Le Honor 8 est un smartphone au format 5,2 pouces, comme le Honor 7 et le Huawei P9. En apparence, c'est davantage du second qu'il tient. Ceci est en grande partie dû à la présence d'un double appareil photo au dos du terminal. Là-aussi, l'idée c'est de séparer la capture monochrome de celle RVB, afin d'isoler les traitements et d'améliorer le rendu. Mais cette fois, point de partenariat avec Leica, ni l'exact même fonctionnement.
La forme du smartphone est classique, à ceci près que le constructeur a opté pour un verre 2,5D (arrondi sur les bords) en façade comme au dos de l'appareil. Côté design en revanche, le modèle bleu détonne quelque peu dans une offre où l'on singe bien volontiers. D'abord parce que le cerclage métallique est teinté dans la masse, ensuite parce que le téléphone brille de manière inhabituelle (façade, galbe du verre 2,5D, chanfreins) et surtout parce que le motif à microsillions dans le dos provoque une multiplication des reflets lumineux, un peu comme sur un vinyle (Honor parle « d'effet limé »). Ce motif est logé sous les quinze couches de verre, la surface est donc parfaitement lisse. Ça nous rappelle les Galaxy S6 et S7, avec un effet toutefois largement accentué ici.
La prise en main est agréable, le téléphone étant à la fois lisse et doux, tout accrochant bien grâce aux chanfreins affutés. En revanche, c'est la fête aux empreintes et traces de doigts : le choix du verre, que d'autres ont essayé et dont ils sont revenus, nous laisse un peu perplexes. Et on ne parle pas de solidité...
Présentation et caractéristiques du Honor 8
Le Honor 8 affiche des dimensions situées entre celles d'un Galaxy S7 (5,1 pouces) et d'un OnePlus 3 (5,5 pouces). Logique, c'est du 5,2 pouces, un format intéressant, trop rarement utilisé à notre goût. Le Honor 8 est particulièrement fin (7,45 mm) et léger (153 g). On notera en revanche que l'intégration de l'écran aurait pu être meilleure : ici, il occupe 71 % de la face avant du téléphone alors que sur un OnePlus 3 le ratio grimpe à 73,8 % (malgré une vraie ligne de boutons matériels).En revanche, la dalle IPS de technologie LTPS (équivalent de l'IGZO de Sharp, avec l'électronique embarquée sur chaque pixel) flatte agréablement nos pupilles. La luminance musclée de 506 cd/m², associée à un noir de 0,37 cd/m² aboutit au taux de contraste élevé de 1367:1. Rien n'égale, en la matière, le noir total d'une dalle AMOLED comme sur le OnePlus 3 ou les Galaxy S de Samsung, mais pour de l'IPS, c'est très bien. Les angles de vision sont très larges, la balance des blancs froide de base (7881 K) se règle bien grâce à l'astucieux cercle chromatique pour revenir à 6829 K au mieux. Le seul reproche qu'on serait tenté de formuler, c'est : pourquoi avoir cherché une colorimétrie aussi flashy, proche de l'AMOLED, alors que l'IPS tend normalement bien davantage vers la fidélité ?
L'autre signe distinctif, c'est le capteur d'empreintes digitales situé au dos du terminal, capteur qui est personnalisable et cliquable (en plus d'être rapide et efficace). Ce que Honor appelle « le bouton intelligent » peut remplir d'autres fonctions, en plus du déverrouillage biométrique : un clic, deux clics, un appui long et plusieurs gestuelles contextualisées (on effleure vers le bas pour afficher le panneau de notifications, on glisse vers la gauche ou la droite pour faire défiler des photos, on maintient appuyé pour prendre un appel ou annuler une alarme, etc.). Toutes les applications présentes dans le smartphone peuvent ainsi être assignées. On apprécie, plus globalement, le haut degré de paramétrage de la sécurité et de l'ergonomie : trois usages de la biométrie (déverrouillage de l'écran, accès au coffre-fort, verrouillage d'applications), actions variées du « bouton intelligent » et « assistance intelligente » (gestuelles et mouvements du téléphone, mode gant, personnalisation de l'interface, etc.)
Le reste sort un peu moins de l'ordinaire : connecteur USB type-C, batterie de 3000 mAh avec recharge rapide (technologie maison assurant 47% de recharge en 30 minutes), trappe rassemblant la nano SIM et la microSD (peut servir de double SIM avec Nano et Micro, mais le port Micro est alors limité au GSM/EDGE), prise jack (qui aurait pu être un soupçon plus puissante) et une discrète cellule infrarouge (fonction télécommande). Le Honor 8 repose sur le SoC maison Hisilicon Kirin 950 (octuple cœur avec deux unités quadruple cœur dont un Cortex A72 à 2,3 GHz et un Cortex A53 à 1,8 GHz), associé à un coprocesseur i5, censé assurer « un meilleur traitement des données, un temps de réponse ultra-rapide et une autonomie maximale ». Autrement dit, une puce de très faible consommation qui fait l'intendance et réveille le SoC en cas de besoin. Le smartphone embarque 4 Go de RAM et 32 Go de stockage, extensible. Wi-Fi AC, Bluetooth 4.2 et NFC font partie du lot, tandis que toutes les bandes de fréquences LTE (sauf celle de 700 MHz) sont prises en charge. Notez pour ceux qui s'en inquiètent que le D.A.S. est élevé (maximum de 1,50 W/kg), même si toujours dans la limite fixée par l'Europe (2 W/kg).
Côté interface, c'est la dernière version de Emotion UI, la 4.1, qui officie, basée sur Android 6.0. Honor a un peu chargé la mule en matière d'applications préinstallées : on en dénombre une quarantaine, sans compter celles de Google. Il ne reste donc que 22,4 Go disponibles de base. Toutefois, l'interface claire et fluide trouvera ses adeptes. Et notamment ceux qui n'aiment pas le tiroir d'applications (personnellement, ce que je n'aime pas, c'est d'avoir toutes mes applications sur les écrans d'accueil...). Ceci dit, il est toujours possible d'installer un autre launcher type Google Now pour ceux qui préfèrent la version native d'Android.
Photo : deux capteurs sinon rien
Honor reprend la formule à double capteur inaugurée par le P9 : un monochrome et un couleur, les deux utilisant chacun 12 mégapixels. On retrouve la même focale de 27 mm, la même ouverture de F2,2, le même autofocus hybride combinant laser (mise au point courte distance), évaluation de la profondeur (longue distance) et détection de contraste. Le Honor 8 profite également du Dual ISP, processeur chargé d'assembler les vues des deux capteurs pour n'en faire qu'une, meilleure. La taille des photosites - 1,25 µ - et donc des capteurs, n'évolue pas, pas plus que l'interface photo. Photo utilisant un capteur
Photo utilisant 2 capteurs
Un copier/coller ? Pas exactement. Le P9 dispose d'optiques « signées Leica Summarit », pas le Honor 8. Et surtout, le capteur monochrome (celui le plus éloigné du flash) n'est pas exploité pour prendre des photos noir et blanc sans filtre, comme sur le P9. Quand on fait du monochrome ici, c'est le capteur RVB qui est utilisé, après quoi le smartphone applique son filtre noir et blanc. Il suffit de mettre son doigt devant le capteur monochrome pour s'en rendre compte. C'est évidemment fort dommage, le capteur noir et blanc du P9 étant l'innovation majeure de la part de Huawei en matière de photo. Et pas de RAW ici non plus.
A quoi sert le duo alors ? A apporter plus de lumière aux images, à réduire le bruit de luminance, à calculer la distance de mise au point et à appliquer l'effet de faible profondeur de champ.
Tout n'est donc pas vain, même si l'absence d'un vrai noir et blanc en peinera plus d'un. En dépit d'une esbroufe qui peut faire sourire (Creative aurait un nouveau concurrent ?), Huawei commence à tenir quelque chose d'intéressant. Le mode singeant une faible profondeur de champ fonctionne pas trop mal, l'autofocus se montre assez rapide (du moins en plein jour) et la qualité des clichés se révèle tout à fait bonne. Le bénéfice du tandem de capteur se constate : sur une scène contrastée en plein jour, l'appareil va restituer plus de matière, capter davantage de lumière, délivrer plus de détails et de grain à l'image, par rapport à la même image prise en masquant le capteur monochrome. Les zones sombres sont moins lissées, c'est mieux !
Si les photos prises en plein jour affichent un bon piqué et niveau de détails (l'optique se révèle, au passage, bien homogène), de nuit, le Honor 8 s'en sort également bien. Un lissage notable apparaît autour des 640 voire 1000 ISO, mais le rendu demeure très propre. Y compris sur une vue nocturne à 3 200 ISO, le maximum géré par le capteur. Certes, dans ce cas, la netteté n'est plus vraiment au rendez-vous, mais pour un visionnage à l'écran, c'est ce qu'il faut.
Les différents modes de prise de vue sont pour certains plutôt novateurs, comme le « Cliché nocturne » ou le « Light Painting ». Tous deux consistent à exécuter une pose longue, et donc nécessitent l'usage d'un trépied. Mais les résultats sont convaincants et simples à produire, une aptitude rarissime sur un smartphone. Le reste est plus conventionnel (mais bien exécuté) : HDR, panoramique à la volée, embellissement, mode photo et vidéo Pro (débrayables), etc. Le seul hic finalement, c'est la latence au déclenchement, comprise en 0,15 et 0,20 s. C'est gênant pour capturer des instants brefs pile au bon moment.
Le capteur frontal de 8 mégapixels donne également de bons résultats : il faudra juste veiller à doser l'effet embellissement avec parcimonie si vous ne voulez pas ressembler à un personnage de manga. Et dommage que la HDR ne soit plus au menu, ou même gérée nativement comme sur certains téléphones haut de gamme (iPhone, Galaxy S7, etc.).
Côté vidéo, le Honor 8 se contente d'un flux Full HD (H.264 @ 17,2 Mbps en 30 images par seconde). Néanmoins, la capture est propre, l'autofocus suit bien les variations de plan, la capture audio donne satisfaction (stéréo, en AAC @ 192 Kbps et 48 KHz) et surtout, la stabilisation électronique se révèle particulièrement efficace.
Performances et autonomie
Le SoC Kirin 950 remplit largement son rôle : le téléphone - parfaitement fluide - aligne de belles performances sur la plupart des applications de benchmark et des jeux comme Asphalt 8 tournent sans tracas ni ralentissement, en dépit d'un GPU nettement plus poussif que celui du Snapdragon 820 de Qualcomm. Attention en revanche, ça chauffe un peu sur du jeu : après une quinzaine de minutes de course, la zone proche des capteurs photo monte à 39-40°.Nous avons réglé le mode de batterie sur « intelligent » (pour les benchs, le smartphone était en mode « performances ») avant de lancer le test d'autonomie de PCMark. Écran calibré à 200 cd/m², Wi-Fi activé, écouteur branché et volume à moitié, et tout le reste désactivé (Bluetooth, NFC, SIM). La batterie de 3 000 mAh (jaugée à 2 900 mAh d'après Honor) permet d'atteindre, quasiment à la minute près, le même score que le OnePlus 3, doté d'une batterie équivalente, un peu plus puissant, avec un écran AMOLED mais de plus grande taille. 7 h 39 (459 minutes), c'est plutôt bien !
Conclusion
Honor, ou plutôt Huawei, a-t-il réussi son pari ? Si l'on considère l'angle d'attaque initial, à savoir concocter un smartphone « haut de gamme » pour un prix milieu de gamme, la réponse est oui. La concurrence extérieure est parfois supérieure ou égale (le OnePlus 3 reste à nos yeux le meilleur deal du moment à 400 euros) mais pas dans la même taille de 5,2 pouces. Et si l'on se cantonne aux rivaux en 5,2 pouces, le Honor 8 demeure le smartphone le plus équilibré. Les Xiaomi Mi 5 et Meizu Pro 6 sont pénalisés soit par leur mauvaise distribution en France, soit par l'absence de prise en charge de la bande 800 MHz en 4G (voire les deux à la fois). Le Samsung Galaxy A5, à prix équivalent, se fait battre sur les caractéristiques. Les Xperia Z5 et HTC M10 sont out côté tarifs, et les Wiko Fever ou Alcatel Idol 4 sont plus abordables, mais en net retrait sur le plan des technologies et de la finition.Oui, l'Honor 8 est un smartphone bien construit, complet, fluide, agréable, doué en photo et plutôt autonome. Les seuls griefs que nous pouvons formuler n'ont rien de rédhibitoires, ils tiennent plus des petits détails qui auraient rapproché Honor du sans faute : pas d'usage dédié du capteur monochrome en noir et blanc, légère latence au déclenchement, design particulier, prise casque un peu en dessous de celle du OnePlus 3, colorimétrie flashy de l'écran, légère chauffe, beaucoup d'app préinstallées.
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