Paul Amsellem
PA - L'année 2008 sera encore une année de "Test and Learn" sur le marketing mobile mais la principale variable interessante est clairement le fait que le pourcentage des annonceurs captifs sur le mobile diminue au profit des hors captifs (tendance tirée par le secteur automobile, bancaire, FMCG). D'un ratio de 85/15 jusqu'ici nous observons des ratios de l'ordre de 65/35 voir 60/40 en fonction des régies (c'est le cas de Nokia, SFR, Publicité). Les centrales d'achat se sont organisées pour pouvoir conseiller et acheter des supports mobiles (Publicis, Havas Digital, Carat) en particulier.
Le budget moyen des campagnes à tendance à croître même si il est sans commune mesure avec les budgets Internet. La multiplication des supports, des régies et leur professionnalisation tirent le marché dans le bon sens. L'arrivée des forfaits illimités, des nouveaux terminaux à écrans plus larges favorisent également la croissance du marché et en particulier le surfe mobile. Enfin, l'arrivée des e-commerçants et en particulier de Voyages-sncf sur le mobile est un élément clef du succès de la publicité sur le mobile. Le marché est aussi tiré par les opérations de marketing direct qui ne rentrent pas dans le cadre de la loi Sapin et garantissent des marges plus importantes aux acteurs de la chaîne de valeur, même si il manque clairement d'offre de bases de données qualifiées opt in. Enfin, le contexte économique instable et les perspectives de croissance économique morose ne favorisent pas en revanche le décollage du marché car les annonceurs privilégient les supports qu'ils maîtrisent.
JB - Quelles sont vos estimations du marché français pour 2007 et 2008 ?
PA - Je me projette à plus long terme et je pense qu'en 2012 le marché de la publicité mobile français sera de 120 millions d'euros
JB - Selon vous, les opérateurs pourront ils résister à l'offensive des pures players
PA - Les opérateurs pourront résister à l'offensive des pures players dans la mesure ou leur offre sera couplée sur différents supports : web, mobile, TV. On parle beaucoup de triple play pour la diffusion des contenus, il faut en faire de même pour la publicité. Je pense que les opérateurs gardent encore une longueur d'avance dans la connaissance de leurs clients et des usages mobiles, que les pures players ont du mal encore à comprendre. A terme, les portails des opérateurs pourront être commercialisés en partie par des régies externes. Pourquoi ne pas confier à TF1 Publicité ou M6 Publicité la commercialisation de pre roll ou post roll dans les contenus vidéo streamés des opérateurs télécoms ? Cela relève d'une expertise métier forte et laisse à l'opérateur le soin de commercialiser, si il le souhaite, des supports plus tactiques. Le marché est ouvert et la maîtrise des flux publicitaires sur les portails des opérateurs est stratégique pour eux dans la mesure ou avec l'arrivée des forfaits, l'ARPU sera quasi stable, il faut bien aller chercher la croissance là où elle se trouve !!! A terme, les pures payers (TV et internet) se répartiront les régies Gallery et OFF portails et collaboreront de manière conjointe avec les régies des opérateurs sur leur portails. Quoiqu'il en soit aujourd'hui il est urgent pour les pures players du web de créer des sites mobiles, plus de 50% des requêtes faites sur les moteurs de recherche des opérateurs ou Gallery tombent dans le vide. Nous sommes en train de passer d'un marché de l'offre à un marché de la demande, alors messieurs les éditeurs de contenus, à vos stylos pour construire des sites mobiles.
JB - Paul Amsellem, je vous vous remercie !
