vidéos sont accompagnées d'encarts ajoutés par YouTube et renvoyant à une page web des Nations unies qui explique le changement climatique, ce n'est pas toujours vrai dans d'autres situations. Dans le premier cas, on peut s'attendre à ce que les vidéos soient démonétisées, puisqu'elles sont correctement classées par la plateforme. Mais le doute est permis dans d'autres cas, où l'on retrouve pourtant des affirmations assez explicites. Comme dans une vidéo affirmant que « L'hystérie climatique n'est qu'une nouvelle marque, un cheval de Troie pour la tyrannie communiste anti-blancs et anti-occidentale », mais dépourvue du fameux encart.

Depuis la publication du rapport, Google a déclaré à The Verge qu'il avait examiné les vidéos y étant mentionnées et qu'il avait pris des mesures adéquates. L'entreprise a par ailleurs ajouté : « Bien que nous appliquions rigoureusement cette politique, notre exécution n'est pas toujours parfaite et nous travaillons constamment à l'amélioration de nos systèmes afin de mieux détecter et supprimer les contenus qui violent notre politique ». Pas sûr que cette réponse convienne à tout le monde.

D'autant que, pour l'un des auteurs du rapport, il ne s'agit peut-être que de « la partie émergée de l'iceberg ». La CAAD préconise par ailleurs d'inclure des contenus moins explicites, mais tout aussi trompeurs. Il s'agit, par exemple, de vidéos qui affirment qu'il n'y a plus rien à faire contre le changement climatique, ou qui promeuvent des solutions en réalité inefficaces. Pour la coalition, la popularité de tels propos pourrait retarder l'adoption de mesures légitimes en faveur du climat.

Source : The Verge