C'est une première mondiale pour Uber. Désormais, la compagnie californienne considérera ses chauffeurs comme des travailleurs salariés.
Une petite révolution est en train d'avoir lieu chez nos voisins britanniques. Le géant des VTC, Uber, a en effet annoncé, mardi, que l'ensemble de ses 70 000 chauffeurs (tout de même !) allaient percevoir un salaire horaire minimum et bénéficier de congés payés, et ce à compter de cette semaine. Une décision historique tant pour le modèle des plateformes numériques que pour la firme californienne.
Un statut de travailleur salarié octroyé à l'ensemble des chauffeurs
Les chauffeurs britanniques du service de VTC vont obtenir, outre-Manche, le statut de travailleur salarié, avec tous les avantages qui découlent de ce régime, et ce dès ce mercredi, comme l'annonce la plateforme. Exit donc le statut de travailleur indépendant pour quelque 70 000 chauffeurs.
Ce n'est pas forcément de gaieté de cœur qu'Uber a pris cette décision. D'autant plus que l'entreprise américaine n'était au départ pas partie pour accorder le statut à l'ensemble de ses conducteurs. Elle avait d'abord lancé une grande consultation des chauffeurs « partenaires » (un qualificatif plus doux que « indépendants ») sur le devenir et la considération de leur statut.
Mais surtout, la plateforme avait essuyé un cuisant revers devant la Cour suprême britannique, qui avait considéré, le 19 février 2021, que les chauffeurs Uber étaient bien, à ses yeux, des « travailleurs » salariés. Face au verdict, accepté par l'entreprise, tout a été mis en place pour que la bascule puisse s'opérer rapidement.
De nouveaux avantages, associés à d'autres
Il faut toutefois faire une distinction entre le « travailleur » et le « salarié », car outre-Manche, les deux séparés sont des statuts différents. Le salarié britannique jouit d'un contrat de travail, tandis que le travailleur peut recevoir un salaire minimum (fixé à 8,91 livres de l'heure à partir du mois d'avril), et prétendre à des avantages, comme les congés payés. Ils pourront aussi cotiser en étant automatiquement inscrits à un régime de retraite d'entreprise, auquel Uber va contribuer.
Les chauffeurs pourront toujours continuer à avoir accès à l'assurance maladie gratuite à laquelle ils peuvent prétendre en cas de maladie ou de blessure, tout comme les congés parentaux.
La justice britannique a donc donné raison au collectif d'une vingtaine de chauffeurs indépendants, qui légitimaient leur demande en raison du temps passé en étant connectés à l'application, et du regard de la plateforme sur leur travail, notamment au travers du processus controversé d'évaluation. Il est aussi à noter que les chauffeurs pourront toujours établir leur propre planning horaire.
« C'est un jour important pour les conducteurs au Royaume-Uni », a reconnu Jamie Heywood, Directeur général régional d'Uber pour l'Europe du Nord et de l'Est.
Source : Le Monde