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Il semblerait qu’on se soit fait taper sur les doigts chez WhatsApp. Étrillé de toutes parts depuis qu’elle a dévoilé la teneur de ses nouvelles conditions d’utilisation, l’entreprise est aujourd’hui forcée de retarder sa mise en place. Le temps pour elle de faire de la pédagogie et de rassurer ses quelque 2,5 milliards d’utilisateurs.

Depuis une semaine, nous assistons à une fuite d’utilisateurs sans précédent depuis WhatsApp vers d’autres plateformes comme Signal (+32 millions d’utilisateurs en 72 heures) et Telegram (+25 millions d’utilisateurs). En cause, et c’est une bonne nouvelle : une prise de conscience collective quant au pantagruélique appétit de Facebook en matière de données personnelles.

Contrer la « désinformation » à propos des nouvelles CGU

Dans un communiqué publié vendredi 15 janvier, WhatsApp constate la confusion de ses utilisateurs quant aux conditions générales d’utilisations qui devaient entrer en vigueur le 8 février prochain. Des CGU réformées, qui semblaient autoriser à Facebook, la maison mère de WhatsApp, à collecter davantage de données personnelles sur les utilisateurs de la messagerie instantanée.

Reconnaissant volontiers les inquiétudes des utilisateurs, WhatsApp dénonce pourtant la « désinformation » qui aurait entouré la nouvelle. « Personne ne verra son compte suspendu ou supprimé le 8 février », assure l’entreprise, qui rappelle par la même qu’en Europe, cette mise à jour des CGU ne concerne en réalité que les personnes utilisant un compte WhatsApp Business (les entreprises donc).

Mais le mal est fait, et les médias — y compris généralistes — se sont déjà fait le relais de la « nouvelle » politique de confidentialité envisagée par WhatsApp. Alors, pour ne pas brusquer ses utilisateurs (et pour laisser le soufflet retomber), la messagerie annonce que les nouvelles CGU n’entreront plus en vigueur le 8 février comme prévu, mais le 15 mai prochain. Trois mois, durant lesquels WhatsApp se tournera « progressivement vers les utilisateurs afin qu’ils puissent consulter la politique de confidentialité à leur propre rythme avant que de nouvelles options pour les professionnels ne soient disponibles le 15 mai ».

Trois mois pour rassurer

« Nous allons faire beaucoup plus pour éclaircir les points de désinformation sur la manière dont nous travaillons sur la sécurité et le respect de la vie privée », promet encore WhatsApp dans son communiqué. Un programme chargé donc, qui s’apparente à une reconquête des cœurs que la récente polémique a rendus méfiants.

Il faut en effet préciser que si, en Europe, le Réglement Général pour la Protection des Données (RGPD) fait office de rempart efficace contre ces nouvelles mesures et leur caractère obligatoire, il n’en est pas de même sur les continents américain, africain et asiatiques qui, certes, bénéficient d’un délai supplémentaire de trois mois, mais uniquement pour se faire une raison. Facebook se doit de pousser ces nouvelles CGU car il se doit de rendre son investissement (l’entreprise a racheté WhatsApp en 2014 pour près de 20 milliards de dollars) rentable. Et sans ces fameuses fonctionnalités dédiées aux entreprises, impossible pour la firme de monétiser la messagerie aux 2,5 milliards d’utilisateurs.

Nous restons curieux du vocabulaire qu’utiliseront Facebook et WhatsApp pour légitimer la nécessité de collecter toujours plus de données personnelles sur leurs utilisateurs. Car si l’on en croit les nouveaux labels de confidentialité récemment introduits sur l’App Store d’iOS, WhatsApp et Messenger sont déjà parmi les applications les plus gourmandes en la matière.

Via : Le Monde